CAC 40 : Les Big Four et Mazars dominent le marché des audits de durabilité
Dans un mouvement sans précédent, les grandes entreprises cotées au CAC 40 se préparent à élire les auditeurs chargés de vérifier leurs données extra-financières, répondant ainsi aux exigences de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Cette nouvelle initiative vise à encadrer le reporting extra-financier, obligeant les entreprises à rendre compte de manière transparente de leur impact environnemental, social et de gouvernance (ESG) à partir de l'année 2024.
Un choix conventionnel guidé par la familiarité
L'annonce de l'élections marque une première dans le paysage financier, où les actionnaires auront leur mot à dire dans la sélection des auditeurs "verts". Parmi les cinq cabinets en lice, une tendance prédominante émerge : les Big Four, comprenant EY, PwC, Deloitte, KPMG, et Mazars, se positionnent comme les principaux acteurs dans cette course à la certification des données ESG.
Selon les observateurs, le choix des entreprises du CAC 40 de s'en remettre aux mêmes cabinets d'audit qui certifient déjà leurs comptes financiers réside dans "la force de l'habitude". Ces cabinets ont déjà démontré leur fiabilité et leur expertise dans l'évaluation des rapports sur la performance extra-financière (DPEF), garantissant ainsi la sincérité et la conformité des informations présentées.
Outre la familiarité, une autre raison motive ce choix : la rationalisation des ressources. Avec un nombre limité de cabinets d'audit, les entreprises préfèrent élargir le champ de compétence des cabinets existants plutôt que d'introduire de nouveaux acteurs dans le processus. Cette stratégie permet également de maintenir des relations étroites avec les cabinets d'audit pour d'autres missions de conseil, assurant ainsi une continuité dans la collaboration.
Défis et opportunités pour de nouveaux acteurs
Malgré l'ouverture du marché de l'audit vert à d'autres professions que les commissaires aux comptes, aucun autre professionnel n'a encore été proposé au vote des actionnaires. La France avait pourtant envisagé cette ouverture aux avocats et autres organismes tiers indépendants, mais jusqu'à présent, aucune demande n'a été soumise à la Haute Autorité de l'audit (H2A).
L'accès à ce marché exige des professionnels une formation spécifique de 90 heures, validée par un examen final, ainsi qu'une accréditation auprès de la Cofrac. Ce processus prend du temps et constitue un défi majeur pour les nouveaux acteurs souhaitant pénétrer le domaine de l'audit vert.
La domination des commissaires aux comptes
Malgré ces défis, les commissaires aux comptes restent en pole position dans le secteur de l'audit vert, bénéficiant de leur notoriété et de leur expérience préalable dans l'évaluation des données financières. Avec un mandat d'auditeur vert d'une durée de six ans, ces acteurs ont déjà pris une longueur d'avance sur leurs concurrents potentiels.
Cependant, avec l'évolution des exigences réglementaires et la prise de conscience croissante de l'importance de la durabilité, le paysage de l'audit vert pourrait évoluer dans les années à venir. Les nouveaux acteurs qui parviendront à surmonter les obstacles réglementaires et à démontrer leur expertise pourraient éventuellement contester la position dominante des Big Four et de Mazars.
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