Delphine d’Aubigny, Directrice Pilotage & Solvabilité chez Swiss Life : "réussir une carrière dans la finance en tant que femme"
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Présentez-vous-en quelques mots
De formation scientifique (ingénieure statisticienne), j’ai débuté ma carrière en 2003 en gestion d’actifs. A 26 ans, le patron de la gestion me propose un poste de gérante de portefeuille et ce n’est pas facile de dire non pour un poste comme celui-ci ! Mais il ne correspond pas à mes aspirations. Je dis donc non et décide alors de bifurquer vers l’assurance, dans la filiale d’assurance-vie de la banque dans laquelle j’ai commencé. Je prends la responsabilité des études ALM à un moment où se précise Solvabilité 2. Je me plonge dans cette nouvelle réforme et rejoins le groupe Swiss Life en 2012 pour contribuer à sa mise en œuvre. Après avoir contribué au succès de cette mise en œuvre pour le groupe, je prends la tête de la Direction du Pilotage et de la Solvabilité de la filiale Santé et Prévoyance en 2019, poste dans lequel j’accompagne une équipe investie et prête à relever les défis de pilotage financier dans un monde chahuté par la pandémie Covid 2019, les réformes réglementaires comme le 100% santé ou la réforme des retraites, le changement de normes comptables ou encore la hausse des taux et de l’inflation… Les sujets sont multiples et passionnants !
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Comment avez-vous intégré Swiss Life et quel est votre métier ?
J’ai intégré Swiss Life en 2012 pour contribuer à la mise en place de Solvabilité 2 pour les différentes filiales et la consolidation au niveau du groupe. Provenant d’un bancassureur, j’y ai vu l’opportunité d’accroître mes compétences pour le compte d’un assureur qui exerce tous les métiers : vie, dommage, santé et prévoyance, réassurance. J’ai donc pris la responsabilité d’une équipe au sein de l’ALM, équipe d’actuaires en charge du développement des modèles permettant d’évaluer la solvabilité.
3. Quelle est la place des femmes au sein de Swiss Life ?
Je n’ai pas l’impression que la femme représente une place particulière au sein de Swiss Life par rapport aux hommes. Je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir pu accéder à des postes ou au contraire d’avoir été freinée de par mon « statut » de femme. Peut-être était-ce inconscient ou ma manière à moi de me distinguer ? J’ai toujours évolué dans des univers plus masculins : nous étions 5 filles sur 30 en classes préparatoires ; en école, j’étais à nouveau l’une des seules filles à choisir la spécialité finance … pour autant, je ne me suis jamais dit que ce n’était pas pour moi et au contraire aimais faire à ma façon et avancer dans les domaines qui me plaisaient ! J’ai toujours réussi à convaincre par mes compétences, gagner la confiance et expliquer mes choix. Swiss Life m’a d’ailleurs permis de concilier mes choix professionnels et personnels, ce qui n'est pas toujours simple à concilier dans une carrière de femme. A titre d’exemple, j’ai rejoint le groupe à 30 ans et je me souviens très bien avoir été claire en entretien en démontrant bien ma motivation et ce que je pouvais apporter mais en indiquant bien aussi que oui, j’avais des projets de maternité… et j’ai été retenue presqu’en sortant de l’entretien ! J’ai d’ailleurs eu 2 filles depuis et ai bénéficié d’une promotion à mon retour de congé maternité. J’ai même pu évoluer vers un poste de cadre de Direction tout en bénéficiant d’un temps partiel, ayant par ailleurs dans ma vie privée un rôle d’aidant. Je dirais donc que Swiss Life m’a permis, que ce soit en tant qu’actuaire, que femme, que mère, qu’aidante, de me développer, d’évoluer, d’avoir des succès tout en trouvant un équilibre pour assurer toutes mes responsabilités.
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Pouvez-vous nous parler du programme Swiss’L ?
Le programme Swiss’L est un programme interne visant à promouvoir la mixité au sein de Swiss Life lancé en 2022.
Je n’ai jamais ressenti personnellement de freins comme je le disais, pour autant les statistiques sont là : dès que l’on s’intéresse aux répartitions par genre par tranche de classification, il n’y a pas de débats : les femmes sont moins représentées au niveau cadre de Direction. Ce n’est en rien un scandale ni un but en soi, mais on sent bien que si l’on ne fait rien pour changer les choses, les statistiques ne s’inversent pas naturellement. Les promotions concernent plus largement des hommes, même depuis le lancement du programme… Dans les écoles de statistiques / actuariat, là où on était presque à égalité il y a 20 ans, les écarts se creusent. Donc les choses ne se font pas toutes seules.
J’ai donc décidé de soutenir ce programme en tant que membre actif afin de contribuer à forcer un peu le destin avec la mise en place d’actions concrètes visant à un peu plus de mixité. J’ai participé plus particulièrement à la mise en place d’un programme de mentoring pour un vivier de talents féminins. Les heureuses élues en sont enthousiasmées.
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Comment les femmes peuvent-elles utiliser leur expérience et leur expertise pour aider à casser les préjugés dans le secteur de la finance ?
Difficile de répondre à cette question… J’ai l’impression que l’on se fait souvent une image de la finance comme un monde où il y a peu de place pour l’humain, où la charge de travail rend peu conciliables carrière et vie de famille, qu’il faut être autoritaire, dur, fort … Tout le contraire de l’image de la femme douce, fragile et bienveillante !
Ce ne sont bien évidemment que des stéréotypes ! Il me semble que les femmes, tout comme tout individu, devraient juste ne pas se demander comment elles devraient être pour des métiers qui semblent stéréotypés, si elles conviennent ou pas en tant que femme, si la finance est plus masculine ou pas… mais se faire confiance et ne pas hésiter à faire les choix qui semblent raisonner en elles !
Les choses changent, il y a sans doute des opportunités qui s’ouvrent plus particulièrement pour les femmes, alors c’est peut-être aussi le moment encore plus de lever le doigt puis de mettre en lumière certains parcours de femmes qui ont osé et qui peuvent inspirer ? Bref, c’est à chacun/chacune de régulièrement se poser des questions comme « est-ce que je ferai différemment si c’était une femme ou pas ; si je n’étais pas une femme, etc.. ? » Prendre conscience de ses propres biais cognitifs est déjà un bout de chemin pour commencer à déconstruire ces stéréotypes.
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Pourquoi rejoindre Swiss Life ?
Swiss Life est une entreprise à taille humaine où il est vraiment possible de s’épanouir, d’apprendre et de faire plusieurs métiers. On fait à peu près tout ce que font les gros acteurs du marché, tout en étant beaucoup plus petit ! Si bien que l’on peut réellement toucher à tout ! Les sujets ne sont pas cloisonnés et il y a peu de strates hiérarchiques ce qui fait que chacun se sent responsable et impliqué dans les prises de décisions. Tout le monde connaît en peu de temps un peu tout le monde, donc on se sent vraiment reconnu en tant qu’individu au sein d’un collectif. Bref c’est une belle école permettant d’ouvrir beaucoup de portes ! La raison d’être de Swiss Life me semble tout à fait sonner juste lorsque l’on choisit de devenir collaborateur : « vivre selon ses propres choix ! »
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