CarrièreIl y a 4 jours
Dogfinance
8214 abonnés
GN
Banque / Assurance / Finance
Dogfinance
Partager
Carrière
Experts-comptables : Les futurs DAF 2.0 ?
De nombreux cabinets d'expertise comptable diversifient désormais leur offre en intégrant des services de Direction Administrative et Financière externalisée. Cette démarche repose sur la valorisation de leurs compétences techniques et relationnelles. Ce développement illustre une évolution significative du modèle économique des cabinets comptables.
La digitalisation transforme en profondeur le métier d'expert-comptable. D'après l'Observatoire 2024, 85 % des cabinets prévoient de se diversifier vers des missions de conseil et d'accompagnement renforcé. Parmi les axes de développement, la fonction de DAF externalisé attire particulièrement l'attention. « Un nouveau marché émerge pour les experts-comptables », explique Alexis Renard, cofondateur de Regate, soulignant qu'ils possèdent à la fois les compétences financières et la confiance des dirigeants, essentielles pour ces missions.
Évolution vers une expertise renforcée pour l’expert-comptable
Près de 45 % des professionnels interrogés estiment que les missions de DAF externalisé se développeront chez les experts-comptables d'ici 2027, et 26 % des cabinets prévoient de proposer ces services. Cette tendance représente une montée en gamme, où le rôle de DAF externalisé devient un levier clé de création de valeur. Selon Eric Niddam, expert-comptable, la comptabilité seule ne suffit plus, et il est crucial d'offrir des services proactifs adaptés aux besoins des clients pour maximiser la valeur ajoutée.
En 2024, 22 % des cabinets offrent des missions de DAF externalisé, et CECCA met en avant ces services dès la page d'accueil de son site. Eric Niddam souligne que CECCA, proposant ce service depuis 2001, voit une expansion continue de cette activité, considérée comme l'avenir du métier. L'expert-comptable pourrait bientôt endosser de nouveaux rôles tels que data analyste comptable et consultant financier. Pour répondre à la demande croissante des TPE-PME, CECCA a également établi un partenariat avec le groupe Smash, spécialisé dans le support opérationnel à temps partagé.
Concrètement, les missions récurrentes de DAF externalisé menées par CECCA concernent la gestion de trésorerie (pilotage, financement, optimisation du besoin en fonds de roulement ou BFR), le pilotage de la performance (KPI, contrôle des coûts, contrôle budgétaire, analyse des marges) et l’élaboration de reportings financiers et de tableaux de bord (comptabilité analytique, business plan à trois ans). De manière plus ponctuelle, le cabinet intervient sur des missions de digitalisation de la fonction finance, d’audit, de commissariat aux comptes, ou lors de reprises (évaluations d’entreprises, due diligence, M&A, etc.). « Les clients recherchent désormais une vision en temps réel de leurs finances », précise Eric Niddam. « La synergie entre le DAF et l’expert-comptable devient évidente. Grâce aux nouveaux outils, nous pouvons produire une comptabilité en temps réel, fiable, permettant au DAF de fournir une information et une analyse financières précises. Le déploiement d’outils de gestion de performance et de trésorerie est également crucial pour améliorer l’efficacité et la productivité. » Ainsi, le DAF externalisé contribue activement à la digitalisation de la fonction finance au sein des entreprises.
L’expert-comptable, un pilier essentiel de la transformation digitale
Dans le cadre de la transition numérique, les experts-comptables jouent un rôle stratégique pour les entreprises. Actuellement, 65 % des cabinets proposent déjà à leurs clients des outils de pilotage, de restitution de tableaux de bord et d’aide à la décision, une offre que 63 % des cabinets comptent renforcer d’ici trois ans. Toutefois, l’attention des experts-comptables se concentre principalement sur la facturation électronique, qui sera obligatoire à partir du 1er septembre 2026 pour les ETI, et du 1er septembre 2027 pour les PME et microentreprises. En 2024, 85 % des cabinets estiment que cette mission va se développer fortement dans les trois prochaines années. C’est un chantier majeur pour la profession, car seuls 42 % des cabinets la proposent déjà à leurs clients en 2024, selon l'Observatoire Regate, Qonto et AG2R.
Soutenir le développement des PME
Le succès du DAF externalisé auprès des PME réside dans sa flexibilité et son adaptation aux besoins spécifiques des clients. Chez CECCA, cette offre sur mesure répond aux exigences des entreprises dépassant les 10 salariés, où l'externalisation permet des économies. La majorité des cabinets facturent les missions de DAF externalisé au prorata du temps passé, avec des tarifs horaires moyens de 90 à 200 euros. Chez CECCA, les tarifs journaliers varient entre 600 et 800 euros pour un consultant financier senior et environ 1 200 euros pour un expert-comptable expérimenté.
Cette facturation ponctuelle reflète que, dans la plupart des cas, le DAF externalisé intervient sur des besoins temporaires. « Lorsqu'une entreprise sollicite son cabinet pour une mission de DAF externalisé, c'est souvent parce qu'elle est en phase de croissance, explique Alexis Renard. Par exemple, une PME de 20 à 30 salariés est encore trop petite pour embaucher un DAF en interne. » En effet, un DAF gagne en moyenne 70 000 euros brut par an en début de carrière (moins de 5 ans d'expérience) et plus de 120 000 euros après dix ans, selon une étude de Morgan Philips. Une PME de moins de 50 salariés se tournera donc plus volontiers vers son expert-comptable pour des services comme la gestion des factures clients ou le paiement des fournisseurs.
Cela renforce les liens entre l'entreprise et son expert-comptable. « Le rôle d'un DAF, qu'il soit externalisé ou non, implique une proximité plus grande avec l'entreprise que celle de l'expert-comptable, » affirme Alexis Renard. Eric Niddam partage cette analyse : « Au fil des années, les experts-comptables se sont un peu égarés en se concentrant uniquement sur la production. Nous avons oublié que notre mission première est d'accompagner réellement nos clients. » Toutefois, il souligne qu'il n'y a pas de risque de confusion entre les deux métiers. « L'expertise comptable est une profession réglementée, nécessitant un diplôme spécifique après huit ans d'études supérieures et une déontologie stricte, rappelle Eric Niddam. Je ne pense pas que la fonction de DAF évoluera pour devenir une profession réglementée. Nous n'avons pas les mêmes enjeux, mais nous sommes complémentaires et travaillons en synergie. »
Identifier un nouveau levier de performance
La profession d'expert-comptable est en pleine transformation face à des défis de recrutement majeurs. En 2022, 66 % des cabinets rencontraient des difficultés pour recruter, alors que 30 000 postes devront être pourvus d'ici 2025, dont 13 000 créés récemment. Stéphanie Laporte, vice-présidente du club DAF externalisé, souligne que le métier traditionnel attire moins les jeunes, mais note un intérêt croissant pour les missions de DAF externalisé et de conseil. De nombreux jeunes s'y intéressent pour leurs mémoires et cherchent à en savoir plus sur ces rôles et la réorganisation des cabinets.
Le club DAF externalisé de l'Ordre des experts-comptables, avec ses 150 membres, incite les cabinets à revoir leur stratégie de développement. Stéphanie Laporte souligne que les experts-comptables, traditionnellement formés comme spécialistes techniques, doivent adopter une approche de consultant pour offrir des missions de DAF externalisé, en devenant des partenaires stratégiques plutôt que de simples experts. Depuis sa création en 2019, le club partage des bonnes pratiques sur les missions de direction financière, tant sur le plan technique que dans la gestion des relations client.
L'association met en garde contre l'uberisation de la profession, avec des plateformes en ligne proposant des services à partir de 49 euros par mois, sans suivi personnalisé. Stéphanie Laporte souligne que les clients préfèrent des services d'analyse et d'expertise plutôt que des tâches de saisie, surtout avec les nouvelles technologies. Les missions de DAF externalisé, bien que représentant actuellement seulement 6 % du chiffre d'affaires des cabinets, pourraient devenir un levier de performance clé dans le contexte de transformation de la profession.
- Vues331
0 commentaire
C
Les articles de Dogfinance
CarrièreLe 13/11/2024
CarrièreLe 08/11/2024
CarrièreLe 05/11/2024
CarrièreLe 25/10/2024
CarrièreLe 24/10/2024
CarrièreLe 21/10/2024
CarrièreLe 11/10/2024
CarrièreLe 02/10/2024
CarrièreLe 02/10/2024