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Le M&A ne fait plus rêver les jeunes diplômés

Le marché du M&A (fusions-acquisitions), longtemps considéré comme un eldorado pour les jeunes diplômés, ne garantit plus l’emploi comme auparavant. Ce qui était jadis un parcours balisé – stage de fin d’études puis embauche en CDI – devient aujourd’hui un parcours semé d’incertitudes, même pour les profils issus de masters prestigieux comme celui de Dauphine. Face à un net ralentissement des deals et des embauches, certaines formations ajustent désormais leurs effectifs à la baisse pour mieux correspondre aux besoins réels du secteur.
Un marché de l’emploi plus fermé qu’avant
La contraction du marché du M&A touche directement les jeunes diplômés, qui peinent à transformer leur stage en poste pérenne. Les équipes internes des banques réduisent leurs recrutements et privilégient souvent la stabilité, retardant l’entrée des nouveaux talents. Résultat : même les profils solides, bien formés, se retrouvent sur le carreau après six mois d’investissement intensif. Une situation qui remet en question un modèle de formation longtemps fondé sur des débouchés quasi automatiques.
Des reconversions temporaires dans d’autres branches de la finance
Devant ces difficultés, de nombreux jeunes élargissent leur spectre et se tournent vers d’autres secteurs connexes : audit, contrôle de gestion, restructuring, ou encore conseil financier. Ces chemins, bien qu’éloignés du M&A pur, offrent un socle technique solide et permettent d’acquérir de la maturité professionnelle. Certains y voient même une stratégie d’attente, en vue d’un retour vers le M&A lorsque le marché redeviendra porteur.
Des disparités fortes entre les établissements
Toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne. HEC Paris, par exemple, conserve un taux très élevé de conversion des stages d'été en CDI, dépassant parfois les 95 % dans les banques d’investissement anglo-saxonnes. Cela s’explique par la puissance du réseau alumni, la préparation intensive aux entretiens, mais aussi par une sélection initiale plus drastique à l’entrée de l’école. Ces écarts montrent combien le nom de l’établissement peut peser, même dans un marché en berne.
Le poids décisif du réseau et du mentorat
Au-delà du diplôme, ce sont souvent les connexions personnelles qui font la différence. À HEC ou l’ESSEC, les dispositifs de mentorat sont très structurés, avec des anciens élèves qui accompagnent les étudiants dès leur M1. Simulation d'entretiens, retours d'expérience, coaching sur les candidatures : ces outils affûtent les candidats et maximisent leur taux de succès. Les écoles qui n'ont pas encore institutionnalisé ce type d’accompagnement accusent un certain retard.
Une sélection de plus en plus rigoureuse
La tension sur le marché renforce la compétitivité des processus de sélection. Dans les boutiques comme Alantra, Lazard ou Rothschild, le nombre de candidatures explose, parfois plusieurs centaines pour moins de dix postes. Les recruteurs cherchent des candidats déjà exposés au M&A, même à travers de simples stages exploratoires, et évaluent à la loupe chaque CV. Tests techniques, études de cas, entretiens à répétition : le niveau d’exigence ne cesse de grimper.
Un marché encore incertain malgré quelques signaux positif
Même si certains indicateurs laissent entrevoir une reprise – comme les premières baisses de taux directeurs ou le retour de certaines opérations stratégiques – les perspectives restent floues à court terme. L’instabilité géopolitique, les incertitudes réglementaires ou encore les effets disruptifs de l’IA sur les métiers de la finance freinent la dynamique. Les volumes de transactions peinent à retrouver leur niveau d’avant-crise, et les embauches restent gelées dans de nombreuses structures.
Conclusion
Le M&A n’est plus ce passeport automatique pour l’emploi qu’il fut il y a encore quelques années. Dans un marché plus exigeant et moins prévisible, les jeunes talents doivent faire preuve d’agilité, de résilience et de stratégie. Élargir son champ d’action, cultiver son réseau, et accepter parfois des détours professionnels sont désormais des étapes incontournables pour espérer intégrer durablement ce secteur prestigieux, mais profondément chamboulé.
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