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Retraites : l’allongement de la durée du travail, la moins mauvaise des solutions ?

Aujourd’hui, environ 30 millions d’actifs et de chômeurs cotisent au titre de l’assurance retraite pour 16 millions de retraités. Pourtant, ces cotisations ne suffisent plus à garantir les 345 milliards d’euros de pensions versées 2021. Elles ne financent « que » 79 % des retraites, le solde provenant de recettes fiscales pour 13 % (impôts affectés CSG payés par les actifs et les retraités), de transferts pour 7 % (de l’assurance-chômage et des prestations familiales, etc.) et de diverses subventions.
Dans les prochaines années, les évolutions démographiques et l’allongement de l’espérance de vie, passée de 81,9 ans en 1995 à 85,2 ans aujourd'hui pour les femmes et de 73,9 ans à 79,3 ans pour les hommes, menacent encore plus ce fragile équilibre. En conséquence, en 1960, on comptait quatre cotisants pour un retraité en 1960, deux pour un en 2004 et seulement 1,7 pour un en 2019. Sans réforme, on passerait mécaniquement à 1,5 pour un en 2040.
Dans son rapport annuel publié en septembre 2022, le Conseil d’orientation des retraites (COR) avait calculé que le déficit du système des retraites atteindrait 13,5 milliards en 2030, soit 0,5 % du PIB sur la base d’un scénario de croissance de 1,3 % conforme à nos analyses, d’un accroissement de la productivité de 1 % par an comme la dernière décennie et d'un taux de chômage très optimiste estimé par le gouvernement du fait des réformes structurelles en cours à seulement 4,5 %.
Si ce taux de chômage devait rester au niveau actuel de 7 %, le déficit s’élèverait à 20 milliards en 2030 ou 0,8 % du PIB. Cette dernière hypothèse nous semble plus réaliste car les dernières années ont montré que les crises économiques pouvaient être extrêmement violentes d’autant que l’endettement mondial et le risque climatique n’ont jamais été aussi élevés. La nécessité d’une réforme destinée à assurer l’équilibre et la soutenabilité du système des retraites ne fait donc comptablement guère de doute, même avec les hypothèses optimistes du gouvernement.
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