




La finance reste un boy's club très fermé

La féminisation des instances dirigeantes progresse, mais les fonctions de pouvoir restent verrouillées. Alors que les entreprises du SBF 120 affichent des scores en hausse en matière de parité, les postes régaliens – et en particulier la direction financière – restent l’ultime bastion masculin. Un plafond de verre persistant, révélateur d’un système qui valorise l’expérience passée au détriment de l’évolution équitable des talents.
La parité progresse dans les comités exécutifs, mais lentement
En 2024, les femmes occupent 26,7 % des sièges dans les comex du SBF 120, soit une progression de deux points en trois ans. Grâce à cette dynamique, 47 % des entreprises ont atteint l’objectif intermédiaire de 30 % fixé par la loi Rixain pour 2026, et 16 % sont déjà à 40 %. Mais cette avancée reste en surface si l’on regarde la répartition des rôles.
Les femmes cantonnées aux fonctions support plutôt qu’aux postes de pouvoir
Les postes de direction les plus féminisés sont souvent ceux des ressources humaines, de la RSE ou de la communication. En revanche, les fonctions opérationnelles clés – comme les directions commerciales ou les business units – restent très majoritairement masculines. À peine 17 % de ces postes sont occupés par des femmes, contre 13 % il y a cinq ans.
La direction financière reste une chasse gardée masculine
La fonction finance, pilier stratégique menant souvent à la direction générale, est encore inaccessible pour beaucoup de femmes. Malgré quelques nominations marquantes (chez Stellantis, Kering, OVHCloud…), moins de vingt femmes occupent actuellement un poste de CFO dans le SBF 120. Et depuis début 2024, ces nominations se font de plus en plus rares.
Un vivier masculin dès la formation des talents
Les inégalités se creusent dès les débuts de carrière. Dans les écoles de commerce, la parité est presque acquise, mais les femmes se tournent majoritairement vers le marketing, tandis que les hommes privilégient la finance. Les cabinets d’audit, viviers traditionnels des CFO, comptent encore une majorité d’hommes aux postes seniors.
Des recherches de talents féminins freinées par des critères conservateurs
Les entreprises cherchent à féminiser la fonction de CFO, mais en imposant des critères stricts : expérience confirmée, gestion de crise, passage par des groupes internationaux… Or, très peu de femmes répondent à ce profil. Résultat : les conseils d’administration jouent la sécurité en nommant des hommes « qui cochent toutes les cases ».
Un changement durable passe par l’anticipation et la formation interne
Pour espérer voir plus de femmes aux postes de CFO, il faut les former et les promouvoir en interne. Certaines entreprises mettent en place des plans de succession en parité dès les niveaux N-1, N-2, N-3. L’étude Heidrick & Struggles montre d’ailleurs que les entreprises dirigées par des femmes sont plus en avance sur la parité dans leurs comex.
Conclusion
La parité dans les fonctions financières ne se décrète pas, elle se construit. Les entreprises doivent sortir des schémas classiques de recrutement et miser sur le potentiel plutôt que sur le parcours parfait. Car au-delà de l’égalité, c’est aussi une question de performance : les entreprises les plus mixtes affichent une rentabilité opérationnelle deux fois supérieure à la moyenne. La féminisation des directions financières n’est donc pas qu’un combat de société, c’est un impératif économique.
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