Interview de Mr GALLANT, Analyste financier chez Capital

Dogfinance : Pouvez-vous vous présenter '
Nicolas Gallant : Je travaille pour la lettre d'investissement du mensuel Capital et le site Internet Capital.fr en tant qu'analyste financier. Je suis un portefeuille d'actions, sur lesquelles j'émets régulièrement des avis, en ajustant à la hausse ou à la baisse mon objectif de cours. Mes recommandations d'achat ou de vente sont motivées par l'évaluation des entreprises suivies, en fonction des méthodes de valorisation usuelles comme les free cash flows actualisés, le PER [price earning ratio, ou capitalisation boursière rapportée aux bénéfices, NDLR] théorique, les comparables boursiers ou encore la somme des parties. Je réalise aussi des analyses techniques sur actions, indices, matières premières et devises, dans le cadre de stratégies d'investissement à court et moyen terme. L'analyse technique est l'analyse graphique et mathématique des cours, qui permet d'identifier des tendances tout en optimisant les points d'entrée et de sortie sur les valeurs. Je m'intéresse depuis dix ans à la discipline, que j'ai progressivement appris à maîtriser. Je suis membre de l'AFATE, l'Association Française des Analystes Techniques, qui m'a permis de décrocher le CFTe, le diplôme international d'analyse technique délivré par l'IFTA.
Dogfinance : Quel a été votre parcours scolaire et professionnel '
Nicolas Gallant : Après une classe préparatoire économique et commerciale au Lycée du Parc, j'ai intégré le programme Grande Ecole de l'EMLYON, qui m'a d'abord permis d'étudier pendant un an à l'Université de Lancaster au Royaume-Uni. J'ai ensuite rapidement choisi une spécialisation en finance de marché et en finance d'entreprise. Je me suis investi dans des activités associatives, notamment celles de Transaction Grandes Ecoles, qui fait découvrir aux étudiants le monde de la finance et de la Bourse en organisant des conférences et des formations. J'animais des ateliers d'initiation à l'analyse financière, l'analyse technique et aux stratégies d'investissement. Après une expérience dans une unité d'analyse des risques du Crédit Industriel et Commercial, où je jaugeais la capacité de remboursement des entreprises, j'ai intégré une lettre d'investissement en tant qu'analyste financier actions. Peu après mon arrivée, la société a été rachetée par Prisma Presse, éditrice du magazine Capital et du site Internet associé Capital.fr.
Dogfinance : Quelle est la journée type d’un analyste financier '
Nicolas Gallant : On arrive au bureau avant huit heures, pour préparer l'ouverture de la séance de cotations. Après avoir scruté l'évolution de Wall Street, des marchés asiatiques, des matières premières et des devises, nous diffusons une note d'analyse à destination de nos abonnés. Nous réagissons ensuite à l'actualité des entreprises suivies, en ajustant au besoin nos recommandations. L'organisation du reste de la journée est assez variable. Outre la rédaction de la lettre d'investissement hebdomadaire et la gestion des partenariats, nous interviewons d'autres analystes financiers, des analystes techniques, des économistes ou des stratégistes. Nous élaborons des stratégies spéculatives à court terme, en recommandant des warrants et des certificats turbo, ou à moyen terme, en conseillant des certificats d'indexation et des trackers. Par ailleurs, nous déjeunons régulièrement avec des dirigeants pour avoir des précisions sur l'état des sociétés suivies et découvrir de nouvelles pistes d'investissement. Enfin, nous visitons à l'occasion des sites d'entreprise.
Dogfinance : Quelles qualités et compétences faut-il avoir pour prétendre à ce type de poste '
Nicolas Gallant : De solides connaissances en comptabilité, en analyse financière et en évaluation d'entreprise ainsi qu'une parfaite maîtrise de l'anglais sont requises. Quant aux qualités nécessaires, il faut avoir de bonnes capacités d'analyse, de synthèse et d'anticipation. Il est aussi important de savoir lire entre les lignes. Enfin, les qualités rédactionnelles et relationnelles sont clairement un plus.
Dogfinance : Que pensez-vous des marchés financiers actuellement '
Nicolas Gallant : Le violent rebond des indices boursiers occidentaux depuis mars s'apparente à un simple retour à la normale, compte tenu de la rapidité et de l'ampleur du mouvement de baisse qui a précédé. Les efforts de réduction des coûts des entreprises, des politiques monétaires accommodantes, les plans de soutien gouvernementaux et une certaine embellie conjoncturelle ont alimenté la hausse des cours. Reste que la reprise économique est fragile, car elle s'explique en grande partie par un mouvement de restockage. Par ailleurs, la dette des pays développés atteint des niveaux stratosphériques, notamment au Japon, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. La France bénéficie d'une économie diversifiée, mais la dérive des comptes publics constitue un sujet de préoccupation. A terme, la lutte contre les déficits passera par une pression fiscale accrue et une réduction des dépenses, ce qui hypothèquera la croissance. Enfin, les taux d'intérêt à long terme sont actuellement historiquement bas et devraient progressivement remonter, ce qui pèsera sur la valorisation des actions.
Dogfinance : Vous êtes donc prudent pour 2010 '
Nicolas Gallant : Oui. Le S&P 500 [indice phare boursier américain, plus représentatif que le Dow Jones, NDLR] donne déjà des signes de fatigue et aura du mal à se hisser au-delà de 1.230-1.276 points. Sur les années à venir, il devrait évoluer entre ce niveau et 500 points. A terme, on pourrait ainsi revenir sur les plus bas de l'année, voire enfoncer ce seuil. D'où l'intérêt de trouver des idées d'investissement sortant des sentiers battus, dont le parcours boursier est relativement décorrélé du CAC 40. Enfin, je suis réservé sur les marchés émergents, dont l'envolée a été trop rapide. En début d'année, il y avait des opportunités sur le marché actions russe, avec des entreprises qui se payaient parfois moins de trois fois leurs bénéfices ou moins que leur trésorerie, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, l'indice RTS [Russian Trading System, NDLR] ayant été multiplié par trois en seulement dix mois. Mieux vaut attendre une correction majeure sur les actions des pays émergents avant de se positionner sur des marchés prometteurs, comme le Brésil ou la Chine.
Propos recueillis par AB en exclusivité pour Dogfinance.com
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