Hausses des salaires : les entreprises calment le jeu
Les entreprises prévoient une nouvelle baisse des hausses salariales en 2025
Pour la deuxième année consécutive, les entreprises annoncent une réduction des budgets d'augmentation salariale, avec une prévision moyenne de +2,47 % en 2025, selon une enquête du cabinet Alixio. Ce ralentissement marque une rupture inédite depuis 15 ans et reflète une conjoncture économique incertaine. Certaines entreprises, comme la Société Générale, voient leurs négociations salariales tourner au conflit, illustrant une tension sociale grandissante.
Un pessimisme généralisé parmi les entreprises
L'enquête, réalisée auprès de 120 DRH, révèle un pessimisme largement partagé : plus de 80 % des entreprises se déclarent « prudentes » face à la conjoncture. Bien avant les récentes turbulences politiques, l’incertitude était déjà palpable. Dans ce contexte morose, près d’une entreprise sur deux gèle ses recrutements et environ un tiers envisage des réductions d’effectifs. Ces décisions relèguent au second plan les problématiques d’attractivité et de fidélisation des salariés.
Un attentisme mesuré mais déterminé
Malgré leur prudence, les entreprises refusent de sombrer dans le catastrophisme, selon Rodolphe Delacroix d'Alixio. En conséquence, 93 % des employeurs prévoient de ralentir la progression de leur masse salariale, confirmant une tendance amorcée en 2024. Ce choix stratégique s'inscrit dans une gestion rigoureuse des ressources, dans un climat économique tendu mais contrôlé.
Des budgets d'augmentation inégalement répartis
L'étude détaille des disparités sectorielles : alors que la pharmacie se démarque avec une prévision de +3,2 %, le luxe recule à +2,7 %, et le commerce ferme la marche avec +2,1 %. Les primes exceptionnelles, comme la prime de partage de la valeur, disparaissent presque totalement. Les hausses de salaire sont revues à la baisse, notamment pour les cadres, avec une chute des augmentations générales (0,2 %) et individuelles (1,9 %).
Une normalisation masquant des frustrations
La spirale inflationniste s’atténuant, les entreprises considèrent ces ajustements comme une « normalisation ». Cependant, un décalage persiste entre la perception des salariés, encore marquée par une inflation élevée, et la réalité économique. Ce fossé alimente des tensions sociales, près de la moitié des entreprises anticipant une détérioration du climat social en 2025.
Vers un risque de conflit social accru
Après une année 2024 relativement calme sur le front des revendications salariales, la prudence des entreprises risque de provoquer des mouvements sociaux plus marqués. Entre réalités économiques et attentes salariales, l’écart se creuse, menaçant de fragiliser encore davantage les relations avec les syndicats, dans un contexte déjà sous pression.
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