




Financiers : les étapes d’un parcours gagnant

Si l’année 2014 a marqué la reprise des recrutements pour les auditeurs internes, les consolideurs et les trésoriers, 2015 devrait voir les opportunités se généraliser pour les fonctions financières, entraînant des augmentations de salaires allant de 5 à 10%, selon une récente étude Robert Walters. Un constat toutefois à nuancer : « Ce sont surtout les experts et les hauts potentiels mobiles à l’international qui vont le plus en profiter », précise Pauline Magat, manager de la division finance Robert Walters. Comment les directeurs financiers peuvent profiter de ce déblocage du marché pour évoluer ? Panorama des différents leviers -somme toute assez classiques- à actionner pour monter en puissance et gonfler sa rémunération.
1/ Se spécialiser
Pour entretenir son employabilité, le directeur financier peut se spécialiser sur un secteur porteur « tel que la pharmacie, le luxe ou encore le web et le digital, explique Emmanuel Cazier, managing partner chez Haussmann Executive Search. Il peut également développer une expertise technique sur des problématiques d’entrée en Bourse, de croissance externe ou de société sous LBO. » Pour limiter les risques d’erreurs de recrutement, les entreprises préfèrent souvent « chasser des personnes qui ont déjà expérimenté les problématiques dans d’autres entreprises », analyse l’expert en recrutement. Une logique de « plug and play » qui, grâce à la rareté des profils, permet plus de marge de manœuvre dans la négociation salariale.
2/ Changer d’entreprise
Au sein de l’entreprise, le directeur financier peut bien sûr étendre son périmètre : passer d’un site à une division, puis d’une business unit au corporate, ou bien de la France à l’Europe. « Il peut également mener des projets de rachats de sociétés, d’ouverture de filiales. Ce type de compétences est recherché et le placera en position de force auprès d’une autre entreprise », indique Sylvie Haldi, Senior Manager de Robert Half Finance et Comptabilité. Car le meilleur moyen d’augmenter ses revenus reste encore de changer de société : « un directeur financier peut gagner de 15 à 20 % supplémentaires et négocier de l’incentive : des rémunérations différées, des actions gratuites ou de la protection sociale », renseigne Emmanuel Cazier. Les salaires fixes évoluent selon le chiffre d’affaires réalisé par la société (cf. tableau tiré de l’étude Robert Half). Et pourquoi ne pas rejoindre des groupes familiaux positionnés sur un secteur porteur ou une niche ? « Ils concèdent en général plus facilement de intéressement et participation, proposent des bonus plus attractifs ou encore un accès différé au capital », insiste Emmanuel Cazier.
3/ Se poser en « business partner »
La fonction le sait pertinemment : l’expertise technique ne suffit plus. « Depuis 3 ans, les directeurs généraux recherchent des directeurs financiers qui soient à la fois experts dans leur domaine et véritables business partners, analyse Pauline Magat. Ils doivent être capables de s’impliquer dans la stratégie globale et de mener des projets transversaux, en collaboration étroite avec les directions opérationnelles. » Conséquence directe de cette prise d’envergure, la personnalité du directeur financier est désormais étudiée de près lors des recrutements. « On recherche moins des super-synthétiseurs de chiffres, remarque Emmanuel Cazier. Le socle de compétences techniques reste important, mais il faut également faire preuve de savoir-être en interne comme en externe. » Le directeur financier doit fédérer l’ensemble de l’entreprise aux projets financiers et, si nécessaire, casser l’organisation en silos. « Il se doit de faciliter le travail des équipes, d’entretenir un relationnel plus fluide et d’instaurer un management participatif », préconise Emmanuel Cazier. Son influence va d’ailleurs souvent au-delà de l’entreprise : il devra parfois s’adresser aux investisseurs, voire même aux clients de l’entreprise. Cette faculté d’adaptation aux nouveaux besoins des entreprises se révèle payante : elle permet « d’augmenter la part variable sur un secteur où cette dernière stagne entre 10 et 20% dans les grands groupes », explique Pauline Magat. C’est aussi le meilleur moyen de concurrencer les directeurs opérationnels dans la course vers l’accession à la direction générale.
4/ S’expatrier
L’international continue de booster les carrières ! « Les directeurs financiers français sont très appréciés à l’étranger », assure Pauline Magat. « Notamment en Europe Centrale, mais aussi en Chine, en Inde et en Russie : ils sont reconnus pour leur technicité, notamment pour structurer les équipes financières locales ou mettre en place des procédures de contrôle interne. » Pour attirer les candidats hors de France, le package est attractif : il est 20 à 30 % supérieur à un salaire en France et comporte des avantages extra-financiers tels que la voiture de fonction, la prise en charge du logement ou encore de la scolarisation des enfants. Le directeur financier gagne alors considérablement en niveau de vie, surtout lorsqu’il rejoint des pays où le coût de la vie est moins élevé. Et pour achever de convaincre les plus frileux, les entreprises n’hésitent pas à trouver un emploi pour le conjoint de l’intéressé. Au final, beaucoup prennent goût à ce style de vie et rares sont ceux qui reviennent en France car « le retour en France est souvent synonyme d’une perte d’autonomie ou d’une réduction de périmètre », avertit Emmanuel Cazier.
Source : Le Echos
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