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Les 8 sujets en finance à surveiller en 2024
L'année 2023 a été témoin d'une montée des taux d'intérêt, engendrant une pause dans le crédit immobilier et influençant les banques françaises tout en redéfinissant les paramètres de l'épargne. En 2024, les répercussions retardées de cette augmentation devraient continuer à se manifester, sculptant ainsi l'évolution économique et financière avec des implications significatives pour les emprunteurs et les institutions financières.
1. La baisse des taux
En 2024, le secteur du crédit immobilier semble anticiper une possible reprise après une année difficile. En janvier, le taux plafond autorisé par les banques pour un prêt immobilier sur 20 ans a atteint 6,29 %, un niveau inédit depuis 2012. Parallèlement, le taux moyen pratiqué par les banques a augmenté de manière significative, atteignant 4,72 % au dernier trimestre, comparé à la moyenne de 2,84 % un an auparavant.
Cependant, les professionnels estiment que ces taux pourraient avoir atteint leur pic, avec des signes précurseurs de certaines banques ajustant déjà leurs barèmes à la baisse en décembre. La perspective d'une baisse des taux est renforcée par le recul de l'OAT à 10 ans, indicateur clé du coût de financement des banques, et l'arrêt par la Banque centrale européenne de la hausse de ses taux directeurs depuis octobre.
Malgré cette opportunité, les banques font face à un défi, car de nombreux clients attendent une baisse plus marquée des prix immobiliers ou une diminution durable des taux avant de s'engager.
2. Assurance-vie face au Livret A
En 2023, l'assurance-vie a connu une collecte nette modérée de seulement 3,4 milliards d'euros au cours des onze premiers mois, principalement grâce aux supports en unités de compte. Les fonds en euros ont subi une décollecte record de 25,4 milliards d'euros en raison de la concurrence du Livret A, dont le taux est passé à 3%, et des comptes à terme.
Toutefois, des signes de reprise se dessinent pour 2024, avec des rendements attendus plus favorables. Certaines institutions, comme la banque Milleis et le groupe Garance, ont déjà annoncé des taux attractifs, mais la moyenne devrait se situer autour de 2,5% nets de frais de gestion selon le cabinet Facts & Figures.
3. Société Générale : Restaurer la Confiance des Marchés
Le nouveau patron de Société Générale, Slawomir Krupa, fait face à des défis importants après la chute de 13 % du cours de l'action lors de la présentation du plan stratégique en septembre. Pour redresser la situation, Krupa mise sur la réalisation d'objectifs plus réalistes, notamment des ventes d'actifs et des mesures d'efficacité opérationnelle. La banque envisage même la cession de plusieurs filiales, dont Hanseatic Bank en Allemagne et Kleinwort Hambros au Royaume-Uni.
Après la vente de filiales africaines, les résultats concrets de cette revue de portefeuille sont attendus pour renforcer les fonds propres sans compromettre la politique de dividende. Krupa vise également à améliorer la couverture du risque de taux et à réaliser des réductions de coûts d'environ 1,7 milliard d'euros d'ici 2026.
L'objectif sous-jacent est de redresser la valorisation boursière du groupe, actuellement à environ 19 milliards d'euros, soit moins d'un tiers de ses actifs nets, comparé aux 70 milliards de BNP Paribas.
4. BNP Paribas : Excès de Liquidités
Depuis la vente de sa filiale américaine Bank of the West pour 16,3 milliards de dollars, BNP Paribas fait face à un excès de liquidités. Malgré la possibilité d'acquérir la deuxième banque allemande, Commerzbank, évaluée à 13,6 milliards d'euros, la banque française reste fidèle à sa politique de ne pas effectuer d'opérations transfrontalières majeures depuis sa reprise de Fortis en 2009.
Au lieu de cela, BNP Paribas se concentre sur des acquisitions ciblées de quelques centaines de millions d'euros, telles que Floa, Kantox, BCC Vita, et des accords de transfert de clients avec Deutsche Bank, Credit Suisse et Orange Bank.
La banque a maintenu une politique de dividendes généreuse, mais la question demeure quant à sa discipline légendaire, qui la positionne comme la banque la mieux valorisée d'Europe et probablement la plus prévisible.
5. Immobilier commercial : la menace d'une crise ?
Les risques liés à l'immobilier commercial suscitent une préoccupation croissante parmi les banques, en particulier après la faillite de l'empire autrichien de l'immobilier Signa. Les banques, dont BPCE et BNP Paribas, se retrouvent avec une dette de plusieurs milliards d'euros en raison de cet échec.
La situation souligne les préoccupations des institutions ayant massivement financé des projets immobiliers à des taux bas, craignant maintenant des difficultés de remboursement avec la hausse des taux et le retournement du marché. Des interrogations émergent sur le montant potentiel de milliards de dollars ou d'euros d'actifs immobiliers commerciaux cachés dans les bilans des banques mondiales.
Selon une étude de l'association américaine des banques hypothécaires, 117 milliards de dollars de prêts liés à des bureaux ou des baux commerciaux doivent être remboursés ou refinancés en 2024, et nombreux ont été contractés à des taux beaucoup plus bas.
6. Orange Bank et Ma French Bank : la fin
Le secteur des banques en ligne connaît des difficultés, comme le montrent les décisions d'Orange Bank et de Ma French Bank, affiliée à La Poste.
Orange Bank prévoit de transférer ses clients à BNP Paribas ou d'accepter une offre du fonds d'investissement américain Ripplewood. De son côté, La Banque Postale envisage la cessation d'activité de Ma French Bank soulignant les défis auxquels font face les banques en ligne pour trouver leur modèle commercial face à la concurrence des start-up et des banques traditionnelles.
Cette décision est la première prise par Stéphane Dedeyan, nouveau président du directoire de La Banque Postale.
7. M&A : la reprise est-elle en vue ?
En 2023, le marché des fusions et acquisitions a atteint son niveau le plus bas en dix ans, le montant total des transactions qui ont été finalisées dans le monde s’est chiffré à 1 975 milliards de dollars.
Les attentes pour une reprise en 2024 reposent sur une éventuelle baisse des taux des banques centrales, susceptible de faciliter les opérations de M&A. Cependant, la Fed et la BCE n'ont pas encore divulgué leurs intentions, et d'autres facteurs, tels que les incertitudes géopolitiques, pourraient continuer à peser sur l'activité.
Le secteur du private equity, représentant plus d'un quart des opérations, jouera un rôle déterminant, bien que les fonds devront peut-être accepter des pertes après une baisse de 27 % des prix de cession en un an et de 66 % par rapport aux sommets de 2021, selon les données de PitchBook.
8. UBS : la fusion de deux géants bancaires
Moins d'un an après le sauvetage de Credit Suisse par UBS, le système financier semble avoir absorbé l'événement. UBS, dirigé par Sergio Ermotti et Colm Kelleher, doit maintenant se concentrer sur l'intégration de Credit Suisse et réaliser 10 milliards de dollars d'économies d'ici fin 2026.
Malgré la suppression de 8 000 emplois entre fin 2022 et septembre 2023, UBS prévoit de supprimer 3 000 postes supplémentaires. La Bourse réagit positivement, avec une hausse de près de 40 % du cours d'UBS en un an, en partie due au poids accru dans la gestion de fortune et à l'acquisition abordable de Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisse. Les autorités locales, soucieuses d'éviter un nouveau scandale tel que celui de Credit Suisse, envisagent de renforcer les pouvoirs de supervision (Finma) cette année.
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