Proptech et industrie immobilière plus éco-responsable
Proptech et industrie immobilière plus éco-responsable
En 2022, malgré le resserrement monétaire, les incertitudes sur la croissance et le retournement des marchés actions notamment de la tech américaine, la proptech française (acronyme pour Property Technologies, solutions technologiques pour l’immobilier) a levé plus de 750 millions d’euros. Cette levée est la preuve de l’essor de cette filière et de son potentiel pour l’industrie immobilière française dans son ensemble au regard des changements structurels qui se sont opérés depuis la crise sanitaire : 282 millions d’euros avaient été levé durant la crise sanitaire, et plus du triple à 750 millions d’euros en 2021. Ces chiffres sont bien loin des 15 millions d’euros enregistré en 2015.
Toutes les solutions proptech, qu’elles soient spécialistes de l’exploitation du bâtiment, de la transaction, du financement ou du suivi de l’asset ou du property management, associent plus d’efficacité et de productivité sur les différents métiers ou secteurs de l’immobilier. Les proptech sont également actives dans la conception et la construction, design & built, soit en amont de la chaîne de valeur, voire dans la production de matériaux bas carbone. Pour être plus prosaïque, le spectre des innovations est très large : du jumeau numérique des bâtiments, pour optimiser la flexibilité des usages dans le temps aux Automative Valuation Models (AVM), technique d’optimisation de découverte de prix, à la décarbonation du patrimoine immobilier, le champ des possibles est immense.
Les proptechs sont aujourd’hui des partenaires des acteurs institutionnels, small, mid ou large cap. Elles ne sont plus considérées comme des solutions disruptives « one shot » : la collaboration, la coopétition et la co-construction de solutions s’inscrivent dans le temps, et l’industrie immobilière les a pleinement adoptées en liaison avec des business model consolidés. Pour tous les acteurs de l’industrie, entreprises immobilières (foncières cotées ou non), gestionnaires de véhicules immobiliers ou promoteurs, l’approche de chacun est d’opter pour des collaborations en architecture ouverte avec différents acteurs de la proptech en fonction de leurs besoins et contraintes. L’objectif pour les grands acteurs de l’immobilier n’est plus d’essayer de systématiquement répliquer des solutions innovantes en interne, en créant des labos ad-hoc pour reproduire des solutions identifiées comme performantes. L’objectif est de multiplier des collaborations ponctuelles ou pérennes selon les horizons des projets.
« L’histoire », depuis la dernière crise financière globale, démontre que les proptech sont des laboratoires de Recherche et de Développement au sens propre, avec une expertise hors-pair au regard des profils porteurs de projets. Qui plus est, cette diversité des profils permet une approche interdisciplinaire féconde pour accélérer l’innovation : de la gestion technique des bâtiments à l’étude de la dépréciation des matériaux liés aux risques climatiques, en passant par l’optimisation du financement, les solutions sont légion pour faciliter la gestion des actifs immobiliers et rendre l’industrie immobilière éco-responsable. Les proptech ont une écoute et une démarche qui permettent aussi de customiser les solutions en fonction des contraintes des différentes entités avec lesquelles elles collaborent. L’appétence des Venture Capitalist pour dénicher des opportunités d’investissement dans ce secteur en France reste élevée, notamment en raison de la transition climatique et de la réglementation qui se sont accélérées. Pour rappel, l’industrie du bâtiment est responsable à 40% de la consommation énergétique et de plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre. Les solutions tech, intelligentes, mesurables par le dépôt des brevets, notamment en matière de décarbonation, est en croissance spectaculaire depuis ces dernières années, comme en démontrent les données nationales. L’ensemble des proptech, qu’elle que soit leur thématique de prédilection de départ, ont intégré cette dimension de décarbonation. Aussi, cultivons la promotion et l’accompagnement de nos proptech françaises, pour qu’elles puissent continuer à se déployer pleinement, et cela en dépit d’un contexte économique plus difficile en 2023 : opposons ainsi la vision long terme à celle du court terme.
Béatrice Guedj, Directrice Recherche & Innovation de Swiss Life AM France et de Maximilien Nayaradou, directeur général de Finance Innovation
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