






Le grand mensonge des banques sur les seniors

Les seniors sont aujourd’hui les oubliés des politiques RH dans le secteur bancaire. Entre un manque d’attractivité pour les jeunes et des carrières qui s’allongent, les banques peinent à trouver une stratégie efficace pour intégrer et valoriser ces collaborateurs expérimentés.
Une pyramide des âges déséquilibrée
Le vieillissement des effectifs bancaires ne découle pas d’un afflux massif de seniors, mais d’une pénurie de jeunes talents. Ces derniers désertent le secteur, tandis que les cadres restent en poste plus longtemps. Pourtant, dans les agences, les seniors sont de moins en moins nombreux, marginalisés par les restructurations.
Une évolution de carrière qui s’essouffle
Dès 35 ans, les opportunités de promotion diminuent dans la banque, et à partir de 45 ans, elles deviennent rares. Les seniors sont perçus comme ayant atteint le sommet de leur carrière, limitant leur mobilité interne. Leur salaire élevé constitue aussi un frein à leur évolution. Cette absence de perspectives entraîne frustration et démotivation, alors même que leur expertise pourrait être mieux exploitée.
Le recrutement des seniors encore trop timide
Certaines banques commencent à s’ouvrir aux embauches de plus de 50 ans, mais ces initiatives restent marginales. La Banque Postale fait figure d’exception en réservant 12 % de ses recrutements aux seniors. Pourtant, face à la pénurie de jeunes talents, les quadragénaires en reconversion pourraient représenter une solution sous-exploitée.
Des formations insuffisantes pour assurer l’employabilité
Si les banques misent sur la formation continue pour leurs salariés, les seniors en sont souvent exclus. L’adaptation aux nouvelles réglementations et aux transformations numériques devient un défi pour ces collaborateurs, souvent livrés à eux-mêmes. Les rares initiatives en la matière restent limitées et inégalement réparties.
Une gestion des fins de carrière privilégiée au détriment de la valorisation
Plutôt que de capitaliser sur l’expérience des seniors, les banques organisent surtout leur départ. Temps partiel, pré-retraite, accompagnement… Ces dispositifs facilitent la transition vers l’inactivité mais envoient un message clair : passé un certain âge, l’entreprise ne compte plus sur eux. Une approche qui marginalise ces collaborateurs et prive le secteur de compétences précieuses.
Un transfert de compétences négligé
Malgré la difficulté à recruter des jeunes, la transmission des savoirs reste insuffisamment structurée. Le mentorat et le coaching intergénérationnel sont encore trop rares, et les départs à la retraite se font souvent sans véritable passation de connaissances. Résultat : des expertises essentielles disparaissent, qu’il s’agisse de compétences techniques, de savoir-faire relationnels ou de la connaissance fine du fonctionnement interne des banques. Pourtant, ces acquis pourraient être mieux préservés et transmis, garantissant une continuité et une meilleure intégration des nouvelles générations.
Conclusion
L’expérience des seniors pourrait être un atout majeur pour les banques, mais elle reste sous-exploitée. Plutôt que de les cantonner à des dispositifs de fin de carrière, le secteur doit investir dans la formation, la mobilité et le transfert de compétences. Sans cela, il risque de voir disparaître un savoir précieux, sans relève suffisante pour le compenser.
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