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La fausse promesse des ETF durables
Dans le monde de la finance durable, les investisseurs cherchent souvent à aligner leurs portefeuilles sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) tout en cherchant à générer des rendements positifs. Pourtant, une enquête récente menée par l'ONG Reclaim Finance met en lumière une réalité troublante : la grande majorité des fonds indiciels cotés (ETF) estampillés comme "durables" continuent de soutenir l'expansion des énergies fossiles.
La vérité derrière le masque vert
L'ONG Reclaim Finance a examiné 430 ETF en Europe se proclamant "durables" et a révélé que plus de deux tiers d'entre eux sont en fait exposés à des entreprises œuvrant dans le charbon, le pétrole ou le gaz. Cette constatation soulève des préoccupations majeures quant à la crédibilité des investissements durables et met en lumière le phénomène du greenwashing, où les sociétés de gestion donnent une image trompeuse de leurs produits.
Parmi les acteurs pointés du doigt, on retrouve de grands noms de la gestion d'actifs tels qu'Amundi, BlackRock, DWS, Legal & General Investment Management (LGIM) et UBS AM. Ces géants de la finance, malgré leur adhésion à des coalitions climatiques et leur engagement envers des politiques d'investissement durables, semblent faire peu pour éliminer les investissements dans les énergies fossiles de leurs portefeuilles.
L'ampleur de ce problème est d'autant plus préoccupante que les ETF connaissent une expansion fulgurante sur les marchés financiers. Avec des encours dépassant désormais ceux des fonds gérés de manière active, ces véhicules d'investissement deviennent une force dominante sur la scène financière mondiale. Pourtant, leur prétendue durabilité cache souvent une réalité bien moins reluisante.
Certains gestionnaires de fonds, comme Amundi, tentent de remédier à cette situation en demandant des indices sur mesure pour leurs nouveaux ETF durables. Cependant, cette démarche laisse de côté les produits déjà existants, qui continuent de représenter la majorité des actifs sous gestion. Cette pratique met en lumière un manque de transparence et d'engagement réel en faveur de la transition vers une économie plus verte.
L'appel à une régulation stricte face au laisser-faire des gestionnaires d'actifs
Face à ces révélations accablantes, l'ONG Reclaim Finance appelle les régulateurs à prendre des mesures strictes contre le greenwashing et à empêcher les gestionnaires d'actifs d'étiqueter leurs fonds comme "durables" s'ils investissent toujours dans les énergies fossiles. Cette demande s'accompagne d'une liste de mots-clés qui devraient alerter les investisseurs sur la véritable nature de ces produits, mettant ainsi en lumière l'importance d'une surveillance accrue de la part des autorités compétentes.
Pourtant, malgré les critiques, les gestionnaires d'actifs continuent de justifier leur maintien dans les entreprises du secteur des énergies fossiles en arguant que cela leur permet de peser sur leur transition énergétique. Mais les données des assemblées générales de ces entreprises révèlent un laisser-faire alarmant de la part de ces investisseurs.
Une analyse des votes lors des assemblées générales de 75 entreprises des énergies fossiles montre que la pression exercée par les gestionnaires d'actifs pour une transition climatique est pratiquement inexistante. Même si la majorité de ces gestionnaires sont membres de coalitions d'investisseurs comme Climate Action 100 + ou la NZAM, les actions concrètes en faveur du désinvestissement des énergies fossiles restent rares.
Pressions insuffisantes sur les entreprises émettrices
Certains progrès ont été observés, avec des résolutions "Say on climate" soumises aux actionnaires de grandes entreprises telles que TotalEnergies et Shell. Cependant, ces résolutions ont été largement adoptées malgré les préoccupations concernant la compatibilité des projets de ces entreprises avec les objectifs climatiques. Seules quelques sociétés de gestion, comme LGIM et Ostrum AM, ont osé s'opposer à ces propositions, mettant en évidence la nécessité d'une action plus ferme de la part de l'ensemble du secteur financier.
L'illusion des investissements durables persiste alors que la réalité révèle un soutien continu aux énergies fossiles de la part de nombreux ETF. Cette situation souligne l'urgence d'une réglementation plus stricte, d'une transparence accrue et d'un véritable engagement en faveur de la transition vers une économie véritablement durable. Les investisseurs et les régulateurs doivent travailler ensemble pour mettre fin à cette hypocrisie financière et promouvoir des pratiques d'investissement véritablement responsables et durables.
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