Actualité des marchés financiers : grand écart
Le mois d’octobre marquera probablement un tournant dans l’année 2018 avec une correction de l’ensemble des bourses mondiales, les USA n’échappant pas à la règle. Ce retour de la volatilité était certes anticipé depuis le début de l’année mais l’industrie de la gestion d’actifs, fidèle à son optimisme habituel et à sa pratique courante de la méthode Coué, s’accrochait encore à l’espoir d’un dernier trimestre très positif pour sauver les meubles et obtenir un bilan annuel honorable. Il semblerait que la réalisation de cet espoir s’éloigne jour après jour et que 2018 s’avère finalement être une année globalement négative pour les asset managers.
Plutôt que de céder au pessimisme qui gagne du terrain, nous préférons en tirer des enseignements pour mieux se positionner dans les années à venir :
• La remontée effective des taux sonne la fin de l’illusion des gestions diversifiées prudentes traditionnelles dont les rendements ont été artificiellement dopés par la baisse historique des taux ces 10 dernières années.
• Il est désormais vain de tenter de répliquer avec les unités de compte (UC) la sécurité du fonds euro, avec la promesse devenue intenable d’une espérance de rendement supérieur sans volatilité additionnelle.
Ce constat est lourd de conséquences car il appelle à une accélération de l’évolution de notre approche patrimoniale de l’allocation d’actifs engagée depuis le début de cette année :
• Plutôt que d’essayer de remplacer le fonds euro par des unités de compte à composante obligataire dont les performances se révèlent aujourd’hui très aléatoires, nous préférons faire une distinction claire entre les actifs prudents d’un côté, et les placements risqués à plus fort potentiel de performance de l’autre.
• Le fonds en euros et les solutions offrant une garantie en capital (totale ou partielle) sont à privilégier pour la partie prudente du portefeuille.
• L’objectif principal des autres placements (UC, immobilier, investissements dans les PME et autres actifs non cotés en bourse) est d’apporter un véritable potentiel de surperformance pour assurer la création de valeur sur le long terme.
• De ce fait, les UC patrimoniales traditionnelles, sorte de « Canada Dry » financier, à cheval entre le sans-risque et le risqué, sans garantie formelle du capital, et aujourd’hui sans réelle espérance de rendement supérieur, prendront une place mineure dans nos allocations à l’avenir.
• Le respect des tolérances de risque de nos clients sera donc obtenu via un mix plus simple et plus efficace : fonds euro et équivalents pour réduire le risque du portefeuille et placements à plus fort rendement potentiel.
• Les UC utilisées seront plus simples et plus lisibles puisqu’elles n’auront plus la contrainte de mimer le fonds euro mais offriront au contraire un accès plus pur aux différentes classes d’actifs et
aux actions en particulier.
Nous devrons dorénavant effectuer ce grand écart subtil consistant à sécuriser les portefeuilles avec des solutions offrant une garantie formelle du capital (totale ou partielle), tout en investissant parallèlement dans des actifs présentant un niveau de risque plus élevé, mais clairement identifié, et permettant ainsi d’apporter un véritable potentiel de performance sur le long terme. L’immobilier tout comme le marché des actions sont de bons exemples d’actifs certes risqués (risque d’illiquidité pour l’immobilier notamment) mais qui permettent une véritable appréciation du patrimoine sur le long terme.
En gymnastique, la souplesse des muscles se travaille progressivement et permet, à force d’exercice, de réaliser le grand écart. Le grand écart entre la sécurisation et la dynamisation des portefeuilles est également une gymnastique intellectuelle à laquelle il faut s’exercer dès aujourd’hui pour mettre en œuvre une allocation d’actifs qui aura de réelles chances d’apporter de la valeur à terme pour nos clients.
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