La dette privée en plein boom : BlackRock sur le coup
Le leader mondial de la gestion d'actifs frappe fort en lançant une nouvelle division : Global Direct Lending. Jusqu’ici discret sur le marché en pleine expansion de la dette privée, BlackRock affiche désormais ses ambitions.
« La dette privée est une priorité stratégique », déclare Rich Kushel, directeur du portefeuille d'activités de BlackRock, en annonçant mi-septembre la création de cette structure. Aux commandes de Global Direct Lending, Stephan Caron, directeur de la dette privée en Europe, aura pour mission de financer les entreprises de taille moyenne. Depuis la crise de 2008, la stricte réglementation bancaire a ouvert la voie aux sociétés de gestion dans le financement de l'économie. Aujourd'hui, le marché de la dette privée est en pleine effervescence, avec une taille projetée de 3 500 milliards de dollars d'ici 2028. Mais la compétition est rude. Des poids lourds comme Apollo Global Management, KKR, Blackstone et Ares Management y sont déjà solidement implantés.
BlackRock, bien que dominant le monde de la gestion d'actifs avec plus de 10 600 milliards de dollars sous gestion, ne pèse encore que 86 milliards d’euros dans la dette privée, soit 0,8 % de ses actifs. Un écart frappant face aux 500 milliards de dollars d'Apollo ou aux 320 milliards d'Ares. Historiquement centré sur des fonds cotés à faibles coûts (ETF), BlackRock joue aujourd’hui sur un autre terrain, plus discret mais bien plus lucratif : les actifs non cotés comme le capital-investissement, les infrastructures et l’immobilier. Bien que représentant seulement 1,3 % de ses actifs, ces segments génèrent 6,4 % des revenus du groupe. L’objectif ? Doubler ses revenus issus du non-coté pour atteindre 2 milliards de dollars d’ici 2028.
Pour y parvenir, BlackRock multiplie les offensives. Cette année, le géant a racheté Global Infrastructure Partners pour 12,5 milliards de dollars et Preqin, un fournisseur de données sur le non-coté. L'an dernier, c'était Kreos Capital, acteur de la dette privée en Europe, qui tombait dans son giron.
BlackRock cible également les grandes fortunes avec un partenariat stratégique annoncé ce mois-ci avec Partners Group, visant à créer des portefeuilles en capital-investissement, dette privée et immobilier pour les ultra-riches. Le non-coté attire désormais toute l’industrie de la gestion d’actifs. Capital Group et KKR ont déjà uni leurs forces pour commercialiser des fonds de dette publique et privée. Même les ETF, autrefois réservés aux marchés cotés, sont à l’aube d’une révolution. Des acteurs comme State Street, Virtus et BondBloxx ont déposé des demandes auprès de la SEC pour lancer des ETF sur de la dette privée. Le raz-de-marée s'annonce inévitable.
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