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La panique se partage aussi
La numérisation et les bank runs : une menace amplifiée
La Banque de France souligne dans un récent billet l’impact des technologies numériques et des réseaux sociaux dans l’aggravation des retraits bancaires massifs, ou « bank runs ». L’analyse prend pour exemple la faillite retentissante de la Silicon Valley Bank (SVB) en mars 2023, marquant le pire effondrement bancaire aux États-Unis depuis 2008. Cette crise souligne la rapidité et l’intensité des paniques bancaires, exacerbées par la numérisation et la viralité des informations.
SVB, un modèle fragilisé par la conjoncture
Bien que l’accélération numérique ait amplifié sa chute, la faillite de SVB découle principalement de son modèle économique risqué et d’une gestion défaillante. Fortement exposée aux secteurs de la tech et aux obligations d’État à long terme, la banque a été frappée de plein fouet par le retournement des marchés dès 2022. Ces failles structurelles ont ouvert la voie à une crise dévastatrice lorsque les premiers retraits massifs ont commencé.
Une chute fulgurante orchestrée par le numérique
Le 8 mars 2023, SVB a vendu des obligations à perte pour répondre aux demandes initiales de retraits, déclenchant une tempête : en 24 heures, 25 % des avoirs de ses clients, soit 42 milliards de dollars, ont été retirés. La digitalisation bancaire et les réseaux sociaux ont accéléré ce processus, facilitant les retraits instantanés et amplifiant la panique collective. Cette rapidité contraste avec les faillites passées, comme celle de Washington Mutual en 2008, qui s’était étalée sur neuf jours.
L’effet amplificateur des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux, notamment Twitter (désormais X), ont joué un rôle central dans la propagation rapide de l’information. Les messages d’alerte postés sur la santé financière de SVB ont galvanisé les retraits, exacerbés par la concentration des déposants du secteur technologique, eux-mêmes actifs sur ces plateformes. Cette viralité illustre comment les réseaux sociaux peuvent catalyser les crises financières en quelques heures.
Des risques numériques croissants pour la stabilité financière
Ces événements révèlent des vulnérabilités accrues pour le système financier face à la digitalisation. Jusqu’à présent, les inquiétudes se concentraient sur les cyberattaques, mais la combinaison de la viralité en ligne et de la facilité des transactions bancaires impose une révision des priorités. La désinformation en ligne, désormais omniprésente, pourrait alimenter des paniques futures encore plus dévastatrices.
Appel à une régulation renforcée
La Banque de France appelle à une régulation plus rigoureuse et adaptée pour surveiller l’impact des risques numériques sur les banques. Cela inclut un suivi renforcé des caractéristiques des déposants et une supervision proactive pour prévenir de nouvelles crises. Alors que la technologie évolue, une régulation ajustée devient cruciale pour protéger la stabilité du système financier global.
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