Comment la course au dividendes alimente la dette ?
Les « dividend recap » explosent aux États-Unis et en Europe, atteignant près de 80 milliards de dollars, un record historique. Ces opérations financières, qui réinjectent des dettes dans les entreprises sous LBO pour permettre aux fonds de récupérer du cash, sont dangereuses. Une étude récente montre qu'elles augmentent considérablement les risques de faillite. Le private equity a trouvé une parade à la difficulté de vendre : la « dividend recap ». Plutôt que de réaliser une plus-value par la vente d’actifs, les fonds surendettent les entreprises pour verser des dividendes massifs. Résultat ? Un mois de septembre record aux États-Unis avec 23 milliards de dollars de recapitalisations, et un total de 69,4 milliards depuis janvier, soit une hausse de 397 % par rapport à l’année précédente.
Parmi les exemples marquants, Focus Financial a bouclé une recapitalisation de 4,35 milliards de dollars, et en Europe, Belron (propriétaire de Carglass) a scellé le plus gros « dividend recap » de l’histoire, avec un prêt de 8,1 milliards d’euros, dont 4,4 milliards reversés aux investisseurs. Cet été, 3i a réalisé son huitième « dividend recap » sur Action, distribuant 1 milliard d'euros supplémentaires aux investisseurs. Au total, en Europe, les refinancements ont atteint 10 milliards de dollars, un montant historiquement élevé.
Face à la pression croissante des investisseurs, les fonds repoussent les limites des contrats financiers, cherchant à lever toujours plus de cash. Certains, comme KKR ou Brookfield, ont réussi à convaincre les créanciers d'adopter des critères de performance plus souples, malgré des résistances. Conséquence de cette course effrénée ? Un endettement en forte hausse. Belron, par exemple, a doublé sa dette à 9 milliards d'euros, augmentant ainsi le risque de défaut. Les agences de notation réagissent : Moody's, S&P et Fitch ont toutes dégradé le groupe, le plaçant dans la catégorie des « junk bonds ».
Et ce n’est pas tout. Une étude du National Bureau of Economic Research montre que ces opérations augmentent le risque de faillite de 31 % dans les six années suivant une « dividend recap », contre 1,3 % pour les LBO sans recapitalisation. Les salariés, eux, paient le prix fort : une baisse moyenne des salaires de 53 % dans les entreprises qui survivent à ces opérations. Si les rendements des fonds explosent, le danger pour les employés et la stabilité des entreprises s’accroît.
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