500 millions d’euros pour l’usine futuriste inaugurée par Macron chez Sanofi
Le Président de la République se rendait ce mardi sur le site de Sanofi à Neuville-sur-Saône, en région Rhône-Alpes, pour inaugurer une « unité de production révolutionnaire ». Ce nouvel outil industriel permettra au groupe pharmaceutique de produire jusqu'à quatre vaccins ou biomédicaments simultanément, une avancée que Sanofi qualifie de « première mondiale ». La dimension 100 % française de cette réalisation justifie pleinement la présence d'Emmanuel Macron pour cet événement.
La nouvelle unité, décrite comme « l'usine du futur », repose sur un processus de production modulable et entièrement digitalisé. Cette innovation permettra de fabriquer dans un seul et même site des vaccins et des biomédicaments à forte valeur ajoutée. Le projet représente un investissement de 490 millions d’euros, financé conjointement par Sanofi et l’État, et annoncé initialement en juin 2020. Ce concept inédit a été intégralement conçu par les équipes industrielles du groupe.
En plus de sa portée technologique, ce projet prévoit la création de 200 emplois qualifiés. L’usine devrait entrer en activité d’ici fin 2025, une fois les installations certifiées et les procédés validés par les autorités sanitaires compétentes, selon Sanofi.
Simultanément
L'usine de Sanofi présente une avancée technique majeure : elle est capable de produire simultanément jusqu'à quatre vaccins ou biomédicaments différents. Cette prouesse technologique est d'autant plus impressionnante qu'elle surmonte un défi de taille : la cohabitation de matières biologiques vivantes et d'éléments chimiques destinés aux vaccins traditionnels, un mélange qui fait habituellement craindre des risques de contamination. « C'est tout le concept développé par les équipes de Sanofi, en collaboration étroite avec les autorités de santé, présentes à chaque étape clé », précise une source proche du dossier citée par Les Echos.
L'innovation repose sur un design flexible et sécurisé. Grâce à des parois gonflables et hermétiques, ainsi que des plaques mobiles permettant l’installation d'équipements à usage unique, l'usine de 24 000 m² peut être reconfigurée en quelques jours seulement pour s'adapter à différentes chaînes de production. Cette capacité permet de passer rapidement d'une technologie à l'autre, incluant des vaccins viraux vivants atténués, des vaccins à protéine recombinante, des vaccins à ARN messager, ainsi que des traitements biotechnologiques tels que les enzymes ou anticorps monoclonaux.
Alors que les usines traditionnelles nécessitent des mois, voire des années, pour être nettoyées et transformées entre les cycles de production, cette nouvelle unité révolutionne les délais, rendant Sanofi extrêmement agile face aux exigences du marché pharmaceutique mondial.
Deux enjeux cruciaux
Cette nouvelle technologie permettra à Sanofi de relever deux défis majeurs pour l'industrie pharmaceutique. Le premier est d'adapter rapidement la production face à l'évolution de la demande, notamment en cas de pandémie. L'usine modulable doit ainsi renforcer la « souveraineté sanitaire » de la France, souligne la présidence de la République à l'AFP. En garantissant une production flexible et réactive, Sanofi se positionne comme un acteur clé pour répondre aux crises sanitaires mondiales.
Le second enjeu est de réduire les risques financiers et industriels liés au développement de nouveaux médicaments. Traditionnellement, la construction d'une usine pour un nouveau candidat vaccin ou biomédicament prend du temps et représente un pari risqué. « On ne peut pas attendre l'autorisation de mise sur le marché pour lancer la construction, mais si le candidat échoue en phase finale, l'usine devient inutile », explique une source proche de la direction de Sanofi. Grâce à sa conception modulable, cette nouvelle unité de production limite ce risque en permettant une reconversion rapide et flexible des installations, quel que soit le résultat des essais cliniques.
Ambition en immunologie
La nouvelle usine de Sanofi, baptisée « Modulus », s'inscrit dans la stratégie du groupe visant à devenir le leader mondial en immunologie. Sanofi cible notamment des maladies comme l'asthme, la sclérose en plaques, le diabète de type 1 et la bronchite chronique, avec une ambition élevée pour le sixième plus grand acteur pharmaceutique mondial. Fort d'un chiffre d'affaires de 43,07 milliards d'euros, Sanofi figure parmi les leaders mondiaux de la production de vaccins.
Cependant, en pleine crise du Covid-19, Sanofi avait manqué le tournant de l'ARN-messager, une technologie désormais considérée comme révolutionnaire pour les vaccins futurs, faute de l'avoir anticipée. Depuis, le groupe s'est rattrapé en renforçant ses investissements dans ses capacités de production. Le lancement en septembre 2023 du Beyfortus, premier traitement préventif contre la bronchiolite du nourrisson, a marqué un tournant pour Sanofi. En un seul trimestre, cet anticorps monoclonal a généré 547 millions d'euros, renforçant ainsi la division vaccins, qui a atteint 7,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023, soit une hausse de 8 % par rapport à l'année précédente.
Pour soutenir son ambition en immunologie, Sanofi a annoncé un investissement supplémentaire de 700 millions d'euros par an en recherche et développement sur les deux prochaines années. Le groupe dispose d'un « solide portefeuille », avec 12 blockbusters potentiels actuellement en phase d'essais cliniques. Toutefois, ces projets devront encore franchir les nombreuses étapes du long et complexe processus de validation avant d'atteindre le marché.
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