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Edmond de Rothschild (France)
Marchés financiers : début d’année chaotique
Depuis trois mois, différentes craintes se conjuguent pour faire perdre leurs repères aux marchés : perspective d’une moindre liquidité procurée par les banques centrales, risque d’un Brexit sans accord, conflit sur le budget italien et bien sûr guerre commerciale.
Cette incertitude a fini par peser sur la dynamique des entreprises et probablement de la croissance de l’économie mondiale. Les prévisions de résultats vont être révisées à la baisse même si nous ne prévoyons pas de récession cette année.
Pourtant, la correction des marchés nous semble exagérée mais tous les risques évoqués peuvent encore se matérialiser. Cependant, le risque d’inflation est écarté par la forte dépréciation du prix du pétrole qui redonnera par ailleurs du pouvoir d’achat.
Ceci nous conduit à rester favorable aux actions mais un rebond à court terme ne semble pouvoir se produire que si le plan de Theresa May pour le Brexit est adopté par le Parlement Britannique la semaine prochaine ou si un accord sino-américain est conclu dans les prochaines semaines. En attendant, les obligations d’Etat servent de refuge temporaire et probablement dangereux (Bund à 0,17%).
Actions européennes
Après un cru 2018 des plus médiocres sur les marchés actions en Europe, l’indice MSCI dividendes réinvestis a affiché une baisse de 10,6%, les valeurs moyennes enregistrant même un recul plus important à 12,9%. L’année 2019 a démarré avec des données peu encourageantes, notamment en provenance de Chine où l'indice PMI Manufacturier Caixin/Markit est ressorti en baisse pour le mois de décembre à 49.7 (vs consensus de 50.2) - signe de contraction de l'activité, une première depuis mai 2017 - contre 50.2 précédemment. Cette enquête, réalisée auprès des directeurs d'achats, confirme les statistiques dévoilées par les pouvoirs publics chinois deux jours plus tôt. De même, les propos belliqueux de Xi Jinping sur les contre-mesures que la Chine entendait prendre pour empêcher les ingérences étrangères à Taïwan sont venus peser sur le sentiment. Mais plus impactant encore furent les déclarations d’Apple qui a abaissé ses prévisions de revenus au titre du premier trimestre, essentiellement à cause de la faiblesse des marchés émergents, en Chine continentale en particulier. Cette annonce a entraîné toute la sphère technologique à la baisse, en particulier les entreprises de semi-conducteurs fournisseurs d’Apple mais aussi les secteurs du luxe et les sociétés exposées au marché chinois qui pourraient elles aussi souffrir des effets de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.
Mais l’annonce vendredi par le premier ministre chinois de mesures afin de relancer l'économie de son pays qui ralentit (1/ baisse du coefficient de réserves obligatoires des banques pour les inciter à octroyer des prêts ; 2/ diminution des taxes et prélèvements sur les entreprises) a redonné des couleurs au marché.
Au rayon des bonnes nouvelles, Airbus a annoncé deux commandes fermes de 120 appareils A220-300 pour deux compagnies américaines (60 pour JetBlue et 60 pour Moxy) pour un montant de 11 milliards de dollars au prix catalogue.
L’A220 n’est autre que l’ex-CSeries de Bombardier, décliné en deux versions de 110 à 160 sièges, dont Airbus a pris le contrôle l’an dernier. A elles seules, ces deux commandes représentent 30% de la totalité du carnet d'ordres pour ce programme (qui comptait 402 commandes de la part de 19 clients avant son absorption par Airbus). Les A220-300 seront construits dans la nouvelle usine Airbus de Mobile, en Alabama (États-Unis) où le groupe a installé une ligne d'assemblage finale pour sa famille A320. La production devrait débuter à la fin du mois de janvier.
Autre nouvelle rassurante dans un contexte particulièrement compliqué à la fois à cause des conditions météorologiques et de la baisse de la confiance des consommateurs, Next a publié un trading statement globalement en ligne avec les guidances même si la prévision de résultats avant impôts a été très légèrement abaissée. Ses ventes se sont affichées en hausse de +1,5% sur les mois de novembre et décembre vs +0,5% attendu par le consensus, dopées par le online en hausse de +15,2% vs +9,7% attendus et avec le Retail (ventes physiques) plus faible qu'attendu à -9,2% vs -7,3% prévu.
Actions américaines
Les marchés sont restés incertains cette semaine dans la continuité de la fin 2018. Les indices actions du marché américain terminent la semaine en net repli (S&P500 -0,8%, Nasdaq -1,4%). Du côté des indicateurs économiques, la publication de l’ ISM manufacturier US pour décembre ressort en-dessous des attentes et atteint son niveau le plus bas depuis deux ans (54.1 vs 59.3 en novembre). En revanche, le marché de l’emploi semble toujours très solide avec un très bon chiffre de l’enquête ADP sur l’emploi privé aux Etats-Unis (271.000 créations d’emplois en décembre).
L’avertissement sur ses résultats d’Apple a largement pesé sur le secteur des valeurs technologiques. Apple prévoit désormais une baisse de ses revenus de 5% pour le dernier trimestre 2018 en raison de la faiblesse des ventes d’iPhone/IPad/Mac en Chine. Cette annonce fait craindre à nouveau un ralentissement de la consommation chinoise et entraîne également les valeurs exposées aux consommateurs chinois.
Les opérations de M&A se poursuivent dans le secteur de la santé. Bristol Myers annonce l’acquisition de la société de biotechnologie américaine Celgene pour un montant estimé autour de 74 milliards de dollars (soit une prime potentielle de 60% sur le dernier cour coté). Le léger rebond du prix du pétrole sur la semaine permet au secteur de l’énergie de remonter cette semaine (+1,13%).
Actions japonaises
Le marché actions japonais était fermé cette semaine, du lundi 31 décembre 2018 au jeudi 3 janvier 2019. Durant ces fêtes du Nouvel An, le yen s’est envolé face au dollar sur fond de spéculations, atteignant brièvement 104 yens pour un dollar. Il s’échange désormais à 107 yens pour un dollar, alors qu’Apple, le géant américain des technologies de l’information, a fait part de la révision à la baisse de ses prévisions de ventes, compte tenu de la décélération plus forte que prévu de l’économie chinoise. Suite à l’appréciation du yen et au net recul enregistré par le marché actions américain, la Bourse de Tokyo a été marquée par un courant vendeur en début de séance vendredi, en raison des inquiétudes croissantes entourant le ralentissement de l’économie mondiale. En 2018, l’indice TOPIX (dividendes réinvestis) a chuté de 16,26%, à l’instar de l’indice Nikkei 225 (-12,08%) dans une moindre mesure. En ce qui concerne les capitalisations, les small et mid caps ont sous-performé les large caps, contrairement à l’année précédente, notamment les actions de croissance à valorisation élevée, qui ont pâti des fortes ventes réalisées par les investisseurs étrangers dans un environnement d’aversion au risque. Les secteurs défensifs et axés sur la demande intérieure, comme l’électricité et le gaz, les biens de consommation et le transport terrestre, ont surperformé ceux liés à la demande extérieure, tels que les semi-conducteurs et les fabricants de machines-outils. Par ailleurs, l’indice Nikkei China Related Stock 50 (-18,08%) a sous-performé du fait du ralentissement de l’économie chinoise.
En ce début d’année 2019, alors que l’économie intérieure nippone demeure solide, certains facteurs politiques externes, comme le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, commencent à avoir un impact négatif sur les économies réelles mondiales et sur les bénéfices des secteurs japonais sensibles à la conjoncture économique et axés sur la demande extérieure. Une sélection de titres adaptée et fondée tant sur une analyse « bottom-up » que sur la vigueur des bénéfices est essentielle, en particulier dans un tel contexte.
En ce qui concerne les valorisations à fin 2018, le Nikkei 225 et le TOPIX ont vu leur ratio cours/bénéfices à 12 mois s’inscrire en baisse à 11,22 et 12,62 respectivement.
Marchés émergents
La Chine et les États-Unis ont annoncé qu’une délégation de représentants officiels allait mener des négociations commerciales les 7 et 8 janvier. À la suite de la clôture du marché vendredi, la Banque centrale chinoise a également fait savoir qu’elle réduirait son ratio de réserves obligatoires de 1%, ce qui permettra de dégager immédiatement 1 500 milliards de yuans de liquidités en vue de répondre à la demande saisonnière associée au Nouvel An chinois.
Les dernières données macroéconomiques révèlent que le ralentissement se poursuit : les bénéfices industriels ont reculé de 1,8% en glissement annuel en novembre, enregistrant ainsi leur première baisse en trois ans. Le PMI manufacturier du Burau national des Statistiques (NBS) est, pour la première fois depuis juillet 2016, passé sous la barre des 50, en s’établissant à 49,4 au mois de décembre.
L’octroi de licences aux jeux en ligne a repris à la fin de l’année 2018 avec un premier groupe composé de 80 jeux, bien que ce dernier n’intègre pas les principaux jeux développés par Tencent et Netease. Kweichou Moutai prévoit une croissance de son volume de 10,7% en 2019, et a publié des résultats préliminaires pour 2018 affichant une augmentation de son chiffre d’affaires de 23%. Ping An Bank a fait part d’une croissance préliminaire de ses bénéfices de 6,9% pour 2018. En outre, Apple a revu ses prévisions de chiffre d’affaires à la baisse pour le dernier trimestre 2018, invoquant principalement la faiblesse de la demande d’iPhone en Chine. Cette nouvelle a pesé sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement d’Apple en Asie.
En Inde, le volume des ventes du secteur des véhicules de tourisme a stagné dans l’ensemble en décembre. Les véhicules commerciaux moyens et lourds ont affiché un repli de 20-22% en glissement annuel, enregistrant ainsi une baisse de plus de 10% pour le deuxième mois consécutif. Le déficit budgétaire global est passé de 4% du PIB en octobre à 3,8% en novembre. Ce recul est le premier depuis sept mois.
Au Brésil, l’actualité a été marquée par le discours d’investiture de Jair Bolsonaro qui a annoncé un programme encore plus libéral que prévu. Paulo Guedes (ministre des Finances) a également insisté sur la réduction des dépenses publiques consacrées aux retraites, les ventes d’actifs des entreprises publiques et la simplification du système fiscal. Cependant, d’autres annonces ont réservé des surprises encore meilleures : 1) Le soutien du parti de Jair Bolsonaro (PSL) au porte-parole de la Chambre des députés, Rodrigo Maia, qui renforce la probabilité d’une approbation des réformes au premier semestre 2019. 2) L’ouverture du capital d’Eletrobras (qui pourrait s’ensuivre de la privatisation de cette entreprise publique). Par ailleurs, le nouveau président a annoncé une hausse du salaire minimum inférieure aux attentes, d’où un gain de 2 400 milliards de réaux brésiliens. Le gouvernement a aussi confirmé la fin du programme de subvention des carburants. Petrobras a augmenté le prix du diesel de 2,5%. Par ailleurs, l’économie brésilienne montre clairement des signes d’amélioration. En effet, lors des semaines ayant précédé Noël, les ventes au détail ont progressé de 7,7%, soit la meilleure performance depuis 2015. Fenabrave (fédération brésilienne de la distribution de véhicules) a publié de solides ventes automobiles en décembre (+10% en glissement annuel), et la fédération prévoit une croissance de 11% en glissement annuel en 2019.
Au Mexique, l’indice PMI et la confiance des entreprises ont continué de se dégrader en décembre. La Banque centrale de Russie a annoncé une nouvelle hausse des taux sur les crédits à la consommation non garantis. Il s’agit du deuxième resserrement depuis début 2018 et la banque centrale reste vigilante à l’égard des taux des prêts aux particuliers non garantis dont la croissance s’élevait à 2,3% en glissement mensuel en novembre 2018. La Banque centrale de Russie a annoncé une nouvelle hausse des taux sur les crédits à la consommation non garantis. Il s’agit du deuxième resserrement depuis début 2018 et la banque centrale reste vigilante à l’égard des taux des prêts aux particuliers non garantis dont la croissance s’élevait à 2,3% en glissement mensuel en novembre 2018.
Matières premières
Après être passé sous les 50$/b (référence Brent) pendant les fêtes de Noël, un point bas depuis août 2017, les prix du pétrole se sont ressaisis et sont repassés, en cette fin de première semaine de l’année 2019, au-dessus des 56$/b. La forte baisse du mois de décembre s’est faite sous l’effet conjuguée d’une détérioration de l’environnement macro-économique et de doutes sur la capacité de l’OPEP à réduire suffisamment sa production pour garder le marché équilibré. Le PMI manufacturier global a atteint en décembre un plus bas sur deux ans et n’est pas rassurant sur l’évolution de la production industrielle et de la demande. Le rebond récent des prix du pétrole reflète des éléments rassurants sur le second point. Les estimations Reuters font en effet ressortir une baisse de 460kb/j de la production de l’OPEP en décembre par rapport à novembre, principalement du fait de l’Arabie Saoudite, de la Libye et des Emirats. Pour rappel, l’accord OPEP/Non-OPEP du 7 décembre prévoit que les pays de l’OPEP réduisent leur production de 800kb.j à partir de janvier (plus 400kb/j des non-OPEP). Les données récentes montrent donc que l’OPEP avait pris les devants. Les données récentes de mouvement des tankers pétroliers confirment une baisse des exportations de pétrole, qui devrait se traduire par une poursuite de la baisse des stocks de pétrole aux Etats-Unis tel qu’observé cette semaine. Les traders, qui avaient fortement réduit leurs positions en décembre, sont probablement en train de revenir sur le marché avec des paris plus positifs.
Le cours de l’or, quant à lui, profite des incertitudes entourant l’environnement économique et d’une attente de moindre hausse des taux d’intérêt américains en 2019. A 1295$/oz, l’once retrouve un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis juin 2018.
Dettes d'entreprises
Crédit
La tendance baissière qui a marqué la première séance de l’année 2019 s’est par la suite prolongée en fin de semaine. Les craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale s’amplifient ; les chiffres de l’activité manufacturière en Chine sont décevants et Apple a inquiété les investisseurs par son profit warning. Dans ce contexte, l’indice Xover s’est écarté d’environ 20 points de base entre mercredi et vendredi et le Main affiche +5 points de base.
Après une augmentation de capital non réussie en décembre, la BCE a décidé de placer la banque Banca Carige sous tutelle et des administrateurs temporaires ont été nommés. Banca Carige devait, en effet, augmenter son capital ou trouver un acheteur avant fin 2018. De son côté, la Consob, le régulateur des marchés italiens, a décidé de suspendre les cours des actions et obligations de la banque en difficulté.
Dia qui a souffert au cours des derniers mois a, cette semaine, été en hausse. Le groupe a annoncé la signature de son accord de financement bancaire qui comprend une ligne de crédit de court terme de 215 millions d’euros et a indiqué continuer la vente de Clarel et Max Descuento. Si ce financement assure la continuité de son activité à court terme, c’est la réussite du projet d’augmentation de capital qui inquiète en particulier les investisseurs. Grifols a annoncé céder deux filiales récemment acquises, Biotest USA et Haema pour 537 millions de dollars. L’impact sur le levier sera d’environ -0.3x et le groupe conserve une option d’achat sur ces deux entités qui lui permettra de les racheter après un an. Enfin, l’activité primaire a repris cette semaine. Toyota Motor Finance (Aa3/AA-) a émis à trois ans pour 500 millions d’euros avec un coupon de 0.25%. Côté financières, BNP Paribas a émis des obligations Senior Non Preferred à 6 et 11 ans pour 1,7 milliard de dollars et 900 millions de dollars avec des coupons de 4.705% et 5.198%. La prime à l’émission assez importante a par la suite été source de pression sur les spreads des banques françaises.
Convertibles
Le profit warning d’Apple (le premier en 16 ans) a emmené pour sa part toute la sphère technologique à la baisse. Des sociétés comme AMS (-23%), STMicroelectronics (-11%), Microchip Technology Inc (-7%) ont particulièrement été impactées suite à l’annonce de la société de Cupertino qui a pour sa part abandonné -10%. Enfin à noter que l’impact de la baisse des marchés sur les multiples des sociétés peut aussi être source d’opportunité.
- Vues2006
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