





Six villes : six réalités salariales

La mondialisation du marché du travail a bouleversé la hiérarchie des salaires dans les métiers de la finance. Tandis que certains pays attirent les talents par des packages spectaculaires, d'autres peinent à retenir leurs meilleurs éléments. En 2025, le lieu où l’on choisit de travailler a autant d’impact que le poste lui-même. Tour d’horizon des grandes places financières et des réalités salariales qui s’y cachent.
New York : le temple des salaires bruts élevés
New York reste en 2025 la ville où les professionnels de la finance touchent les salaires bruts les plus élevés. Selon le rapport 2024 de Robert Walters et les données compilées par eFinancialCareers, un banquier d’affaires mid-level peut y atteindre entre 200 000 et 400 000 dollars par an, hors bonus. Les hedge funds et private equity new-yorkais continuent de proposer des packages allant jusqu'à 600 000 $ pour les profils expérimentés, mais cette générosité brute est largement contrebalancée par une fiscalité agressive (jusqu'à 50% d'imposition) et un coût de la vie étouffant.
Londres : entre prestige et réalités post-Brexit
Londres conserve une aura financière, mais ses avantages fiscaux et salariaux ont perdu de leur éclat post-Brexit. En 2025, un analyste dans une banque d’investissement gagne environ 70 000 à 110 000 £ par an selon le Michael Page Salary Report, tandis qu’un VP peut espérer 150 000 à 250 000 £. Le bonus reste important, mais les incertitudes réglementaires post-Brexit ont modéré l’attractivité. Le coût élevé des logements et la pression sur les transports en font une ville où le rapport salaire/qualité de vie est contesté.
Paris : salaires en hausse, fiscalité toujours contraignante
Paris voit ses salaires financiers progresser, notamment dans les métiers tech et M&A. Les banques françaises rivalisent désormais avec leurs concurrentes anglo-saxonnes, avec des packages atteignant 180 000 à 220 000 € pour un VP en M&A, selon EY et Emploi Banque Assurance. Toutefois, la fiscalité lourde (jusqu'à 45 % d'impôt sur le revenu + CSG/CRDS) plombe la compétitivité nette des rémunérations. En revanche, le cadre de vie, les protections sociales et les congés payés séduisent de nombreux jeunes professionnels.
Dubaï : l’eldorado fiscal des financiers internationaux
Dubaï s’impose comme un hub financier majeur grâce à zéro impôt sur le revenu et des salaires nets attractifs. Les professionnels de la finance peuvent y percevoir entre 120 000 et 250 000 USD net/an, selon GulfTalent et Hays Middle East, dans des fonctions comme le wealth management, le trading ou le private equity. Le faible coût fiscal, combiné à un cadre de vie luxueux et sécurisé, attire aussi bien les jeunes talents que les financiers confirmés fuyant la pression fiscale européenne.
Singapour : équilibre entre rémunération, sécurité et dynamisme
Singapour combine salaires solides et stabilité économique dans un environnement pro-business. Selon Michael Page Asia, un gestionnaire d’actifs ou banquier corporate peut y gagner entre 100 000 et 220 000 USD net/an, avec une fiscalité modérée (taux marginal à 22%). La ville séduit par son efficacité, son faible taux de criminalité, son réseau d’expatriés dynamiques et sa position stratégique en Asie. La vie y est chère, mais le rapport qualité de vie/rémunération est considéré comme l’un des meilleurs au monde.
Genève et Zurich : peu de glamour, beaucoup de cash net
La Suisse reste une valeur sûre pour ceux qui cherchent des rémunérations nettes élevées. À Genève ou Zurich, un profil senior en gestion de fortune ou banque privée peut toucher entre 180 000 et 300 000 CHF net/an, d’après les données de Morgan Philips et Michael Page Suisse. Le secret bancaire a disparu, mais les conditions fiscales avantageuses (taux autour de 20-25%), la stabilité du système et la proximité avec les grandes places européennes attirent toujours autant les professionnels de la finance, malgré un coût de la vie élevé.
Conclusion
En 2025, choisir où exercer un métier en finance est devenu une décision stratégique autant qu’un calcul financier. Le niveau de rémunération brute ne suffit plus : il faut désormais tenir compte de la fiscalité, du coût de la vie, du cadre de travail, et même des perspectives d’évolution ou de retraite. Dubaï et Singapour tirent leur épingle du jeu grâce à une fiscalité douce et une croissance soutenue, tandis que New York et Londres doivent faire face à une compétition globale féroce. La finance est plus mobile que jamais – et ses talents aussi.
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