RETOUR SUR EVÉNEMENT : AI FOR FINANCE - EDITION 2021
Ce mardi 21 septembre, se tenait au palais Brongniart la 3ème édition de AI for Finance, organisé par Startup Inside et La Place Fintech, en partenariat avec BFM Business, la revue SAY et Finance Mag. Institutions et acteurs de la finance se sont succédé tout au long de la journée pour parler de leur vision à long terme des apports de l’IA à la finance, tout en partageant leurs expertises spécifiques. 80 experts au total, répartis sur deux scènes : La Place Fintech, réservée aux masterclass, et le grand auditorium, où les débats étaient retransmis en direct sur Internet par BFM business. En ces temps où la page semble en train de se tourner sur la crise sanitaire, 500 professionnels sont venus les écouter en personne, alors que 300 d’entre eux se connectaient à distance.
Les problématiques principales qui ont animé les débats tournaient autour de la gestion des données et de la nécessité d’une souveraineté numérique pour préserver ce nouvel or digital. Confiance, sécurité, et climat ont focalisé l’attention au cours de cette journée de conférences. Mais la principale question qui a animé les débats est bien sûr de savoir comment intégrer ces nouvelles solutions basées sur l’intelligence artificielle (IA) aux process des entreprises. Il apparaît clairement, depuis quelques années, que l’IA ne remplacera pas l’humain dans la finance mais qu’elle sera plutôt un outil à son service afin d’augmenter les capacités de travail des acteurs. La pandémie a poussé à la mise en place accélérée de certains processus d’IA pour faciliter la reprise des activités, avec un succès qui incite à poursuivre dans cette voie.
Nombre d’acteurs sont intervenus sur le sujet, que soit les grandes institutions bancaires comme la Société générale ou Crédit agricole, des start-ups ou des acteurs institutionnels à l’instar de l’Urssaff et de la BPI. L’objectif pour tous ces grands acteurs semble être de converger vers une standardisation des méthodes d’IA afin de faciliter l’implémentation de solutions existantes dans leurs modèles. Ainsi, la solution retenue est un mix de Make et de Buy, en achetant un cœur d’algorithme modifié par la suite pour s’adapter aux besoins spécifiques de son utilisation. Sous réserve de posséder les compétences techniques nécessaires, cette méthode permet de garantir l’explicabilité des algorithmes utilisés.
Souveraineté, confiance et sécurité
L’accent a bien sûr été mis sur l’immense opportunité que représente la digitalisation pour l’optimisation des process, la connaissance des clients (ou KYC, pour Know Your Customer) et diverses analyses comme le scoring des emprunteurs. Le cloud peut véritablement devenir une révolution, dans le milieu de la finance, par la capacité qu’il offre pour centraliser les données dont se nourrissent les algorithmes utilisant l’IA. Dès lors, les questions de souveraineté mobilisaient les intervenants dans bien des débats. En effet, pour Quentin Adam, CEO de Clever Cloud, la souveraineté numérique n’est pas un « mirage », mais une « obligation », car « l’industrie [française] est menacée par des alliés peu scrupuleux ». De l’autre côté de la table, le directeur AI & Data de Capgemini, Eric Reich explique que selon lui la question de la souveraineté ne se joue pas au niveau des fournisseurs, qu’ils soient locaux ou globaux, mais dans les processus de sécurisation des données.
En résumé, il s’agit de déterminer comment protéger ses données et rester souverain sur la manière dont elles seront utilisées. Cette souveraineté numérique passe donc par deux aspects cruciaux qui posent des conditions sine qua non à la mise en place à grande échelle de l’IA : la confiance et la sécurité.
Les différents intervenants se sont attelés tout au long de cette journée à la définition d’éléments clés qui permettent d’instaurer la confiance au niveau du stockage et de l’utilisation des données. Cela passe par le développement d’une culture de l’IA et du digital au sein des acteurs de la finance : la confiance, c’est la maîtrise. Et cette maîtrise doit faire intervenir le consentement des clients à la donnée, que ce soit par la connaissance géographique de la localisation des serveurs, l’information sur le traitement de leurs données et un comportement éthique des acteurs.
L’autre aspect de la maîtrise de l’IA, c’est la sécurisation des données publiques et d’entreprise. L’ordinateur quantique est une réalité proche, qui risque de remettre en cause tout le paradigme actuel de chiffrement des données. Bien sûr, cela s’accompagnera d’immenses opportunités. Mais cette innovation comporte aussi des risques, car elle permettra d’utiliser l’algorithme de Shor qui permettrait de casser tous les codes de protection actuels. Et la menace est déjà présente, les grandes agences de renseignement ayant commencé à stocker les communications cryptées dans le but de les déchiffrer le moment venu. La transition vers des méthodes de chiffrement résistantes au quantique est donc une problématique actuelle. La société Cryptonext et son principal investisseur, OVH, sont intervenus pour alerter sur la nécessité de cette transition.
AI for the Planet
Enfin, les acteurs se sont attaqués à la problématique qui focalise tous les esprits : le changement climatique. Le CEO du très médiatique fond d’investissement Time for the Planet est intervenu avec ses confrères de Carbon Time et Obvious21 pour défendre l’idée d’une finance au service du climat. La régulation des États étant insuffisante pour s’attaquer au réchauffement planétaire, les intervenants se sont attachés à défendre l’opportunité que représentent les crédits carbones pour diriger les financements vers des projets de captation du carbone et de réduction de émissions.
Le sentiment général que l’on retient de cette journée est une confiance dans l’avenir, dans la capacité des acteurs français à se positionner comme moteurs de cette transformation sans bien sûr écarter la nécessaire considération des problématiques de sécurité liées à la digitalisation de l’économie et au réchauffement climatique. Les batailles à mener pour réussir la transition numérique sont nombreuses, et AI for Finance réussit pour sa 3ème édition à y préparer les différents acteurs par la rencontre et le dialogue.
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