Bpifrance
Emmanuel Denoulet, Directeur d'Investissement Senior partage les ficelles du métier
Quel est ton parcours dans la maison ?
J’ai rejoint Bpifrance en 2013, aux débuts de ce que je considère comme une formidable réussite. Je suis venu à l’origine pour une mission de suivi de portefeuille au sein de l’équipe Mid-Cap. Cette mission réalisée, j’ai participé en 2014 au lancement du Fonds de Développement des Entreprises Nucléaires (FDEN) au sein du pôle Small-Cap, un fonds géré par Bpifrance et souscrit par les grands donneurs d’ordre de la filière électronucléaire française
Ayant eu la chance de travailler au sein d’une grande famille entrepreneuriale française, j’ai créé en 2016 le programme Capital Famille qui vise à renforcer nos liens avec la communauté Family Business que j’ai l’habitude d’appeler les familles entreprenantes.
Le fonds nucléaire ayant terminé sa période d’investissement, j’ai la joie de participer au lancement en ce moment du Fonds de Build-up International qui apporte une solution audacieuse et unique sur le marché aux entreprises françaises, nombre d’entre elles familiales, désireuses croître par acquisition à l’étranger.
En quoi consiste le métier d'investisseur ?
Le métier a 3 composantes : le sourcing, le deal making et l’accompagnement.
Cela consiste dans un premier temps à trouver et générer des opportunités de deals en sollicitant les entreprises de manière directe et indirecte.
Dans un second temps, réaliser un deal est d’une part un travail d’analyse et de négociation des termes juridiques et financiers avec toutes les parties prenantes (co-investisseur, vendeurs, managers) et d’autre part un travail de coordination avec nos conseils (avocats, auditeurs, consultants).
Une fois le deal réalisé, l’aventure de l’accompagnement commence. Nous sommes présents dans les organes d’accompagnement et entretenons des liens réguliers avec les équipes dirigeants afin de les faire réussir !
Comment appréhendes-tu le rôle d’un Directeur d’Investissement Senior chez Bpifrance ?
J’ai la responsabilité de trouver les opportunités, d’aller au bout les transactions et d’accompagner les dirigeants. Cela est uniquement envisageable en équipe.
Sur chaque opération et à chaque stade de vie de cette dernière, une task force composée de 3 ou 4 personnes (un ou deux DI + un ou deux chargés d’investissement et un stagiare), travaille au succès de l’opération. Chaque membre de l’équipe doit être omniscient sur tous les sujets et les rôles bien répartis afin de réussir.
Quelles sont les qualités dont tu as besoin en priorité pour exercer ta profession ?
Il y a bien entendu le background technique d’analyse stratégique / marché, finance et droit. Le relationnel, la diplomatie, le savoir-être, la psychologie sont indispensables pour interagir avec des patrons / actionnaires. Il faut savoir juger de l’adéquation équipe /projet et gérer des situations toujours très émotionnelles. L’enjeu est en effet toujours énorme pour les patron, surtout s’il s’agit de transmission !
A quoi ressemble ta journée-type ?
Il n’y a pas de journée type car nous visons au rythme de nos 3 occupations :
Le sourcing qui est toujours en toile de fonds car il faut toujours continuer à faire fonctionner la pompe pour trouver des opérations.
Les deals, toujours une dizaine en cours, n’en sont jamais au même stade et avancent à des rythmes souvent différents.
L’accompagnement est normalement un peu plus régulier car nous tenons entre 4 et 6 conseils par entreprises et par an. Au-delà des contact au moins mensuels avec les dirigeants, il peut y avoir des sujets particuliers qui demandent une mobilisation plus importante et parfois urgente : des décisions stratégiques comme des croissance externes par exemple.
Au global mon temps se répartit à 25% pour le sourcing, 50% pour l’investissement et 25% pour le suivi.
Quel conseil donnerais-tu à ceux qui veulent faire carrière dans l’Investissement ?
Je pense qu’il faut tout d’abord être passionné d’histoires entrepreneuriales et aimer le contact avec de fortes personnalités au destin souvent incroyable. Il faut ensuite acquérir les outils d’analyse que j’ai cités plus haut. La patience est importante car c’est un métier à maturation lente. Si le taux de succès d’une opération est faible, on apprend autant, si ce n’est plus quand on décide d’arrêter ou qu’on perd le deal.
Etre tenace est ensuite une qualité indispensable car chaque deal est un petit miracle tant les risques d’abandon ou d’échec sont nombreux (désaccord ou concurrence sur le prix et/ou les conditions d’investissement, due diligences non satisfaisantes …)
Au final, la compréhension et la bonne évaluation des individus est la première des préoccupations à avoir car c’est sur eux que repose le succès d’un bon deal. Un bon deal n’est pas seulement un deal closé mais se matérialise plus tard par la réalisation du projet et par les plus-value et le rendement qui en sont normalement une conséquence !
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