Découvrez l'interview exclusive de Nicolas Boure, Head of Life Actuarial
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis marié et père de trois enfants âgés de 11 à 23 ans. J’ai rejoint le groupe Allianz au vingtième siècle et j’y ai occupé successivement des fonctions d’actuaire non-vie, d’auditeur interne, de pilotage financier, de directeur financier d’une filiale d’Amérique du Sud, de directeur financier des Partenariats Vie puis de pilotage au sein de la direction technique assurances de personnes d’Allianz France. Depuis un peu plus d’un an j’anime la direction de l’actuariat vie d’Allianz France.
Comment avez-vous découvert les métiers de l’assurance ?
De façon un peu fortuite. A mon retour d’Afrique où j’avais enseigné 4 ans à la sortie de mes études, j’ai cherché du travail en ciblant les métiers de la finance. Une grande banque française et Allianz étaient en lice. J’ai choisi Allianz notamment pour son parcours de recrutement simplifié !
Quelles formations avez-vous suivi ? Pourquoi avez-vous choisi cette orientation ?
J’ai une formation initiale de statistique et d’économie. Cette double orientation répondait à mon goût des chiffres et des modèles mathématiques qui les produisent et à un intérêt marqué pour le comportement des acteurs économiques, beaucoup plus complexe à modéliser que les lois de la physique. Allianz m’a permis après quelques années de la compléter par une formation d’actuaire qui a ouvert mon esprit aux problématiques des assurances de personnes.
Pensez-vous que votre parcours a été un atout pour progresser dans l’assurance ?
Rétrospectivement je trouve que ma formation généraliste a été un atout. Bien avant solvabilité 2 elle m’avait familiarisé avec la plupart des thèmes et des outils utiles au pilotage financier et au pilotage des risques d’une entreprise d’assurance actuelle.
Pensez-vous qu’il existe un parcours idéal pour se diriger vers les métiers de l’assurance ?
Non je ne le pense pas, et moins encore aujourd’hui. La diversité des fonctions et des défis a toujours permis d’accueillir des profils très variés et de leur permettre d’évoluer. Il y a aujourd’hui plusieurs parcours très attractifs pour des experts touchant à l’expérience client, au traitement des données massives, au pilotage financier ou à l’innovation en matière d’offre et de service. Le secteur offre aussi des opportunités managériales très diverses. Ainsi par exemple chez Allianz France celle des écosystèmes mis en place en 2018 (Nouveau mode de fonctionnement qui a pour objectif d’accélérer la transformation de l’entreprise et développer ses parts de marché grâce à l’innovation. Il s’agit d’un nouveau mode de travail collaboratif et agile qui s’appuie sur l’intelligence collective d’équipes pluridisciplinaires (actuaires, spécialistes du marketing, commerciaux, informaticiens, souscripteurs, spécialistes de la relation client, etc.) et colocalisées, c’est-à-dire réunies dans un même espace de travail. Appelées "squads", ces équipes, constituées d’une dizaine de personnes, travaillent sur des projets centrés autour des besoins des clients actuels et à venir.
Pourriez-vous présenter l’assurance de votre entreprise aux membres de Dogfinance ?
Allianz, acteur mondial et leader européen de l’assurance, propose une offre complète qui couvre tous les besoins en assurance, assistance et services financiers des particuliers, professionnels, entreprises et collectivités. Avec près de 147 000 salariés dans le monde, Allianz est présent dans plus de 70 pays, au service de plus de 100 millions de clients.
Assureur généraliste, spécialiste du patrimoine, de la protection sociale, Allianz France s'appuie sur la richesse de son expertise et le dynamisme de ses 9 000 collaborateurs en France. Près de 7 000 intermédiaires commerciaux, agents, conseillers, courtiers, partenaires, conseillent et accompagnent 5,5 millions de clients qui font confiance à Allianz France.
Pourriez-vous m'expliquer votre métier au quotidien au sein de votre entreprise ? Les missions, challenges, votre environnement de travail ?
Une composante importante de mon activité consiste à accompagner les équipes d’actuaires que j’anime dans le processus de transformation en profondeur de leurs process et outils. Cette transformation est rendue nécessaire par l’exigence croissante du cadre réglementaire (qualité des données, renforcement du dispositif de contrôle…) et par la sophistication du cadre de pilotage financier d’une entreprise d’assurance : le déploiement d’un modèle interne sous solvabilité 2 hier, les normes IFRS17 et IFRS9 demain. Tout cela nécessite, pour être efficace et pertinent, une transversalité permanente entre équipes et entre les experts de ces équipes.
Quelles sont les opportunités présentes dans les métiers de l’assurance ?
Elles sont nombreuses et encouragées par la concurrence et l’environnement financier et réglementaire. Les exigences croissantes des clients et la nécessité de bien anticiper leur comportement, le pricing plus sophistiqué des garanties, l’évaluation des risques et même la production des comptes trimestriels nécessitent la mise en œuvre de techniques actuarielles et de puissances de calcul importantes et représentent autant d’opportunités de développement professionnel.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant souhaitant intégrer votre entreprise dans ce secteur ?
Sois ouvert à ces opportunités et à la variété d’expériences (de l’évaluation des risques financiers à l’expérience client par exemple), et suffisamment agile pour accompagner l’évolution constante des méthodes, des outils mais aussi celle des organisations de travail.
Peut-on dire que les métiers de l’assurance sont des métiers d’avenir ?
Certains métiers sont profondément transformés par les évolutions technologiques et la simplification des process. En revanche les métiers commerciaux, ceux qui contribuent à l’amélioration de l’expérience client ou ceux touchant à la modélisation et à l’évaluation mathématique des risques sont indiscutablement des métiers d’avenir.
À quels changements pensez-vous que ce secteur sera confronté ?
Si l’environnement de taux obligataires très bas puis négatifs entretenu par les banques centrales que nous connaissons depuis 5 ans se perpétue, il faut s’attendre à une accélération du mouvement de concentration des acteurs historiques déjà à l’œuvre en Europe, dans le cadre d’une refonte majeure de l’offre d’assurance en épargne et en retraite. Par ailleurs, les principaux changements auxquels le secteur est confronté sont liés à l’évolution du contexte technologique. L’un des impacts majeurs concerne la relation clients dans un contexte de digitalisation, de tarification personnalisée et de prestation à la demande.
Un dernier mot pour la fin ?
Le secteur de l’assurance est soumis depuis 5 ans à un double défi avec un environnement financier peu favorable et un cadre réglementaire très exigeant mis en place après la crise financière de 2008. Ces enjeux, conjugués à la nécessaire transformation des process existants pour répondre à l’évolution des attentes des clients, contribuent à l’émergence de nouvelles opportunités de développement professionnel sur le long terme.
- Vues2630