La baisse des embauches dans le secteur bancaire : Les signes d'une transition imminente
Après une période d'euphorie en 2022 marquée par une spectaculaire hausse des recrutements dans le secteur bancaire, une tendance inquiétante se dessine en 2023 : les embauches chutent de manière significative. Cette tendance, observée notamment en France, soulève des préoccupations quant à l'avenir du secteur et met en lumière divers facteurs économiques et structurels influençant cette baisse. Entre la hausse des taux, l'impact sur le crédit immobilier, et les plans de restructuration annoncés par certaines grandes institutions financières, le paysage de l'emploi dans les banques semble en pleine mutation, suscitant des interrogations sur la stabilité et la croissance futures de ce secteur autrefois dynamique.
Entre turbulences et ajustements économiques
Les banques françaises, autrefois florissantes sur le front de l'emploi, traversent actuellement une période de turbulences marquée par une baisse significative des recrutements. Selon les données recueillies par le cabinet Michael Page, la demande a chuté de manière spectaculaire, enregistrant une baisse de 15 % sur l'année 2023. Une tendance corroborée par les observations de Hays, qui pointe même une chute vertigineuse de 25 % des embauches au quatrième trimestre de la même année.
L'euphorie qui caractérisait le secteur en 2022, avec une hausse remarquable des embauches de l'ordre de 21 %, semble désormais révolue. Anthony Negre, responsable du secteur bancaire chez Hays, identifie un lien direct entre ce ralentissement et la récente augmentation des taux, ayant un impact direct sur l'activité des agences bancaires ainsi que sur le crédit immobilier. En effet, la production de prêts à l'habitat a subi une dégringolade de 40 % en France au cours de l'année précédente, poussant certaines institutions à réaffecter leur personnel vers d'autres secteurs d'activité.
Cette baisse des recrutements ne se limite pas uniquement à la sphère bancaire. L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) et Michael Page signalent également une tendance similaire, attribuée au contexte économique global et à l'inflation. Renaud Garnier, en charge de la division banque et services financiers pour la France chez Michael Page, souligne qu'après une période de forte expansion jusqu'à l'été, le secteur a subi un coup de frein, marquant un retour à une certaine normalité après des années d'euphorie.
La vision optimiste des institutions bancaires françaises
Cependant, malgré ces signaux de ralentissement, les institutions bancaires restent optimistes quant à une éventuelle reprise. La Fédération bancaire française (FBF) rappelle que la banque demeure un secteur dynamique, représentant plus de 1,7 % de l'emploi salarié en France. Néanmoins, cette stabilisation contraste avec une décennie marquée par une érosion continue des effectifs, due notamment à la digitalisation, aux mesures d'économies, aux fermetures d'agences et à la concurrence d'autres secteurs plus rémunérateurs.
En parallèle, les plans de restructuration se multiplient au sein des grandes institutions bancaires. Société Générale, après avoir annoncé un programme de suppression de 3.700 postes entre 2022 et 2025, prévoit désormais de réduire 900 postes supplémentaires, principalement au siège de la Défense. Cette vague de restructuration témoigne des défis persistants auxquels le secteur bancaire est confronté, dans un environnement économique incertain.
Malgré ces turbulences, les banques continuent de faire de l'attractivité de leurs métiers un enjeu majeur, cherchant à mieux faire connaître les opportunités d'emploi offertes par le secteur. Cependant, les défis actuels, qu'ils soient liés à la conjoncture économique ou aux changements structurels du secteur, soulignent la nécessité d'une adaptation continue pour assurer la pérennité et la compétitivité des institutions bancaires dans un contexte en mutation constante.
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