Menuisier millionnaire : il perd tout
Christopher DeVocht, un menuisier canadien de 34 ans, n’aurait jamais imaginé que ses modestes économies, placées en spéculant sur les options Tesla, allaient lui rapporter des centaines de millions de dollars. Ce pari osé, fait à la fin de 2019, l’a propulsé dans la cour des grands spéculateurs avec une fortune qui, à son apogée, atteignait 303 millions de dollars (soit 415 millions de dollars canadiens). Ce succès fulgurant, basé sur la montée vertigineuse de l’action Tesla, semblait le mettre à l’abri du besoin pour toujours. Pourtant, en 2022, la chute brutale de l’action a tout fait basculer. DeVocht a non seulement perdu l’intégralité de sa fortune, mais il se retrouve aujourd’hui en plein conflit judiciaire avec son courtier, son gestionnaire de fortune et son comptable, qu’il accuse de conseils inappropriés.
Son histoire débute comme celle de beaucoup de particuliers fascinés par l'attrait des marchés boursiers. Christopher DeVocht décide de miser 60 000 euros, des économies laborieusement amassées dans l'espoir de s’acheter une maison. Il choisit d’investir dans les options Tesla, attiré par les perspectives prometteuses de la société d’Elon Musk. À ce moment-là, personne ne pouvait anticiper l’ampleur du mouvement boursier que Tesla allait connaître. En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, l’action Tesla prend son envol et enregistre une hausse incroyable de 700 %. Pour DeVocht, cette envolée est synonyme de gains massifs : en seulement deux ans, ses 60 000 euros se transforment en plus de 415 millions de dollars canadiens (303 millions USD), un retour sur investissement phénoménal qui le fait passer du statut de menuisier à celui de multimillionnaire.
Son succès attire l’attention et semble contredire toutes les études qui affirment que les particuliers perdent souvent de l'argent en se lançant dans le trading à court terme. Les options, en particulier, sont des produits financiers à haut risque, permettant de multiplier les gains, mais aussi les pertes. Pourtant, DeVocht, avec ses options d’achat sur Tesla, bat les statistiques et semble avoir trouvé la recette du succès. Cependant, bien que ses gains soient impressionnants, le menuisier devenu trader s’interroge : comment sécuriser ces profits faramineux ? Comment préserver cette plus-value inespérée et éviter qu’elle ne disparaisse aussi vite qu’elle est apparue ?
C’est dans cette optique qu’il se tourne vers la Royal Bank of Canada (RBC), cherchant des conseils pour optimiser la gestion de sa nouvelle fortune. La banque lui propose de créer une structure juridique destinée à minimiser les taxes sur ses plus-values. Parmi les recommandations de la RBC, un fonds caritatif, le « RBC Charitable Gift Fund », dans lequel il pourrait investir pour alléger encore davantage sa charge fiscale. Séduit par ces conseils, DeVocht accepte de suivre ces recommandations, espérant ainsi sécuriser ses gains tout en bénéficiant d’un régime fiscal avantageux.
Cependant, l’année 2022 apporte un retournement brutal. Tesla, après des années de croissance explosive, voit son action chuter violemment, perdant plus des deux tiers de sa valeur. Le rêve de DeVocht s’effondre. Alors qu’il pensait avoir sécurisé ses bénéfices, il réalise qu’il avait négligé un facteur crucial : les risques de marché. En quelques mois, sa fortune s’évapore, et le menuisier-trader se retrouve dans une situation critique. Pour rembourser un prêt qu’il avait contracté auprès de la RBC en se basant sur ses gains théoriques, il est contraint de vendre en urgence ses titres Tesla, mais à un prix largement déprécié, perdant ainsi tout.
Face à cette situation désastreuse, Christopher DeVocht ne reste pas inactif. Il décide de poursuivre en justice plusieurs entités : RBC Dominion Securities, RBC Wealth Management, ainsi que le groupe d’audit Grant Thornton. Dans sa plainte, il accuse ses conseillers financiers de « conseil négligent et inadéquat ». Selon lui, ils ne l’ont pas écouté lorsqu’il exprimait son souhait de retirer progressivement ses bénéfices pour les sécuriser en vue de sa retraite. Au lieu de cela, il affirme qu’ils l’ont orienté vers des structures et des fonds qui, bien qu’avantageux sur le plan fiscal, ne prenaient pas suffisamment en compte les risques liés à la volatilité du marché.
Ce procès met en lumière les risques de la spéculation pour les particuliers et les limites des conseils financiers qui privilégient parfois les stratégies fiscales au détriment de la gestion des risques. Alors que DeVocht espérait avoir sécurisé ses gains grâce à des stratégies sophistiquées, il s'est retrouvé exposé à une chute de marché qu’il n’avait pas anticipée. Pour lui, la question n’était pas de savoir comment maximiser encore ses gains, mais comment les protéger, un objectif qu’il estime ne pas avoir pu atteindre à cause de conseils inadaptés.
Cependant, malgré cette chute spectaculaire, Tesla reste extrêmement populaire auprès des petits investisseurs. L’attrait spéculatif pour les actions de la société d’Elon Musk ne faiblit pas, et de nouvelles formes de trading pourraient même accroître cette frénésie. En 2025, des options à très court terme, expirant en quelques heures à peine, pourraient être introduites sur Tesla. Ces produits dérivés, qui existent déjà pour les grands indices boursiers, sont extrêmement prisés par les traders amateurs en quête de gains rapides, bien que les risques soient encore plus élevés.
L’histoire de Christopher DeVocht est une illustration frappante des montagnes russes que peut représenter le trading boursier pour les particuliers. En un temps record, il est passé de la gloire financière à la ruine totale. Son cas met en garde contre l’illusion des gains faciles sur les marchés et souligne l’importance de la gestion du risque, même lorsque tout semble aller pour le mieux. Dans un environnement où les marchés sont de plus en plus volatils, l’histoire de ce menuisier devenu trader millionnaire, puis ruiné, rappelle que les paris en bourse, aussi lucratifs soient-ils, peuvent s’avérer aussi dévastateurs.
- Vues809