





Crise de l'immobilier : pourquoi les investisseurs désertent le marché ?

Édito – Un marché locatif en souffrance
Les signaux d’alerte s’accumulent sur un marché immobilier déjà en crise. La disparition progressive des investisseurs inquiète, alors que les chiffres confirment une tendance inquiétante : en deux ans, la part des investisseurs est passée de 30,6 % en 2022 à 25,5 % en 2024 au sein du réseau Century 21. Une érosion progressive qui laisse entrevoir un marché locatif en souffrance.
Un marché sous pression
Les raisons de ce désengagement sont multiples. La fin du dispositif Pinel, qui permettait aux investisseurs de bénéficier d’une réduction d’impôt, a mis un coup d’arrêt à de nombreux projets d’achat. De plus, les contraintes liées aux passoires thermiques se durcissent : après l’interdiction de location des logements classés G+ en 2023, ce sont les G qui sont désormais concernés depuis janvier 2025. Une situation qui force de nombreux bailleurs à choisir entre des travaux coûteux ou la mise en vente de leur bien.
Autre point de friction : la fiscalité. La hausse de la taxe foncière alourdit les charges, tandis que les taux d’intérêt, bien qu’en légère baisse ces derniers mois, restent un frein pour de nombreux investisseurs. “Ils n’ont aucune visibilité et des messages contradictoires”, déplore Guillaume Martinaud, président d’Orpi. “On leur dit que MaPrimeRénov’ baisse, mais qu’ils doivent impérativement rénover sous peine d’interdiction de louer. Comment investir sereinement dans ces conditions ?”
Vers un statut de bailleur privé : un levier pour sortir de la crise de l’immobilier et relancer l’investissement locatif ?
Face à ces difficultés, les professionnels de l’immobilier appellent à la mise en place d’un statut de bailleur privé. Un cadre qui offrirait aux investisseurs un régime fiscal et juridique spécifique, favorisant une relance durable de l’investissement locatif.
Un cadre fiscal et juridique plus attractif
Aujourd’hui, les bailleurs privés jouent un rôle essentiel dans le marché locatif en mettant des logements à disposition de nombreux ménages. Mais entre la hausse des charges, les contraintes énergétiques et la pression fiscale, nombreux sont ceux qui renoncent à investir. L’instauration d’un statut spécifique permettrait de rendre l’investissement locatif plus stable et prévisible en intégrant un régime d’amortissement unique. Concrètement, les propriétaires pourraient déduire une partie de la valeur de leur bien de leur base imposable chaque année, allégeant ainsi leur fiscalité.
Des contreparties pour améliorer le parc locatif
Pour bénéficier de ces avantages, les bailleurs devraient respecter certaines obligations, notamment en matière de performance énergétique et de plafonnement des loyers. L’objectif : éviter une flambée des loyers tout en encourageant la rénovation du parc immobilier. Une mesure qui pourrait contribuer à lutter contre la pénurie de logements et améliorer la qualité du marché locatif.
Une réforme en attente de validation
Si l’idée séduit les professionnels de l’immobilier, elle reste encore au stade de la discussion. L’État prendra-t-il la mesure du problème en instaurant un cadre fiscal dédié aux bailleurs privés ? Pour l’heure, les investisseurs restent dans l’expectative, dans un marché déjà fragilisé par des signaux contradictoires et une visibilité réduite.
Dans un contexte où la demande locative explose et où les solutions pour attirer les investisseurs se font attendre, la mise en place d’un statut de bailleur privé pourrait-elle être la clé pour stabiliser le marché ?
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