“ Un coup de massue ” pour les banques de Wall Street à Paris
L’annonce de la hausse des impôts sur les hauts revenus et les entreprises en France a fait l’effet d’un électrochoc pour les banques américaines installées à Paris. Depuis le Brexit, des milliers de financiers ont été transférés à la capitale française, séduits par un environnement fiscal stable et favorable. Cependant, cette décision bouleverse les plans des grandes banques comme Goldman Sachs et JP Morgan, qui avaient jusqu’alors soutenu les efforts d’Emmanuel Macron pour faire de Paris une place financière attractive. À New York, où Emmanuel Macron a tenté de calmer les esprits en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, les banques ont pris la nouvelle très au sérieux. « C’est un vrai coup dur pour l’attractivité de Paris », a déclaré un responsable d’une banque de Wall Street en France, soulignant que cette décision pose de nombreuses questions aux États-Unis. En dépit des efforts du président français pour présenter ces hausses comme des mesures temporaires liées au contexte économique européen, la réaction est amère.
Citi, qui continue de développer ses activités à Paris, se montre néanmoins prudente. « Nous restons très vigilants face à toute augmentation de l’impôt sur les sociétés ou sur les personnes physiques », a affirmé sa directrice générale, Cécile Ratcliffe. Elle insiste sur l’importance pour la France de rester compétitive face à ses voisins européens. Cependant, certains responsables anticipent déjà une baisse des transferts de personnel vers Paris, rendant la prochaine phase de relocalisation plus compliquée. En coulisses, l’inquiétude monte. « Coup de massue » et « retour en arrière » sont des termes qui reviennent fréquemment dans les discussions internes. Les banques craignent un retour à l’instabilité fiscale qui avait terni l’image de la France. La Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (CEHR), instaurée en 2011 et toujours en vigueur malgré son caractère temporaire, en est un exemple frappant. Aujourd’hui, cette taxe pourrait être encore durcie pour les contribuables gagnant plus de 500 000 euros par an.
En 2023, les grandes banques américaines ont déjà payé près de 300 millions d’euros d’impôts en France. Avec la nouvelle surtaxe, ces montants pourraient encore augmenter, notamment pour JP Morgan, qui a généré 1,9 milliard d’euros de revenus en France l’an dernier. Face à cette pression fiscale, certains projets de transfert d’activités sont déjà mis en pause. Bien que Paris reste un hub de trading important pour la Banque centrale européenne, d’autres places européennes, comme Milan ou Francfort, se montrent de plus en plus attractives. En fin de compte, les banques attendent avec nervosité les décisions finales du Parlement en décembre. Pour elles, la promesse de temporarité est cruciale, mais le passé montre que la France n’a pas toujours tenu parole en matière de fiscalité temporaire.
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