Portrait du Mois | Retrouvez Adrien Normand, Directeur Général et Fondateur d’Ecopia
Vous êtes diplômé d’HEC Paris en 2015 puis d’un Master in International Management (CEMS MIM) de la Global Alliance in Management Education.
Pouvez-vous revenir sur ces choix d’orientation quant à votre formation ?
En réalité, mes choix découlent de problématiques relativement courantes pour un futur bachelier : je voulais disposer de temps quant à ma future orientation… J’ai donc souhaité m’engager dans une filière généraliste par le biais d’une école de commerce.
J’étais un bon élève, je me suis dirigé vers un cursus d’excellence à travers la classe préparatoire qui m’a permis d’intégrer HEC. J’ai adoré mes études à HEC, du fait des nombreuses disciplines enseignées, et de la vie étudiante très épanouissante sur son campus ! Et j’ai bénéficié grâce à HEC, d’une proposition d’étudier à l’international, à travers le programme CEMS. Je me suis positionné sur ce double diplôme, et je suis allé à Stockholm afin de parfaire cette acquisition de compétences, et d’être ainsi à même de travailler en Europe.
La première partie de votre carrière professionnelle s’oriente vers le secteur financier. Vous travaillez pendant six ans dans le secteur de l’investissement, et notamment au sein d’un fonds d’investissement européen IK Partners ?
L’investissement, une discipline que j’ai étudiée à HEC, m’a passionné pour différentes raisons.
Déjà l’aspect technique, en effet l’investissement repose sur une discipline qui est la finance d’entreprise. Après l’obtention de mon diplôme CEMS, mon stage à la Société Générale m’a permis de réaliser mon souhait d’exercer cet aspect en entreprise, cela grâce à une équipe très technique sur les sujets de cette discipline. L’investissement est un secteur très diversifié (indépendamment de la finance). Il couvre aussi une dimension de stratégie d’entreprise, à travers l’approfondissement de thèses sur la croissance et le développement, des sociétés que l’on accompagne…
Par la suite, cette opportunité, de travailler dans l’investissement au sein de CIC Private Debt puis de IK Partners, a été assez déterminante et très révélatrice pour moi. Cette expérience a contribué à affiner mes goûts, en me rapprochant d’un secteur qui me touchait particulièrement, et en lien avec mon histoire personnelle familiale : l’éducation ! J’ai accompagné de nombreuses entreprises sur l’éducation, notamment sur les sujets de l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, etc. J’ai pu ainsi approcher l’enseignement supérieur, et développer une expertise sur les thèses de développement dans l’enseignement supérieur. Celles-ci sont à la fois très contraignantes et complexes, impliquant aussi de nombreuses parties prenantes.
Mon expertise, quant à l’étude de ces thèses de développement et aussi leurs mises en place opérationnelles, s’est révélée être un pari gagnant ! J’ai décidé alors d’entreprendre sur ce secteur-là, et ces compétences m’aident particulièrement au quotidien…
Vous décidez alors de créer Ecopia, une école dédiée aux métiers de la RSE. Un projet né d’un constat, d’une envie, d’un besoin ?
Je dirais des trois…
Cette envie est née durant le premier confinement lié à l’épidémie de Covid-19. Une période durant laquelle je me suis plongé dans des recherches sur les sujets environnementaux, puis sociaux et sociétaux. Et elles m’ont conduit à vouloir travailler sur ces thématiques et problématiques. Cette phase d’études, a donné lieu à un constat chiffré émanant de différents cabinets à l’époque : 67 % des managers RSE déclaraient être en pénurie de profils et 400 000 emplois allaient être créés d’ici 2030 sur les sujets de durabilité. J’ai participé aussi à plusieurs événements qui s’orientaient vers cette thématique de pénuries de profils, et des difficultés de recrutement notamment liées au déficit de compétences dans ce secteur.
J’ai compris alors ce double besoin. Celui sur le marché du travail du fait d’une pénurie de compétences. Mais aussi celui sociétal, puisque la durabilité est un sujet de thèse sociétale.
Sur ce double besoin, j’ai voulu agir ! Ce constat, sur cette pénurie de compétences, faisait parfaitement écho à l’expertise que j’avais développée en investissement, et qui consistait à travailler sur l’enseignement supérieur. L’une des façons de répondre à une pénurie de compétences, c’est l’enseignement supérieur.
J’ai entrepris afin de proposer une réponse à ces problématiques à travers cette école que j’ai fondée Ecopia.
Ecopia se veut d’être une école de la RSE pragmatique, avec quelles valeurs ?
Le mot pragmatique peut prendre deux sens.
Déjà, travailler sur la durabilité induit une mission sociétale. Ecopia est une école, et la première promesse d’une école réside dans sa mission d’employabilité envers ses étudiants.
La durabilité par nature, traite de nombreuses problématiques environnementales, sociales et sociétales. En face de cette réalité s’en situe une autre : celle de l’entreprise avec des objectifs et des besoins à court, moyen et long terme, et définis par des stratégies plus globales. Pour ces raisons, l’on a créé des cursus métiers afin que nos étudiants répondent au défi de la durabilité, en s’insérant parfaitement aux défis des entreprises.
Le deuxième sens du mot pragmatique est lié à la durabilité, une discipline en permanente évolution. Selon une étude publiée par Dell et l’Institut pour le futur, 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore. Lorsque l’on travaille sur une période de transition sociétale, cela signifie qu’Ecopia s’inscrit dans une démarche de permanente adaptation, et aussi de connexion à l’actualité de l’écosystème de l’entreprise ! Nous travaillons sur l’employabilité de nos étudiants sur les métiers de demain, mais par anticipation sur ceux d’après-demain…
De cette RSE pragmatique, découle un corpus de valeurs lié à la durabilité, et autour de l’une d’entre elles centrale l’éthique, très prisée aussi par les entreprises. Nous avons élaboré une charte de déontologie, elle doit être signée par l’intégralité de nos étudiants, du corps enseignant et de l’équipe. Elle prône des valeurs de transparence, comportementales et de respect. Elle a aussi pour objet de transmettre ce corpus de valeurs et de pérenniser nos relations dans un objectif commun. Les sujets de diversité, parité, inclusion sont respectés par l’ensemble des membres de l’école. Ce corpus de valeurs découle directement de la discipline enseignée, et de ce pragmatisme lié à la professionnalisation et l’intégration de nos étudiants.
Notre objectif est d’apporter les compétences et les expertises en durabilité à nos étudiants, cela pour les rendre acteurs de la transition et d’un impact au sein des entreprises donc au niveau sociétal.
Pouvez-vous évoquer les différents cursus proposés par votre école dont vous êtes le Directeur Général ? Quelles sont les conditions d’admission, et pour quels spécialistes d’aujourd’hui et de demain ?
Ecopia propose des cursus métiers. La durabilité traite de nombreuses thématiques, donc de nombreux métiers se situent sur cet écosystème. Ces métiers évolueront et d’autres seront créés. Notre école a vocation à s’adresser à l’intégralité de ces métiers.
Aujourd’hui, nous nous situons sur deux environnements métiers.
Le premier est celui du spécialiste RSE. Celui qui travaille en interne dans les directions RSE d’entreprises. Mais également le spécialiste externe qui accompagne les entreprises dans la transition, à travers des métiers comme le consultant RSE, en durabilité ou en environnement.
Le deuxième cursus métier est en lien avec l’écosystème produit. Des métiers comme l’écoconception, la communication et le marketing durable, etc. Les métiers aussi de commerciaux spécialisés dans la réponse aux critères à impact des appels d’offre, de project manager, etc.
En réponse à ces deux écosystèmes métiers qui sont nos points de concentration, découlent nos cursus. Nous proposons deux cycles : un Cycle Bachelor RSE & Développement Durable, et un cycle Mastère de Responsable RSE. Deux cursus intégralement dédiés à la RSE et au développement durable : Ecopia est une école spécialisée sur ces disciplines-là. D’un point de vue pratique, ces cursus vont proposer deux modalités : en présentiel et en distanciel. Pour ce qui concerne les admissions, elles sont accessibles pour le Bachelor après le Bac (Bachelor 1) ou avec un Bac +2 (Bachelor 3), avec un rythme initial ou en alternance en 3ème année, et pour le Mastère à partir du. Bac+3 (Mastère 1) ou Bac+4 (Mastère 2) en alternance.
La durabilité est une discipline assez protéiforme, cela signifie donc aussi une grande diversité de profils au sein de nos étudiants. Dans notre sélection, sont prises en compte les valeurs d’engagement et de volonté d’impact des postulants.
Aujourd’hui Ecopia qui dispose d’un campus à Paris et aussi en ligne doit sa réputation à une équipe pédagogique forte et réputée ?
L’équipe pédagogique est dirigée par mon associée Aude Serrano. Elle a une double compétence très forte à la fois sur les problématiques d’enseignement supérieur et sur les sujets de développement durable et de durabilité. Elle emmène une équipe d’une trentaine d’enseignants composée de deux profils distincts et complémentaires. Des personnes issues du milieu académique et dotées de cette expertise de pédagogie, mais également des professionnels du secteur travaillant de façon concrète en entreprise sur les sujets de RSE, de politique environnementale et sociale d’entreprise.
L’intégralité de cette pédagogie est fédérée autour de cette notion de pédagogie active. Au-delà de ses vertus prouvées pour l’acquisition de compétences des étudiants, elle leur permet d’être acteurs de leur apprentissage et de la transition en entreprise demain. L’intégralité de cette pédagogie repose sur trois piliers : penser impact, penser terrain, penser métier
Ecopia collabore avec un corpus de partenaires spécialisés travaillant directement avec les étudiants. À titre d’exemple, Enactus les accompagne sur des projets à impact tout au long de leur scolarité. Notre discipline est travaillée à la fois sur la dimension terrain et compétences.
Notre campus est situé à Paris dans le 13e arrondissement, pour la proximité avec un fort tissu d’entreprises dotées de fonctions centrales en RSE.
Ce campus n’est finalement que la première brique de la réponse à notre objectif : apprendre à faire la conduite du changement !
La RSE est une discipline de transition, et l’on doit embarquer des parties prenantes, donc des gens. Ce lien de proximité est essentiel. L’un des intérêts pragmatiques du contact étudiant réside dans le fait de se constituer un réseau professionnel. Il y a une vertu de communauté autour de l’école dans ce campus en présentiel. Le BDE Ecopians est une association étudiante qui coordonne ces échanges entre eux…
Le succès d’Ecopia, vous permet-il de vous projeter déjà vers le futur ? Avec quelles ambitions et avec quels moyens ?
L’intégralité des ambitions d’Ecopia est dirigée vers un objectif : apporter les compétences en durabilité, cela au plus grand nombre de nos étudiants afin de les rendre acteurs de la transition ! En réalité, nous commençons déjà à écrire notre futur…
Nous avons lancé un campus en ligne pour le Cycle Mastère. Le on-line est un outil de démocratisation extrêmement fort et rapide, il offre un accès aux formations donc à nos compétences en durabilité. Cela nous permet de commencer à travailler sur d’autres bassins d’emplois. À moyen terme, nous souhaitons développer notre extension géographique. Et lancer des campus Ecopia dans d’autres villes en France. Elles doivent répondre à un double critère : un bassin d’emplois et des étudiants potentiels.
Nous souhaitions aussi travailler sur le développement d’autres écosystèmes partenaires : pédagogiques, au niveau de l’employabilité donc les entreprises, et aussi de nouvelles parties prenantes.
Nous allons développer d’autres cursus métiers, Ecopia a vocation à intégrer l’ensemble des métiers de la durabilité.
Ma réussite serait d’avoir réussi à créer une école pour répondre à un besoin sociétal de transition. Plus nos étudiants seront nombreux, plus notre impact direct et indirect augmentera… La durabilité est une notion systémique par nature, on s’affranchit des limites d’une nation. Cette discipline se veut internationale, et l’on devra un jour se poser la question d’aller à l’international.
- Vues141