L’inflation au cœur des préoccupations
En effet, après plusieurs années de calme, l’inflation fait son grand retour dans toutes les régions du monde, dans les pays de la zone euro dont la France, comme aux Etats-Unis. La poussée inflationniste actuelle entame de manière significative le pouvoir d’achat des ménages. Elle est ainsi l’un des défis majeurs du second quinquennat d’Emmanuel Macron.
Qu’est-ce que l’inflation ?
L’inflation est une hausse continue du niveau général des prix des biens et services : une accélération de l’inflation signifie donc que la quantité de monnaie par rapport à celle des biens augmente, elle exprime ainsi une dépréciation du pouvoir d’achat de la monnaie (baisse de sa valeur). La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe l’économie nationale dans son ensemble (ménages, entreprises, etc.).
L’indice des prix à la consommation est utilisé pour évaluer l’inflation. Cette mesure est partielle étant donné que l’inflation couvre un champ plus large que celui de la seule consommation des ménages.
Une inflation trop forte peut avoir des effets négatifs sur l’économie. Effectivement, cela génère une dégradation de la compétitivité-prix des produits fabriqués sur le territoire par rapport à ceux conçus à l’étranger. Il en résulte une baisse de l’activité pour les entreprises domestiques pouvant entraîner des réductions d’effectifs et donc une hausse du chômage. Par ailleurs, une inflation élevée crée une incertitude quant au niveau futur des prix. Les entreprises se montrent alors prudentes en matière d’investissement, la rentabilité étant difficile à anticiper. Une inflation trop forte pénalise également les ménages qui subissent une perte de leur pouvoir d’achat. Ces derniers peuvent donc être amenés à réduire leur consommation pour maintenir leur niveau de vie actuel.
L’objectif des politiques monétaires menées par les grandes banques centrales est de maintenir une hausse régulière mais modérée du niveau général des prix. À ce titre, la Banque centrale européenne (BCE) se donne pour objectif de ramener à 2 % le taux d’inflation de la zone euro. Un niveau modéré d’inflation a des effets sur les entreprises en favorisant la prise de décision d’investir mais aussi sur les ménages puisqu’il les incite à placer leur excédent de liquidités plutôt que de les conserver sur leurs comptes bancaires.
Un choc d’offre et un choc de demande
Après des années de hausse très modérée des prix, l’inflation a atteint en 2021 son niveau le plus élevé depuis 13 ans. Par ailleurs, la guerre en Ukraine démarrée en février 2022 a clairement accentué ce phénomène de hausse des prix en Europe, avec notamment un coût de l’énergie en forte augmentation. Ainsi au 1er avril, en Allemagne, l’inflation atteint 7,6% sur un rythme annuel, un record depuis trente ans lié à l’explosion des prix énergétiques et de certains produits alimentaires. En Espagne, la flambée des étiquettes est encore plus marquée en mars : 9,8% soit la plus forte hausse depuis 37 ans, et une progression de deux points par rapport à février… La France s’en sort mieux avec une hausse des prix à la consommation de 4,5%.
La hausse de l’inflation en 2021 s’explique principalement par un choc de demande et surtout un choc d’offre. Tout d’abord, la période post confinement a été marquée par une très forte demande qui a entraîné une rareté pour certains biens (notamment électroniques du fait du développement du télétravail, et les matériaux de construction) et une forte hausse des prix de l’énergie avec le redéploiement de l’activité, stimulé par des plans de relance massifs.
La pandémie a également entrainé un choc d’offre, avec des problèmes de production et de transport des biens suite à la fermeture de certains ports en Asie, impactant alors fortement à la hausse les prix du fret. Nous avons alors assisté à des pénuries dans de nombreux domaines comme les semi-conducteurs qui ont également alimenté la hausse des prix.
Vers une hausse durable de l’inflation ?
Une fois les chocs d’offre et de demande absorbés, nous devrions néanmoins avoir des périodes avec des niveaux d’inflation plus élevés par rapport aux années passées pour plusieurs raisons :
- La hausse du prix des intrants avec la réorganisation des chaines de production et le coût de la transition énergétique : La dépendance des entreprises vis-à-vis de la production dans certaines zones géographiques s’est révélée de manière criante au travers de nombreuses pénuries. Cela va pousser les entreprises à diversifier et réorganiser leurs chaines de production et induire un coût associé qui poussera à la hausse le prix des intrants. La nécessité de la transition énergétique risque aussi d’influer sur les modes de production en générant une pression haussière sur les prix.
- La situation de l’emploi aux Etats-Unis en amélioration continue et une situation de quasi plein-emploi impactant à la hausse le niveau d’inflation.
Néanmoins, la hausse de la productivité liée à l’adoption des nouvelles technologies, phénomène accéléré post-Covid, constitue un élément modérateur à la hausse de l’inflation.
Le consensus établit que l’inflation devrait s’établir à un niveau nettement supérieur à ce que nous avons connu au cours de la dernière décennie. On pourrait raisonnablement tabler sur une inflation à 7% en moyenne sur l’année aux États-Unis. Pour la zone euro, il faut se baser sur un niveau moyen de 6,5% au titre de l’année. Nous connaissons cependant des pics proches de 9% en cours d’année.
La guerre en Ukraine est bien évidemment un élément contributeur à cette forte hausse de l’inflation. Les conséquences du conflit sont nettement visibles sur le prix des matières premières, notamment sur le prix de l’énergie.
Quelle allocation dans ce contexte inflationniste ?
L’inflation crée un environnement haussier sur les taux du fait de l’action des banques centrales, donc un environnement baissier pour les obligations de bonne qualité. A terme, le poids de la dette des états et un niveau modéré de croissance devraient maintenir les taux à un niveau modéré et donc peu porteur pour les actifs obligataires.
Les obligations de bonne qualité ne présentent plus de perspectives de rendement favorables et les rendements ajustés de l’inflation vont générer de manière plus ou moins certaine un appauvrissement de l’épargnant. C’est notamment le cas du fonds euro qui doit être évité comme source de création de valeur dès que l’horizon d’investissement est supérieur à 3 ans. Dans l’ensemble, l’inflation élevée limite l’action potentielle des banques centrales même si le durcissement monétaire reste pour l’instant d’actualité.
Plus de volatilité et moins de rendements …
Le cycle reste certes positif pour les actions dans la mesure où elles rémunèrent encore le capital via les dividendes et la croissance attendue des bénéfices. Néanmoins nous pouvons nous attendre à plus de volatilité et moins de rendement à court terme sur cette classe d’actifs, dans un contexte de resserrement monétaire. Il convient de privilégier les actions à fort Pricing Power c’est-à-dire les sociétés qui sont capables de répercuter la hausse des prix sur les prix de vente, sans impact négatif sur leurs marges.
Dans ce contexte, l’allocation globale d’actifs reste la réponse adaptée face à la nécessité d’apporter des solutions de décorrélations aux marchés actions pour apporter plus de résilience au portefeuille. Les actifs non cotés répondent en partie à cette problématique. Par exemple, le Private Equity permet de capter la prime d’illiquidité de l’investissement dans des entreprises non cotées. La classe d’actif permet d’obtenir un rendement supérieur à celui des marchés côtés, mais aussi moins volatil. Vos fonds sont ainsi investis dans des entreprises de croissance portées par des tendances séculaires et qui peuvent absorber des risques exogènes (inflation, géopolitiques) tout en continuant à générer de la croissance et du rendement pour l’investisseur. Le Private Equity permet ainsi un élargissement de l’univers d’investissement au non coté. La clef d’un investissement réussi reste en revanche liée à la sélection des meilleurs gérants de l’univers du non coté pour assurer la maitrise des risques et donc à terme la croissance du capital.
Toujours du côté des actifs réels, la classe d’actifs immobilier constitue une protection contre l’inflation. L’immobilier permet l’accès à un univers d’investissement large et des thématiques variées adaptées au profil des investisseurs et décorrélé des autres classes d’actifs.
En conclusion la combinaison des actifs cotés et des actifs réels permet des portefeuilles plus robustes et des perspectives de rendement plus attractives.
Rédigé par Nicolas Boutry & Sandra Craignou – Expertise Investissement Financier
Les informations présentées ci-dessus ne constituent ni un élément contractuel, ni un conseil en investissement. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.
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