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L'Euro numérique : avancée technologique ou menace financière ?
La Banque centrale européenne (BCE) persiste dans sa détermination à concrétiser le projet d'euro numérique malgré les réticences manifestées par certaines institutions financières, notamment en France. Alors que les banques françaises demeurent sceptiques quant à l'utilité de cette initiative, la BCE avance dans la phase de préparation, lançant des appels à candidatures dotés d'importants moyens financiers pour développer l'infrastructure technique nécessaire à la mise en place de cette nouvelle forme de monnaie.
Une révolution redoutée mais inévitable
Début janvier, la BCE a lancé un appel d'offres pour sélectionner des prestataires capables de développer la plateforme et l'infrastructure technique pour l'euro numérique, avec un budget pouvant atteindre jusqu'à 1,16 milliard d'euros. Cette initiative est conçue pour répondre à la demande croissante de moyens de paiement électroniques sécurisés et fiables.
Malgré ces avancées, les banques françaises restent sceptiques quant à l'utilité et à l'impact de l'euro numérique. Elles voient en cette initiative une forme de concurrence potentiellement préjudiciable à leurs propres offres, craignant notamment une fuite des dépôts des comptes bancaires vers les comptes en euros numériques.
Toutefois, la BCE insiste sur le fait que l'euro numérique sera davantage conçu comme un moyen de paiement, et que son impact sur la stabilité financière sera étudié de près. Malgré les réticences, certaines banques commencent à se préparer sérieusement à cette nouvelle monnaie numérique, reconnaissant peut-être un avantage compétitif à être parmi les premières institutions à l'adopter.
Les banques européennes divisées
Au niveau européen, le projet divise également les banques, avec des positions divergentes entre les établissements espagnols et italiens, plutôt ouverts à condition d'établir des garde-fous, et les banques françaises et allemandes, franchement opposées à l'euro numérique.
La consultation menée par la Commission européenne a mis en lumière l'absence de consensus parmi les banques européennes concernant l'adoption de l'euro numérique. Alors que certains voient dans cette initiative une opportunité de combler un manque dans le marché européen des paiements électroniques, d'autres expriment des réserves quant à son utilité et à ses potentielles répercussions sur la stabilité financière.
Entre espoirs, craintes et théories conspirationnistes
Les principales préoccupations des banques concernent notamment le risque de désintermédiation, avec la crainte que les clients transfèrent leurs avoirs des banques vers l'euro numérique. Des propositions telles qu'une limite de détention contraignante sont avancées pour atténuer ce risque, mais les débats restent ouverts quant à la meilleure manière de réguler cette nouvelle forme de monnaie.
En dépit des inquiétudes exprimées par certains acteurs, la BCE poursuit son calendrier et envisage une potentielle mise en route de l'euro numérique d'ici 2028 ou 2029, sous réserve de l'élaboration et de l'approbation d'un cadre législatif approprié.
Enfin, il convient de noter que l'euro numérique soulève également des préoccupations parmi le grand public, alimentant des théories complotistes selon lesquelles cette monnaie électronique viserait à surveiller la population et à éliminer progressivement l'argent liquide. Toutefois, les responsables de la BCE et des institutions financières nationales ont affirmé que l'euro numérique ne remplacerait pas le cash et que son utilisation resterait facultative pour les citoyens européens.
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