



Stagiaires en finance, droit au but !

Même si les places sont chères, la finance de marché continue d’attirer les jeunes diplômés. A l’Essec, les étudiants du mastère spécialisé « Techniques financières » (TF) qui ont choisi cette filière ont tous trouvé des stages en finance, que ce soit des stages de traders, sales, structureurs ou en risk management, principalement dans des banques anglo-saxonnes à Paris, Londres et Singapour. Même constat au sein du master 203 « Financial markets » de l’université Paris-Dauphine et du master of science (MSc) « Financial markets & investments » de Skema Business School dont les étudiants rêvent de carrières en salles de marché. Il n’y a qu’au sein du mastère spécialisé « Finance » de l’ESCP Europe où un inversement de tendance s’opère. « Il y a quelques années, tous les étudiants bataillaient pour travailler en finance de marché. Aujourd’hui, la donne a changé : sur les 70 étudiants de ma promotion, 20 seulement ont choisi de se spécialiser dans ce domaine. Tous les autres ont opté pour la finance d’entreprise », souligne Benoît Luscan, qui a fait le choix de travailler dans les fusions-acquisitions (M&A) après un stage au sein de la banque d’affaires Evercore à New York en 2012, pendant son année de césure à l’école de management de Grenoble.
Pour trouver leurs stages (d’une durée de six mois en général), les étudiants peuvent compter sur le réseau des anciens et les relations tissées par leur école avec les entreprises. Pour décrocher le sien qui commencera le 4 mai chez Lazard à Paris, Benoît Luscan s’est appuyé sur les contacts pris au forum « finance » qui s’est tenu début octobre sur le campus de l’ESCP Europe à Paris. « Après le forum, j’ai envoyé une dizaine de CV, se souvient le jeune homme de 25 ans. J’ai été contacté dans la foulée par Rothschild, Lazard et Leonardo. » A l’issue du processus de recrutement, il reçoit des propositions de stages de la part des deux dernières. « J’ai choisi Lazard car le stage m’a été présenté comme une pré-embauche », confie-t-il, en indiquant qu’il sera rémunéré 2.000 euros brut par mois. Etudiant du mastère TF de l’Essec, Guillaume Simonian va, lui, effectuer à partir de juillet prochain un stage de six mois chez HSBC France en tant qu’assistant trader sur le desk XVA, qui intervient sur le counterparty valuation adjustment (CVA) et le funding valuation adjustment (FVA). Le jeune financier de 26 ans connaît bien cette banque, et pour cause. « Après mon diplôme d’ingénieur à l’Ecole internationale des sciences du traitement de l’information (EISTI) en 2012, j’ai travaillé pendant deux ans chez HSBC à Londres dans l’équipe de risques de marché et de crédit », raconte celui qui a décidé de reprendre ses études à l’Essec afin d’approfondir ses connaissances en finance… tout en acceptant une baisse significative de sa rémunération qui sera de 1.800 euros brut mensuel pendant son stage en finance. Le sacrifice en vaut la peine : les banques proposent des rémunérations très attractives aux profils ingénieur-école de commerce, des cursus encore rares.
Le « graduate », un sésame:
Etudiante du master 203 de Paris-Dauphine, Anastasia Baskova a de son côté réussi à intégrer une formation d’élite : un « graduate program » chez Morgan Stanley. Le « graduate » est le sésame pour débuter en finance. Avec, à la clé, une rémunération brute annuelle confortable (45.000 livres, soit 62.350 euros, chez Morgan Stanley). « A la fin de mon master 1, j’avais déjà effectué neuf mois de stage en finance chez BNP Paribas à Paris et Londres en ‘prop trading’ et en ‘sales trading’, confie l’Ukrainienne de 22 ans passionnée d’alpinisme. Suite à cela, BNP Paribas m’a proposé d’intégrer son ‘graduate program’ à Londres à la fin de mon master 2. Comme j’avais envie de découvrir les banques anglo-saxonnes, j’ai aussi postulé pour leurs ‘graduates’. L’équipe ventes ‘multi-asset fixed income’ de Morgan Stanley a été intéressée par mon CV et m’a finalement retenue après un recrutement très intense puisque j’ai passé une quinzaine d’entretiens à Londres pendant deux jours. » Mickaël Lambert, du MSc « Financial Markets & Investments » de Skema, aura lui aussi la chance de partir le 1er mai en « graduate » chez Credit Suisse à Genève en tant que vendeur de produits financiers. « J’avais également une offre de HSBC à Londres qui me proposait un CDD de six mois pour travailler dans la structuration de produits de taux d’intérêt, indique le jeune homme de 24 ans qui a suivi une prépa scientifique avant d’intégrer l’école de commerce en licence. Le poste proposé par Credit Suisse correspondait davantage à mes attentes. La durée de 18 mois, ainsi que la forte probabilité de décrocher un CDI, ont joué. » Après son « graduate », il aimerait évoluer vers un poste senior, puis prendre la responsabilité d’une équipe. « Comme je serais amené à travailler en relation avec les différents métiers du ‘trading’ et de la structuration, je me verrais aussi rejoindre une autre équipe ou toucher à d’autres classes d’actifs, comme le marché actions. » Au bout d’un ou deux ans d’expérience, Anastasia Baskova souhaite s’orienter vers un poste managérial. « A plus long terme, j’aimerais rejoindre une société de gestion d’actifs ou de ‘private equity’ qui développerait des activités avec mon pays d’origine, ou une société spécialisée dans le ‘trading’ de matières premières, afin de revenir à mes premières amours puisqu’avant d’intégrer Dauphine, j’avais créé en Ukraine une entreprise spécialisée dans le négoce du bois. » Guillaume Simonian compte pour sa part profiter de la technicité acquise à l’EISTI, à l’Essec et durant ses deux années chez HSBC à Londres pour se faire une place en salle de marché au sein des équipes XVA.
En dépit d’un marché de l’emploi tendu, les étudiants des promotions 2014-2015 sont résolument optimistes. « Nous savons que les postes et les salaires proposés ne sont plus comme avant, et qu’il faut s’adapter. Il y a aussi beaucoup d’offres qui émanent de sociétés d’assurances, de fonds de pension et de structures plus petites spécialisées en gestion d’actifs... Autant de signes qui m’incitent à penser que le contexte s’améliore pour les jeunes diplômés », conclut Anastasia Baskova.
Source: L'agefi
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