Sortir de l'Euro ' Interview Exclusive de Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la Présidentielle de 2012
Bonjour M. Dupont-Aignan, nous vous remercions d’avoir accepté cette interview exclusive pour Dogfinance.com, pouvez-vous présenter votre carrière et parcours politique '
J’ai d’abord été sous-préfet avant de très vite m’engager en politique auprès de Philippe Seguin dans son opposition au traité de Maastricht. C’est ainsi que j’ai assisté, aux premières loges, à la dilution de l’identité gaulliste du RPR puis de l’UMP.
J’ai donc décidé, lorsque Nicolas Sarkozy a pris la tête de ce parti, de le quitter pour fonder Debout la République, un mouvement gaulliste et républicain et complètement indépendant.
Ce mouvement, fort aujourd’hui de près de 10 000 adhérents, a déjà présenté des listes aux élections européennes et régionales. A ces dernières élections, en Ile-de-France, avec presque 5% des voix, le mouvement que je préside a devancé les listes présentées par le NPA et le Modem.
Pourquoi avoir créé votre propre parti politique ' Qu’est ce qui le différencie des autres '
Au sein de l’UMP, il n’était plus possible de faire avancer les idées gaullistes et républicaines qui sont les miennes, tant elle était emprunte d’un mondialisme dogmatique et destructeur pour notre pays.
Debout la République visait à répondre aux défis auxquels sont confrontés notre pays et nos concitoyens et auxquels l’UMP comme le PS ne sont plus en mesure de répondre.
Enfermés dans leurs dogmes, nos dirigeants, de gauche comme de droite, ont mené notre pays et notre continent dans une situation catastrophique. La dette explose, le chômage fait des ravages, les délocalisations s’accélèrent, et nos deux grands partis ne parviennent pas à proposer une autre voie à nos compatriotes.
Debout la République, par la liberté et l’indépendance qui le caractérise, entend être à la pointe de ce sursaut pour notre pays et pour l’Europe.
Votre projet porte notamment sur le retour au protectionnisme et la sortie de l’Euro. Comment organiser un tel changement ' N’est-ce pas dangereux en pleine crise économique et financière '
Nos dirigeants confondent trop souvent les causes et les conséquences de leurs politiques. Ils essayent désespérément de construire un château sur du sable, alors qu’avec de telles fondations, il ne peut que s’effondrer.
La crise que les pays européens traversent est justement due au manque de protection économique à nos frontières et à une monnaie surévaluée pour la plupart de nos pays.
Notre pays est soumis à une Union européenne qui, enfermée dans ses dogmes libre-échangistes, a livré notre continent aux quatre vents de la mondialisation. Elle a soumis nos entreprises à la concurrence déloyale de la Chine et de sa main-d’œuvre esclavagisée qui peut sans contrepartie exporter chez nous ses produits. Notre balance commerciale est d’autant plus déséquilibrée que la cherté de l’euro rend ces importations d’autant moins coûteuses.
Comment s’étonner alors que les délocalisations se multiplient, que notre pays ait perdu un million d’emplois industriels en 10 ans ' Comment s’étonner qu’avec l’enlisement dans un chômage de masse, les comptes sociaux se détériorent sans cesse et que l’Etat doive s’endetter pour ne pas voir le système complètement s’effondrer '
Ce n’est pas avec la récession, en ajoutant de la crise à la crise, que nos dirigeants permettront à notre pays de se redresser. C’est au contraire en traitant le mal à sa racine, c’est organisant une mondialisation équitable pour tous les pays et en menant une véritable politique industrielle dans notre pays.
Devant l’ampleur de cette crise, les Français sont inquiets de l’avenir de notre pays. Mais seraient-ils prêts à revenir au franc '
Nos compatriotes sont avant tout prêts à retrouver un emploi ! La monnaie unique n’est pas adaptée à l’économie de notre pays, tout comme à l’économie grecque, espagnole, ou italienne. C’est un costume taille unique pour des pays de carrures différentes. Trop chère pour certains, pas assez pour d’autres, la monnaie unique ne fait qu’exacerber les problèmes économiques de chaque pays et, après dix ans d’existence, favoriser les divergences.
En France, cette monnaie est non pas forte mais chère. Elle est surévaluée de près de 40 % par rapport à la compétitivité de notre économie. Aujourd’hui, nombre d’entreprises préfèrent délocaliser leur production à l’étranger et réimporter plutôt que fabriquer sur notre sol et offrir des emplois à nos concitoyens. Même un groupe comme Airbus, qui pourtant fabrique des produits à haute valeur ajoutée, préfère délocaliser une partie de sa production en zone dollar pour rester compétitif à l’export !
Après cette sortie de l’Euro, comment faire pour garder une entente cordiale entre les pays européens ' Doit-on garder une certaine union '
La sortie de l’euro c’est la sortie de la monnaie unique ; ce n’est pas la fin de toute coopération européenne, bien au contraire.
Je prône la fin de la monnaie taille unique pour les Etats européens, mais dans mon esprit l’euro devra être transformé en une monnaie commune, tel que cela avait envisagé à la fin des années 1980, lorsque nos dirigeants n’avaient pas cédé à la tentation de forcer la fédéralisation de l’Europe par une monnaie unique.
Avec la monnaie commune, l’euro continuerait d’exister en tant que monnaie de réserve et unité de change pour simplifier les échanges inter-européens de nos entreprises. Chacun des Etats en revanche retrouverait une monnaie nationale adossée sur l’euro. La France disposerait d’un euro-franc, l’Espagne d’un euro-pesete… qui permettrait à chacun de ces pays d’avoir une monnaie adaptée à ses besoins. Ces monnaies seraient partie prenante d’un serpent monétaire avec des parités révisables de manière coordonnée et régulière.
La fin de la monnaie unique n’est donc pas - comme l’on veut souvent me caricaturer- la fin de toute construction européenne, mais une nouvelle ère pour notre continent. A la place de l’Europe chimérique qui veut détruire les nations et qui nous conduit à la ruine, nous aurons une Europe des coopérations qui s’appuie sur les réalités nationales de notre continent.
Serez-vous candidat à la présidentielle de 2012 '
Oui, je serai le seul candidat gaulliste et républicain à l’élection présidentielle.
N’avez-vous pas peur des moyens financiers des grands partis politiques tels que l’UMP et le PS ' Quelle est votre stratégie pour vous faire entendre auprès des Français '
Debout la République est un jeune mouvement, complètement indépendant, et financé uniquement par les dons de ses adhérents. Il est donc évident que nous ne disposons pas des mêmes moyens financiers les deux mastodontes, qui se partagent la vie politique de notre pays, que sont l’UMP et le PS.
Nous ne disposons pas non plus (pas encore) de la même exposition médiatique, c’est pourquoi je vais directement à la rencontre des Français. Plusieurs fois par semaine, je sillonne les routes de nos campagnes pour écouter, parler, expliquer –et souvent être entendu- les causes de notre déclin et les moyens d’y remédier. Avec l’aide des militants locaux de DLR, nous faisons une véritable campagne de terrain, au plus près de nos concitoyens.
François Hollande vient d’être élu pour représenter le Parti Socialiste à la présidentielle de 2012. Pensez-vous que les partisans du PS ont fait le bon choix pour gagner la présidentielle '
Les partisans du PS ont probablement fait le bon choix pour permettre l’alternance mais ce dont a besoin notre pays, c’est d’une véritable alternative.
A quoi bon remplacer Nicolas Sarkozy pour y mettre François Hollande ' L’un comme l’autre sont prisonniers des dogmes mondialistes qui ont conduit notre pays dans la situation où il se trouve.
Un tel choix revient à demander aux Français s’ils préfèrent un pansement bleu ou rose sur la jambe de bois dont est affublé notre pays avec ce système économique et politique. Cela n’est pas à la hauteur des enjeux.
Si vous êtes élu président en 2012, sur quel projet travaillerez-vous en premier '
La mère des batailles, pour notre pays, c’est l’emploi. Et il n’y aura pas de baisse du chômage tant que nous ne mènerons pas une ambitieuse politique de croissance appuyée sur l’économie réelle. La résorption de notre dette en passera par là.
L’instauration d’un protectionnisme raisonné aux frontières de l’Europe, le passage à la monnaie commune, la baisse des charges pour les PME, le contrôle des banques et l’instauration de la TVA sociale sont parmi les mesures qui permettront le redressement de notre pays.
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