






France : le marché de l’emploi devient un cimetière

La France a connu une forte baisse de l'emploi en fin d’année 2024, marquant une rupture brutale après plusieurs trimestres de progression. Selon l'Insee, près de 100.000 postes ont disparu en seulement trois mois, un chiffre alarmant qui replace l’emploi salarié à son niveau de fin 2023.
Une perte plus lourde qu’annoncée
Initialement estimée à 50.000 suppressions d’emplois, la perte a finalement atteint 68.000 postes dans le secteur privé, soit un tiers de plus que prévu. À cela s’ajoutent 22.100 suppressions dans la fonction publique, qui subit son premier recul après huit trimestres de hausse. Au total, près de 90.000 postes ont disparu en un trimestre, effaçant les gains réalisés sur l’année.
L’intérim en souffrance
L'emploi intérimaire est le premier touché par cette crise. Déjà en baisse au trimestre précédent (-0,8 %), il chute encore de 2,3 % entre octobre et décembre. Sur un an, cela représente une perte de 45.000 emplois, soit une baisse de 6 %. Pire encore, le niveau de l’intérim est désormais inférieur de 8,3 % à celui d’avant la crise sanitaire, révélant une fragilité structurelle du marché du travail.
La construction en pleine crise
Le secteur de la construction traverse une période particulièrement difficile. Déjà en repli au troisième trimestre (-2,7 %), l’emploi salarié y subit une véritable dégringolade au quatrième trimestre, atteignant près de 10 % de baisse. Cette tendance inquiétante reflète l’ampleur de la crise du logement et les difficultés des entreprises à maintenir leur activité dans un contexte économique tendu.
L’industrie tient bon malgré tout
L’industrie, bien que touchée par la baisse de l’intérim, résiste mieux que d’autres secteurs. Les effectifs industriels hors intérim ont seulement reculé de 2.800 postes (-0,1 %). Malgré cette légère baisse, ils restent supérieurs aux niveaux de fin 2023 et même de fin 2019 (+2,6 %), preuve d’une certaine résilience du secteur face à la conjoncture difficile.
Les services subissent le ralentissement
Longtemps moteur de l’emploi en France, les services sont désormais eux aussi affectés. Environ 60.000 postes ont disparu entre octobre et décembre. Le secteur marchand, après une hausse de 12.000 emplois en début de trimestre, termine finalement avec une perte de 25.000 postes. De son côté, le tertiaire non marchand subit un recul encore plus important, avec 35.000 suppressions, effaçant totalement les gains du trimestre précédent.
Un contexte économique inquiétant
Le marché de l’emploi réagit souvent avec retard aux évolutions économiques, et les derniers chiffres du PIB ne sont pas rassurants. L’Insee a annoncé une légère contraction de l’économie au quatrième trimestre 2024 (-0,1 % après +0,4 % au trimestre précédent). Si le nombre de demandeurs d’emploi hors réforme du RSA a légèrement baissé en janvier, cette tendance ne suffit pas à dissiper les craintes sur la dynamique du marché du travail en 2025.
Conclusion
L’année 2024 s’achève sur une note préoccupante, avec des suppressions d’emplois massives et un ralentissement économique qui menace de se poursuivre en 2025. Si certains secteurs comme l’industrie résistent encore, d’autres, comme la construction et l’intérim, affichent des signes inquiétants de fragilité. L’évolution de la conjoncture économique dans les prochains mois sera déterminante pour le marché du travail français.
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