Que reste-t-il du scandale Madoff '

Il y a un peu plus de 3 ans, le 11 décembre 2008, éclatait le scandale Madoff du nom de ce gérant de fond américain reconnu depuis comme « l’escroc du siècle »… Pour « célébrer » cet anniversaire, le quotidien La Tribune a publié une liste des entreprises françaises ayant investi dans le fond de Bernard Madoff.
Une liste « longue comme le bras »
A votre avis, quel est le point commun entre Liliane Bettencourt, le Sénat et l’association française d’urologie ' Ils font parti de la liste des victimes françaises de Madoff publiée par La Tribune.
La lecture de cette liste fait froid dans le dos, tant il est vrai qu’elle permet de se rendre compte que Madoff avait escroqué un nombre impressionnant de gens. Comme le rappelle le quotidien La Tribune, « il y a de tout dans cette liste : des sociétés de gestion, des banques privées, des holdings familiaux, des "family offices", des associations et même une institution publique française. » Le pire c’est que les montants sont loin d’être ridicules… Ainsi, la célèbre société de gestion Ulysse Patrimoine (qui a depuis fusionné avec Massena Partners) a perdu plus de 200 millions de dollars, alors que Groupama Centre Atlantique, une caisse régionale du groupe de banque et d'assurance et le Sénat sont eux exposés pour pas moins de 11 millions. Mon amie Liliane quant à elle, s’est vue délestée de plus de 20 millions d’euros. Et dans cette longue liste, peu seront ceux qui auront la chance de récupérer leurs « billes »… Seule une minorité de personnes a déjà été indemnisée et la bataille judiciaire s’annonce longue et difficile. Ainsi, sur les 17,3 milliards perdus dans l'arnaque par les investisseurs, Irving Picard, le liquidateur américain des sociétés de « l’escroc du siècle », n’a pour l’instant récupéré « que » 8,7 milliards de dollars. Et encore, car le versement de cette somme est loin d’être assuré… A ce jour, près de 3 ans après le début de l’affaire, il n’y a que 321 millions de dollars qui ont été débloqués. Bradley Simon, un avocat newyorkais qui a suivi l'affaire de très près est d’ailleurs très sceptique quant à la possibilité pour les victimes de se voir dédommagées. Il a d’ailleurs affirmé ce lundi au Financial Times qu’il pensait que « jamais les victimes de Madoff n'obtiendront satisfaction. Le montant des pertes est tout simplement trop énorme.»
Les raisons du désastre
Une question se pose depuis que le scandale a éclaté : comment cela a pu arriver ' Comment des personnes, apparemment saines d’esprit, peuvent-elles avoir marchées dans la combine alors que les ficelles étaient énormes ' Le plus simple serait d’affirmer que toutes les victimes de Madoff sont d’une idiotie sans nom, mais ce serait aller un peu loin… En fait, ce qui a permis à l’arnaque de prendre forme c’est l’autorisation, par les régulateurs luxembourgeois en 2004 et français en 2005, de la vente par UBS des parts de la Sicav Luxalpha préparée spécialement par Madoff. Comme le dit justement La Tribune, cela a permis de faire entrer « le loup dans la bergerie ». En effet, comme le dit un gérant piégé par « l’escroc », n’importe qui pouvait souscrire à cette Sicav… Cependant, je pense qu’il faut rendre « hommage » aux commerciaux de Madoff qui savaient se montrer convaincants. En effet, il fallait qu’ils le soient pour avoir vendu cette Sicav à tant de structures différentes ! Il faut dire aussi que les arguments ne manquaient pas, comme le souligne La Tribune : « Luxalpha représentait un placement "bon père de famille" avec des rendements de 7 à 8% l'an et un faible risque ». Une gérante affirme même avoir perdu des clients car elle ne pouvait pas en acheter pour eux. Elle a dû bien rire quand le scandale a éclaté…
En conclusion, on peut noter que 3 ans après les faits, peu de choses ont changé. Les pertes sont colossales et il ne parait pas évident que les personnes escroquées par Madoff revoient un jour le moindre centime…
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