




Family office : plan de carrière ou plan de secours ?

Longtemps perçus comme des structures opaques réservées aux ultra-riches, les family offices suscitent un intérêt croissant, notamment de la part des anciens banquiers d’affaires et professionnels du private equity. En quête de sens, de stabilité ou simplement d’un meilleur équilibre de vie, ils sont de plus en plus nombreux à quitter les grands fonds pour rejoindre ces structures indépendantes, discrètes et agiles. Mais derrière l’image d’Épinal d’un job “peaceful” et lucratif, se cache une réalité plus nuancée. Plongée dans un modèle en pleine mutation.
Un lifestyle qui fait rêver
L’un des attraits majeurs du family office est clair : l’équilibre vie pro/perso. Fini les 80 heures de travail hebdomadaire, les week-ends sacrifiés, les pitchs à minuit. Dans ces structures, le rythme est généralement plus humain, les deadlines moins oppressantes et les relations de travail plus stables. Pour beaucoup, c’est un luxe devenu essentiel après quelques années d’ultra-intensité dans le private equity ou la banque d’investissement.
Moins de politique, plus de flexibilité
Les family offices offrent un environnement beaucoup moins politique que les grandes firmes de PE ou de M&A. Avec des équipes resserrées et une hiérarchie plate, les egos sont souvent mis de côté au profit de l’efficacité et de la confiance. Les décisions se prennent rapidement, parfois en direct avec le principal, sans passer par cinq comités. Cette proximité avec la direction et les bénéficiaires du capital permet une vraie autonomie, mais aussi une responsabilité directe sur les choix d’investissement. Pour ceux qui cherchent à s’éloigner des jeux de pouvoir stériles ou des environnements toxiques, c’est une bouffée d’air frais.
Un capital patient, un regard long terme
Contrairement aux fonds classiques qui doivent rendre des comptes à des LPs, les family offices investissent leur propre argent. Résultat : moins de pression court-termiste, une capacité à se positionner sur des dossiers non conventionnels et une vraie liberté d’allocation. C’est aussi un terrain de jeu idéal pour qui veut explorer le venture, l’impact investing ou les stratégies de niche.
Le revers du décor : progression limitée
Là où le bât blesse, c’est sur la progression de carrière. Les family offices sont souvent des structures stables, avec peu de turnover, et un nombre limité de niveaux hiérarchiques. On peut très vite atteindre un "sweet spot"... dont on ne bouge plus. Il n’y a pas de filière formelle de promotion, peu ou pas de "partnership track", et aucune garantie d’évolution salariale significative. De plus, les rôles sont parfois très polyvalents mais peu spécialisés, ce qui peut poser problème à long terme pour ceux qui souhaitent rester pointus sur un secteur ou un métier précis. En clair : idéal pour ceux qui veulent se poser, moins pour ceux qui visent une trajectoire ascendante rapide.
Une rémunération parfois en retrait
La qualité de vie a un prix. Dans certains family offices, la rémunération globale (cash + bonus + carried) peut être inférieure à celle d’un fonds de PE traditionnel, surtout quand il s’agit d’opportunités early stage ou de petites structures familiales. Cela dit, certains family offices très sophistiqués peuvent rivaliser, voire surpasser, les packages des grands noms du PE.
Un branding peu valorisable
Côté image, le family office ne bénéficie pas toujours d’un capital de marque fort. Ce sont souvent des structures discrètes, peu visibles sur le marché, et dont les réalisations sont peu communiquées. Sur un CV, cela peut manquer de "signal fort", surtout pour les recruteurs habitués aux big names du secteur. Un passage par un family office peut être perçu comme un move lifestyle ou une sortie du fast track. Cela peut poser des difficultés si l’on souhaite revenir vers un fonds institutionnel ou faire un MBA. Pour compenser ce manque de notoriété, il est crucial de bien contextualiser son rôle et ses responsabilités, et de valoriser l’exposition directe à des décisions stratégiques de haut niveau.
Conclusion
Rejoindre un family office, c’est un choix de vie autant qu’un choix de carrière. Pour certains, c’est l’équilibre parfait entre finance et sérénité. Pour d'autres, c’est une parenthèse ou une sortie de route stratégique. À l’heure où le capital humain est de plus en plus sensible à l’alignement personnel/professionnel, ces structures ont clairement le vent en poupe. Mais comme toujours dans la finance : tout dépend de votre horizon d’investissement personnel.
- Vues355