




Les fusions-acquisitions en déclin

Le retour des opérations de fusions-acquisitions dans la gestion d’actifs suscite de nouvelles attentes, mais les expériences passées et les nombreux écueils montrent que la consolidation du secteur reste une illusion pour beaucoup. Derrière les promesses de synergies, les défis humains, techniques et commerciaux freinent souvent les résultats attendus.
Le secteur n’a pas retrouvé le rythme de la grande époque
Malgré quelques annonces spectaculaires, le rythme des fusions-acquisitions reste très en deçà des années 2016-2019, où l’on comptait plus de 20 opérations par an. Après une brève reprise post-pandémie, la tendance a de nouveau ralenti depuis 2022, année marquée par la chute des marchés. Même les deals en cours, comme le rachat d’AXA IM par BNP ou la fusion Natixis IM - Generali Investments, doivent composer avec cette prudence ambiante.
Les raisons économiques rendent les fusions séduisantes
La logique économique des fusions paraît implacable : dans un contexte ultra-concurrentiel où les ETF low cost grignotent des parts de marché et où les exigences réglementaires augmentent, la mutualisation des coûts et l’extension de l’offre apparaissent stratégiques. L’investissement responsable, les bases de données et les outils informatiques alourdissent les coûts fixes, poussant les sociétés à rechercher de nouvelles économies d’échelle.
Le marché mûr favorise les stratégies de croissance externe ciblée
Dans ce secteur mature, où les marges s’érodent, les acquisitions permettent aussi d’élargir les canaux de distribution et de proposer des offres plus complètes aux clients institutionnels. Certaines opérations visent à capter rapidement de nouvelles expertises, comme l’a fait Goldman Sachs en rachetant NNIP pour renforcer sa position sur le non coté et la finance durable, tout en développant sa présence européenne.
Les grands acteurs multiplient les deals, mais beaucoup restent prudents
Si des géants comme BlackRock, Franklin Templeton et Goldman Sachs restent très actifs, la plupart des opérations se situent sous les 2 milliards de dollars. Generali, Schroders et Amundi suivent de près, mais d’autres acteurs majeurs — Fidelity International et Vanguard en tête — préfèrent miser sur une croissance organique, évitant les risques d’intégration et les perturbations internes.
Les écueils humains et organisationnels compromettent souvent les gains attendus
Les rapprochements se heurtent à des défis redoutables : conflits de cultures, complexité du leadership, départs de talents clés et rationalisation délicate des produits. Morningstar souligne que ces obstacles détournent le management de sa mission première : délivrer de la performance client. Les fusions de 2016-2017 (Amundi-Pioneer, Janus-Henderson, Standard Life-Aberdeen) illustrent ces difficultés, avec peu d’améliorations de rentabilité observées.
Amundi, rare succès dans un paysage de déceptions
Seul Amundi a véritablement tiré parti de sa politique d’acquisitions : après l’intégration de Pioneer (malgré des coupes importantes en Europe), le rachat de Lyxor en 2022 s’est déroulé de manière fluide et rapide, sans licenciements massifs. À l’inverse, Janus Henderson a stagné en Bourse et Aberdeen a vu sa rentabilité se détériorer. Les exemples récents rappellent que la consolidation, loin d’être une panacée, reste un pari complexe.
Conclusion
Alors que certains géants misent encore sur les fusions pour renforcer leur position, les résultats passés montrent que la consolidation de la gestion d’actifs est semée d’embûches. La croissance organique, plus lente mais plus maîtrisée, demeure pour beaucoup une alternative plus sûre dans ce secteur en perpétuelle transformation.
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