Où en sont les techniciens de l’informatique ?
De l’emploi pour les Techniciens de l’informatique, il y en a. Les sites d’annonces regorgent de postes à pourvoir et les cabinets de recrutement spécialisés tels que Page Personnel ne peuvent que faire ce constat : beaucoup d’offres, trop peu de candidats. Julien Weyrich, spécialiste du recrutement sur les profils Informatique revient sur les résultats d’une récente étude.
Page Personnel a récemment publié les résultats de son Baromètre dédié aux Techniciens de l’Informatique. Certains résultats semblent quelque peu surprenants, si non paradoxaux, pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, il ressort par exemple de notre étude que « 82% des techniciens estiment leur recherche d’emploi difficile ». Cette perception est à l’opposé de ce que nous observons au quotidien, en tant que recruteurs. Nous avons bon nombre de postes de techniciens à pouvoir sur lesquels nous éprouvons de réelles difficultés à identifier de bons candidats. Peu de candidats mais aussi peu de candidats ciblés. Souvent, lorsque nous rencontrons un bon candidat (compétences, parcours plutôt cohérent, motivations réalistes et surtout vrai savoir-être), il s’avère que celui-ci est déjà en poste. Pourtant si l’on en croit les sondés, ils sont 71% à penser que leur recherche serait difficile.
Autre résultat intéressant : « 32% pensent avoir des critères de recherche trop restrictifs ». C’est une réalité; les entreprises, mais aussi les candidats, focalisent énormément sur les compétences techniques, la connaissance de technologies particulières, voire de versions spécifiques. La population des techniciens de l’informatique se révèle extrêmement prudente et donc souvent « apeurée » par ce qu’elle pense parfois être un manque de maîtrise d’une technologie donnée. C’est dommageable car beaucoup passent ainsi à côté de postes qui leur seraient tout de même accessibles.
La perception du volume d’offres disponibles sur le marché est également biaisée : « 31% des répondants pensent qu’il y a peu de postes dans leur domaine ». Il n’y a qu’à regarder le nombre d’annonces en ligne pour se rendre compte que cette perception est erronée. Mais ce biais est probablement ou potentiellement lié aux critères très restrictifs déjà mentionnés. Mon conseil serait : « n’ayez plus peur, lancez-vous sur des postes que vous ne maîtrisez pas forcément à 100% ».
Sur le plan des rémunérations, l’étude fait apparaître un certain degré d’insatisfaction. Justifié, selon vous ?
Avant d’évoquer les salaires, il me semble intéressant de rebondir sur ce point : « 32% des techniciens de l’informatique sondés préfèrent travailler en PME que dans un grand groupe (7%) ». Pour expliquer cela, il faut probablement regarder du côté du niveau de formation : le niveau bac+2 (vs bac+5) semble moins « rédhibitoire » en PME qu’en grand groupe. Autrement dit, il est entendu qu’il sera plus simple pour un diplômé de Bac+2 d’intégrer une PME qu’un grand groupe, où les recrutements sont souvent conditionnés par la validation d’un grade Master. Les périmètres à gérer en IT au sein de PME (1 à 4 personnes en moyenne) sont plus restreints, donc sont plus facilement confiés à des bac+2. Faut-il en déduire que les PME sont moins élitistes ?
Pour en revenir aux rémunérations, en effet, 61% se disent insatisfaits lorsqu’on évoque la rémunération : en soi, cela reste un sentiment assez français. Pour autant, les départements IT, notamment au sein de PME, sont parfois en décalage de rémunération et plutôt dans le sens positif que négatif. Si l’IT est un métier à part dans l’entreprise, c’est surtout un métier crucial (quelle société peut vivre sans informatique aujourd’hui ?), si bien que les Directions Générales ou RH peuvent faire des exceptions salariales pour ces profils. On a de ce fait parfois des rémunérations « hors grille » (mais à la hausse) pour ces profils. Pour résumé, les informaticiens ne sont pas vraiment les moins bien lotis en matière de salaires.
Les techniciens de l’informatique ne seraient que « 52% à avoir confiance dans le marché du recrutement », qu’en pensez-vous ?
C’est très peu au final. Pourtant, s’il y a bien un métier qui ne pourra disparaître, c’est l’IT (là où les postes industriels paraissent plus menacés).
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