Les banques françaises à la recherche de talents pour leur avancée dans l'IA
Les banques françaises se retrouvent à la traîne en matière d'intelligence artificielle (IA) et de data par rapport à leurs homologues européennes et américaines. Une situation qui pousse le secteur à intensifier ses efforts de recrutement pour combler ce retard et se préparer à la guerre des talents qui s'annonce.
Un retard marqué par les chiffres
Selon une étude du cabinet Darwin X, seulement 0,83 % des salariés des banques françaises travaillent dans les métiers de l'IA et de la data, un chiffre bien en dessous des 1,34 % observés en Amérique du Nord et des 1,33 % de moyenne européenne (hors France). Cependant, certaines banques françaises cotées en bourse se distinguent par des chiffres plus élevés. Société Générale et BNP Paribas affichent respectivement 1,28 % et 1,27 % de leur effectif dans ces domaines, surpassant ainsi la moyenne nationale.
Les banques mutualistes, quant à elles, sont en retard. BPCE, Crédit Agricole et Crédit Mutuel affichent des pourcentages de 0,91 %, 0,65 % et 0,44 %, respectivement. La Banque Postale, avec seulement 0,41 %, ferme la marche.
Des efforts soutenus pour recruter
Malgré ce retard, le secteur bancaire est généralement mieux doté en spécialistes de l'IA que d'autres secteurs tels que la distribution et les biens de consommation. Les banques françaises sont bien conscientes de leur position et déploient actuellement des efforts significatifs pour recruter des talents.
L'étude de Darwin X souligne que, en termes relatifs, le Crédit Mutuel et BPCE voient leur bassin d'expertise croître plus rapidement que la moyenne mondiale. Ces banques recherchent activement des experts pour renforcer leurs équipes. En revanche, la progression est moins rapide chez Société Générale et BNP Paribas, principalement parce que ces banques partent déjà d'une base solide avec plusieurs centaines d'experts en IA.
Une organisation interne en transformation
Au-delà du recrutement, les banques françaises cherchent à optimiser l'organisation interne de leurs compétences en IA. Chez Crédit Agricole, l'accent est mis sur les relations entre la technologie et les métiers opérationnels. Jean-Paul Mazoyer, directeur général adjoint de Crédit Agricole SA, souligne la difficulté de trouver des "product owners" capables de faire le lien entre les spécialistes IT et les équipes opérationnelles. Ces postes sont souvent pourvus en interne, avec une formation adaptée pour les candidats.
BNP Paribas adopte une approche proactive en gestion des compétences. Hugues Even, chief data officer, explique que la banque recense toutes les compétences en IA et data du groupe pour identifier les lacunes et définir les besoins en formation. La mise en place d'un réseau d'anciens (« alumni ») est également envisagée pour garder le contact avec les spécialistes ayant quitté l'entreprise mais susceptibles de revenir.
La guerre des talents
Avec une demande en experts IA qui croît plus vite que l'offre disponible sur le marché, la compétition pour attirer les meilleurs talents s'intensifie. JP Morgan & Chase, avec près de 900 experts en IA, demeure un mastodonte difficile à rattraper. Néanmoins, les banques françaises semblent déterminées à rattraper leur retard, conscientes que leur avenir dans un secteur de plus en plus digitalisé dépendra de leur capacité à innover et à attirer des spécialistes de l'IA.
La course est lancée, et les banques françaises mettent tout en œuvre pour ne pas rester en arrière-plan.
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