L'ESC Clermont mise sur le "Core Faculty-Practitioner" pour ses programmes en Finance
Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Après mes études secondaires, j’ai fait le choix de la prépa ECG (on parlait de « prépa HEC » à l’époque) puis intégré HEC en 1980, ou j’ai suivi la majeure finance. Diplômé en 1983, je suis parti comme VSNE à l’INSET de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire : c’est là que j’ai découvert l’enseignement, notamment en assurant le cours de finance- comptabilité pour des élèves ingénieurs en 5me année de l’ENSIA. J’en ai donc gardé le goût jusqu’à aujourd’hui !
En 1985, de retour de Côte d’Ivoire, j’ai intégré le Groupe MICHELIN, dans lequel j’ai exercé diverses responsabilités dans les domaines de la Finance et du Contrôle de Gestion, à différents endroits du monde. Après un premier séjour au Brésil comme assistant de trésorerie, je suis parti au Japon comme directeur financier en 1991, j’y suis resté six ans. Revenu au siège pour exercer des responsabilités dans l’audit interne, j’y suis retourné en 1999, pour gérer diverses négociations (le fonds de pension au Japon à partager entre partenaires, la liquidation d’une filiale du Groupe aux Philippines…), après quoi j’ai pris la direction financière de la région Afrique Moyen-Orient, puis en 2007 celle de la région Amérique du Sud, basé alors à Rio de Janeiro. Depuis 2013, j’exerçais des fonctions aux sièges : responsable de l’équipe fusions-acquisitions, responsable méthodes Contrôle de Gestion.
En 2022, j’ai choisi via un programme de mécénat de compétence proposé dans le cadre du Groupe MICHELIN de revenir à l’enseignement, dont j’avais la nostalgie depuis mes années africaines, en prenant la responsabilité de plusieurs cours au sein de l’ESC Clermont.
Quels ont été vos postes en tant que professionnel dans la finance ?
Lors de mon premier séjour au Brésil, ma principale responsabilité était de faire de la recherche opérationnelle : élaborer des méthodes pour rendre lisible les états comptables et financiers dans un contexte d’hyper-inflation (15% ou plus par mois !).
J’ai ensuite participé à différentes équipes projets pour structurer le financement des projets du Groupe, notamment au Brésil, puis très rapidement en Asie : Thaïlande, Corée puis Japon, où je suis finalement parti en 1991.
Là, j’ai eu deux principales responsabilités : d’abord la mise en place des financements nécessaires à la réalisation d’un investissement industriel (1991-1994) puis la gestion de contentieux fiscaux avec les autorités locales relatives à d’importants flux d’importations et d’exportations depuis et vers les Etats-Unis, qui ont abouti à la refonte des systèmes de prix de transferts internes du Groupe et à leur mise en place.
En Afrique Moyen-Orient, la mission était plus variée : négociations avec les gouvernements algérien et français pour la relance du site industriel du Groupe à Alger puis mise en place des financements nécessaires ; gestion de l’usine de Port-Harcourt au Nigeria (financements et flux d’exportations) ; gestions de filiales de distribution ou du commerce en « gestion directe » là où les commercialisations étaient assurées par des importateurs.
En Amérique du Sud, il s’agissait de stabiliser l’équilibre financier de filiales aux flux complexes (productions locales, importations, exportations) au Brésil et en Colombie ; de mettre en place les financements nécessaires aux expansions décidées dans la période ; de trouver des solutions financières au contexte de crise aigüe en 2009 et 2010 ; de mettre en place ou réformer les structures de distribution dans les pays où nous n’avions pas de présence industrielle pour en optimiser l’efficacité ou pour s’adapter aux phénomènes monétaires extrêmes auxquels nous étions confrontés (Venezuela, Argentine).
Avez-vous dû voyager lors de votre expérience professionnelle ?
Enormément. J’ai absorbé beaucoup de voyages longs, souvent intercontinentaux, et suis devenu à mon corps défendant un expert dans la gestion des décalages horaires ! (tip : il n’existe pas de solution miracle, il faut de la patience et du courage).
L’intérêt pour moi était plus de travailler dans des pays étrangers, me confronter à des contextes culturels très différents : c’est là que l’on apprend le plus, sur les autres, sur nous, sur moi-même.
Pourquoi avez-vous voulu enseigner ?
D’abord par la nostalgie que j’ai toujours gardée en moi du contact avec les étudiants : cela oblige à une démarche intellectuelle complète, à voir les choses avec hauteur et en même temps se mettre au diapason de jeunes gens qui attendent beaucoup de leurs enseignants. Et aussi par souci de restituer, après 33 ans de carrière où j’ai eu la chance de pouvoir accumuler beaucoup d’expérience, j’étais sûr d’être plus utile en la transmettant par l’enseignement, qu’à continuer à nourrir des tableurs excel ou faire des présentations powerpoint dans mon cadre professionnel historique. J’ai un très grand plaisir après toutes ces années de pratique de pouvoir faire le chemin inverse, redécouvrir la théorie et pouvoir l’illustrer par des exemples pratiques vécus lors de mon parcours.
Quels cours enseignez-vous à l'ESC Clermont ?
Le module de Pilotage des Investissements pour les étudiants en MGE2 « Audit Expertise », les cours de « Reporting Financier » et « Valorisation d’Entreprises » pour les MGE 3 en majeure finance, les cours d’initiation à la comptabilité financière et au calcul des coûts de revient pour les Bachelors.
En tant qu'enseignant quels sont les avantages/difficultés face aux étudiants ?
La capacité à illustrer par des situations vécues telle ou telle règle ou formule financière est certainement un plus : cela enrichit le cours et le rend plus concret. Les principales difficultés de mon point de vue sont de deux ordres: 1-identifier correctement où en sont les étudiants, quelles compétences sont déjà maîtrisées ou encore à acquérir ; 2- rédaction des contrôles et examens, où il faut être au bon niveau d’exigence, ni trop ni trop peu : exercice délicat quand on manque d’expérience… Cela renforce l’admiration et le respect que j’ai pour les collègues enseignants de métier.
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