Recrutements dans l'industrie : l'apprentissage comme clé ?
Aujourd’hui, l’industrie peine à recruter des ouvriers qualifiés et techniciens spécialisés et, dans une moindre mesure des ingénieurs très spécialisés. C’est un constat que nous faisons au quotidien chez Page Personnel, au contact de clients évoluant dans le domaine de l’aéronautique et de l’énergie, entre autres. Les compétences font défaut. En conséquence, comme l'expliquait récemment Denis Ranque, président du conseil d’administration d’Airbus, les ouvriers qualifiés et techniciens spécialisés bénéficient, du fait de la rareté des profils et compétences, de rémunérations relativement attrayantes. Ainsi, « un chaudronnier chez Airbus gagne aujourd’hui beaucoup plus qu’un employé administratif du public ». De quoi recommander aux jeunes de reprendre la voie de l’apprentissage !
Afin de mieux comprendre l’origine des difficultés de recrutement sur les métiers techniques, nous avons rencontré M. Jean-Luc Bérard, DRH du Groupe Safran.
- Quelles sont les principales difficultés de recrutement chez Safran ?
Safran est un groupe de haute technologie qui réunit des activités variées à haute valeur ajoutée. Nous recherchons donc des ingénieurs de pointe dans leur domaine, mais également des ouvriers et des techniciens qualifiés.
Pour ses embauches, le Groupe, très présent en France avec 40 000 salariés soit 60% de ses effectifs, a la chance de pouvoir puiser dans un vivier de très grande qualité. Les instituts de formation de notre pays sont en effet parmi les meilleurs du monde pour les métiers que nous recherchons, et notamment pour la formation d’ingénieurs généralistes.
Concernant les ingénieurs, il peut cependant nous arriver de rencontrer quelques difficultés pour certaines compétences de pointe : je pense notamment aux ingénieurs matériaux & procédés (en R&D et en industrialisation) et aux ingénieurs sûreté de fonctionnement et navigabilité.
Mais notre plus grande difficulté concerne les métiers de production technique : notre pays manque d’ouvriers hautement qualifiés, comme les chaudronniers, les soudeurs ou encore les mécaniciens aéronautiques. Ce sont des métiers en tension pour lesquels nos groupes industriels peinent à recruter en France.
- D’où vient cette problématique de recrutement sur les métiers techniques, selon vous ?
Les métiers techniques, et notamment les métiers manuels, souffrent en France d’une mauvaise image : environnement de travail dégradé, métiers pénibles voire dangereux, etc. Pourtant ce n’est plus du tout la réalité dans les usines du XXIème siècle en France.
A cela s’ajoute un discours pessimiste sur les perspectives d’emplois et les niveaux de rémunération dans ce secteur : tant les parents que l’école incitent davantage les jeunes à s’orienter vers le secteur tertiaire. Pourtant l’industrie et ses métiers – notamment dans le domaine qui est le nôtre, l’aéronautique – ont un très bel avenir en France !
- Quelles solutions peut-on imaginer ?
Cela suppose en premier lieu un soutien fort des pouvoirs publics – je pense notamment à l’Education nationale – pour encourager et valoriser les métiers techniques et manuels, trop dénigrés aujourd’hui. C’est le cas chez nos voisins européens comme en Allemagne qui, de ce fait, ne rencontrent pas les mêmes difficultés.
Les industriels quant à eux, et notamment Safran, sont très actifs pour faire connaitre ces métiers aux jeunes : accueil en stage et en alternance, accueil de professeurs de collèges pour qu’ils se fassent les ambassadeurs de nos métiers auprès de leurs élèves, partenariats avec des établissements d’enseignements (CFA, Universités, écoles d’ingénieurs), actions de promotions auprès des femmes, etc. Cela nous demande beaucoup d’efforts mais nous devons continuer pour maintenir une industrie forte en France et offrir des perspectives d’emplois pour les jeunes de notre pays.
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Le Groupe Safran présentera le mois prochain son projet RH innovant « L’apprentissage : nouveau tremplin pour l’emploi ? » à l’occasion du Trophée du Capital Humain organisé par Michael Page.
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