




Burnout : la France explose tous les records

Chaque année, les dépressions liées aux risques psychosociaux (RPS) au travail coûtent entre 45 et 103 milliards d'euros aux pays européens, avec la France en tête de ce triste classement. Une étude internationale, commandée par l'Institut syndical européen, met en lumière l'ampleur de ce fléau souvent ignoré.
Les RPS, un fardeau économique majeur pour l'Europe
Les dépressions liées aux RPS représentent un coût annuel colossal pour l'Europe, oscillant entre 45 et 103 milliards d'euros. Ces troubles, souvent non reconnus comme maladies professionnelles, engendrent des dépenses de santé, des pertes de productivité et des années de vie perdues. En 2015, près de 5 000 décès liés à la dépression dans l'UE étaient attribuables aux RPS au travail, touchant majoritairement les hommes .
La France, championne européenne des dépressions professionnelles
La France affiche le coût annuel le plus élevé pour 100 000 salariés en matière de dépressions liées aux RPS. Trois facteurs sont particulièrement préoccupants : la pression au travail, le déséquilibre entre efforts et récompenses, et le harcèlement moral. En revanche, l'impact des durées excessives de travail et de l'insécurité de l'emploi est moins prononcé, probablement en raison des 35 heures et d'une relative stabilité de l'emploi.
Les entreprises, principales victimes économiques des RPS
Les entreprises supportent plus de 80 % du coût des dépressions liées aux RPS. Ce fardeau se répartit entre l'absentéisme (53 %) et le présentéisme (34 %), ce dernier désignant la présence physique des salariés malgré une performance réduite. Cette réalité, souvent méconnue des employeurs, souligne l'urgence d'une prise de conscience et d'actions préventives.
Le secteur financier, un terrain miné par les RPS
Le secteur bancaire français est particulièrement touché par les RPS. Une enquête du SNB CFE-CGC révèle que 44 % des salariés présentent un risque élevé de burnout. Les principales causes identifiées sont le manque de reconnaissance, la peur au travail, et des contraintes organisationnelles accrues, notamment dues à la digitalisation et aux restructurations . À la Banque de France, un rapport d'expertise a mis en évidence un climat de travail délétère, avec une réduction des effectifs de 26,5 % entre 2015 et 2023, contribuant à une augmentation des suicides parmi les salariés.
Les maladies coronariennes, une autre conséquence des RPS
Outre les dépressions, les RPS sont également responsables de maladies coronariennes et d'accidents vasculaires cérébraux (AVC). Le coût annuel de ces affections liées au travail est estimé entre 12 et 14 milliards d'euros en Europe. Les pays d'Europe centrale, orientale et méridionale, tels que la Bulgarie, la Hongrie, la Lettonie, la Grèce et la Roumanie, sont particulièrement concernés.
Vers une directive européenne pour prévenir les RPS
Face à l'ampleur des conséquences des RPS, la Confédération européenne des syndicats plaide pour l'adoption d'une directive européenne dédiée à leur prévention. En France, des syndicats comme la CFE-CGC soutiennent cette initiative, espérant ainsi renforcer la reconnaissance des RPS comme maladies professionnelles, malgré l'opposition du patronat.
Conclusion
La France, en tête des pays européens pour les dépressions liées au travail, doit impérativement agir pour prévenir les RPS. Au-delà des souffrances humaines, les coûts économiques pour les entreprises et la société sont considérables. Une prise de conscience collective et des mesures concrètes sont essentielles pour inverser cette tendance alarmante.
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