Retours sur les rencontres métiers SI à La Place
Le 12 novembre 2019, La Place organisait une rencontre privilégiée entre entrepreneurs Fintech et experts métiers corporate. L’occasion pour les startups d’échanger en direct et de manière informelle avec des départements métiers de grands groupes, qui ont l’habitude de collaborer avec des entrepreneurs. Pour cette édition, La Place a choisi une rencontre sur le thème des “Process SI” : comment favoriser l’intégration de services Fintech dans les départements SI des grands groupes partenaires ? quelle posture adopter pour embarquer le service SI dans le projet ? quelles bonnes pratiques à tous les niveaux de partenariats (POC, intégration, industrialisation…) ? Autant de questions concrètes que se posent les deux parties.
Pour en parler, étaient présents les représentants de Bpifrance, Crédit Agricole (Crédit Agricole Technologies et Services en charge du SI des caisses régionales), Capgemini – tous trois partenaires de La Place – et de OVH France. Pendant 1h30, ils ont pu partager leurs retours d’expériences de collaboration avec des Fintech et répondre aux questions des entrepreneurs.
LES FACTEURS CLÉS DE SUCCÈS D’UNE INTÉGRATION SI ENTRE FINTECH ET CORPORATE
Au travers leurs propres expériences de collaboration, les différents intervenants ont témoigné sur ce qui leur semblaient être les clés de réussite d’une bonne intégration SI à tout stade d’un partenariat.
IDENTIFIER LE COEUR DU PROBLÈME
Les experts métiers ont relevé un écueil qui se présente fréquemment lors de collaboration avec les startups. Même si les Fintech apportent beaucoup de solutions utiles, il y a souvent trop pour que les banques et assurances puissent vraiment être efficaces. Trop se disperser revient souvent à ne rien faire. Un des conseils des représentants SI est alors de savoir trouver le coeur de la valeur qui va aider l’entreprise à résoudre son véritable problème. Lors des échanges, les participants ont par exemple mentionné le besoin constant des banques de trouver et vendre des services à leurs entreprises PME clientes. Et de fait, en se concentrant sur une seule et véritable difficulté, les deux parties ont plus de chance d’arriver à une solution aboutie et fiable.
L’occasion aussi pour les grands groupes d’avouer que “Le POC est peut-être passé de mode. A force d’être non financé ou d’être trop ajusté aux attentes d’un seul groupe, le POC est devenu une des premières raisons de mort des Fintech” estime Bpifrance. Aujourd’hui, les grands groupes préfèrent s’appuyer sur la méthodologie du Produit Minimum Viable qui les aide à développer de nouveaux produits aux côtés des Fintech.
COMPRENDRE LA CULTURE ET L’HISTORIQUE SI DES BANQUES :
Le mot “culture” est revenu à de nombreuses reprises dans les échanges entre les grands groupes et les startups présentes lors de cette matinée. En faisant un premier pas dans une banque ou une assurance, les startups se heurtent souvent à des obstacles techniques mais aussi humains et de culture interne.
Un nouveau projet pour le groupe bancaire ou assurance doit prendre en compte l’historique des systèmes d’informations de l’entreprise. Les experts métiers présents ont d’ailleurs rappelé que “cet historique représente une énorme charge financière et technique” ainsi que des actifs générateurs d’opportunités pour les groupes qui consacrent une grande majorité de leurs ressources techniques à maintenir les systèmes d’information existants.
ETRE CONSCIENT DES SPÉCIFICITÉS SI DES GRANDS GROUPES :
Il s’agit pour les grands groupes de se caler sur des cycles de livraison et de production de Fintech : pour exemple, pour une structure comme Bpifrance, il faut au minimum un mois de délai de production contre un jour pour une Fintech. De même, les représentants SI présents rappellent que si certaines tâches se déroulent facilement pour les Fintech, cela peut s’avérer beaucoup plus compliqué pour les groupes. Par exemple, pour une banque, le partage de données depuis le service SI jusqu’aux Fintech ou jusqu’à d’autres services rencontre souvent des obstacles techniques et de conformité.
Cela est notamment dû pour certains acteurs bancaires au manque d’interfaces API au cœur des services SI des banques et assurances, qui n’exploitent pas autant les API que ce que la logique d’open-banking le voudrait. Pour autant le groupe Crédit Agricole a été le premier à mettre en service les APIs DSP2 dès Avril 2019 soit 6 mois avant la date imposée par le régulateur.
S’APPUYER SUR DES SPONSORS EN INTERNE :
Les représentants de grands groupes se sont tous accordés à dire qu’il est essentiel pour la startup d’identifier un ou plusieurs personnes sponsors au sein de l’entreprise partenaire et de s’appuyer sur leur force de frappe et de conviction pour rayonner plus large en interne. Ce rôle est clé car un partenariat n’est pas qu’une affaire de déploiement technique et de processus.
Comme le rappellent les experts métiers présents, l’intégration d’un service Fintech au sein d’une banque ou d’une assurance est parfois synonyme de concurrence vis-à-vis d’un service ou d’un projet interne. L’intégration d’un tel de service peut aussi être complémentaire par rapport au dispositif interne ; le rôle du sponsor interne est donc important : il va pouvoir aider à justifier la valeur d’usage du dispositif.
ANTICIPER LA PRISE EN CHARGE DES COÛTS FINANCIERS :
Un autre conseil prodigué par les représentants de certains services SI est de bien s’accorder à l’avance de la prise en charge des éventuels besoins d’ajustements de l’intégration SI. Anticiper qui prend en charge les coûts financiers et les ressources techniques de modifications permet d’éviter les livraisons retardées ou les partenariats avortés.
PENSER AUX PARTENARIATS ENTRE FINTECHS :
Les représentants des grands groupes et des Fintech présents lors de cette matinée sont tombés d’accord sur l’idée de faire évoluer le cliché de la folle croissance des Fintech pour revenir à l’idée une croissance progressive. Certains experts métiers SI des entreprises bancaires sont même allés plus loin en incitant les Fintech à aller chercher du business ailleurs que dans les grands groupes. La culture business française n’est pas dans la prise de risque et implique des moments de latence souvent difficiles à concilier avec les impératifs de temps des startups. D’où l’intérêt d’aller chercher en parallèle des partenariats avec des Fintech pour compléter son offre avec d’autres expertises métiers, d’autres segments de clients, d’autres infrastructures techniques, etc.
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