




Mondialisation et confinement : l’étonnant contexte du Luxembourg

Ouverture sur l’Europe. Nous avons interrogé quelques dirigeants pour comprendre davantage le contexte particulier et unique du Luxembourg. Comment les entreprises luxembourgeoises se sont adaptées pour concilier culture transfrontalière et confinement ?
Adapter son quotidien très rapidement
Romain Gossent, DRH de la banque East-West United Bank « Nous sommes en pleine phase de transformation digitale au sein de la banque. Il y a eu un accélérateur de mise en place de solutions afin de pouvoir pallier à cette utilisation probablement abusif jusqu’à présent de papier. Ce qui a engendré un travail organisationnel en amont beaucoup plus important.»
Cédric Doppagne, Directeur Commercial chez Eurocaution, acteur spécialisé du secteur immobilier, nous raconte comment son équipe à su réadapter son quotidien également : « On a profité de cette période pour réaliser les choses que l’on n’a jamais le temps de faire, à savoir la réorganisation interne, nos process, redonner des formations à certains, refaire un peu le tour de son portefeuille et analyser la situation. »
Fabrice Croiseaux, CEO de l’entreprise de service numérique InTech nous évoque ses interrogations quant aux nouveaux modes de travail « On a l’impression de travailler plus finalement et avec plus d’intensité. Il faut voir dans la durée comment cela s’inscrit pour remarquer le côté positif ou négatif. Pour autant, je ne pense pas que cela soit tenable sur le long terme. »
Un nouveau rapport à l’humain
Cedric Doppagne d’Eurocaution nous partage également son ressenti « Pour moi c’est quelque chose d’extrêmement positif, on observe que pendant cette période, beaucoup de gens ont été obligé de lever le pied par rapport à leur activité. Je trouve qu’il y a eu un facteur beaucoup plus humain que dans les temps passés. »
La problématique est d’actualité au sein même des groupes, comme nous raconte Romain Gossent, DRH de la banque East-West United Bank « nous restons des Hommes et le lien social est important. On a en effet une population très internationale avec certain aux schémas familiaux ou les deux époux travaillent dans des pays différents. Et c’est vrai que la distanciation sociale n’est pas qu’un geste barrière mais une difficulté aussi au quotidien. »
L’impact de la crise sanitaire sur le recrutement
Fabrice Croiseaux, CEO d’InTech nous commente sa vision des conséquences sur le recrutement « Dans l’absolu, tout le monde a arrêté de recruter, et ce pour 2 raisons. Premièrement par praticité mais aussi car au Luxembourg, comme en France, les entreprises ont recours au chômage partiel. Or, pour faire appel à cette aide, il est très difficile de justifier un recrutement. Pour autant, d’un point de vue opérationnel, le raisonnement n’est pas toujours logique mais économiquement parlant, mettre des personnes au chômage partiel et être remboursé mais continuer des recrutements à côté est délicat. On peut comprendre, mais c’est un raisonnement assez court. »
Romain Gossent, DRH dans le secteur bancaire nous commente son ressenti au sein d’East-West United Bank « L’impact sur le recrutement est un retardement. Nous n’avons pas arrêté nos recrutements. Nous continuons de recruter, d’avancer, de discuter avec des candidats, à leur proposer des offres pour qu’ils nous rejoignent. »
Est-ce le bon moment pour trouver des opportunités à Luxembourg ?
Fabien Vrignon, CEO de Keytrade Bank nous résume la situation actuelle de sa banque « Il n’y a pas tellement eu d’impact sur nos recrutements. Seul un recrutement a été reporté mais seulement d’un mois pour mieux permettre l’arrivée et l’accueil dans de bonnes conditions. »
Finalement, à plus large échelle, le secteur financier a eu tendance à freiner ses processus de recrutement lors du début de la période du confinement. Les secteurs de l’industrie et des télécommunications sont pour autant restés relativement actifs.
Et après ?
La question se pose pour tous. Alors que le déconfinement s’opère progressivement, beaucoup de questions surviennent.
Fabien Vrignon, CEO de Keytrade Bank nous expose les problématiques liées au management à distance « En tant que manager, la difficulté est surtout de garder le contact, privilégier le télétravail qui est bien à court terme. Néanmoins on ne sait pas combien de temps cela va durer réellement, il peut y avoir des rechutes, et il faut s’assurer de garder le lien étroit avec les collaborateurs, ce qui n’est pas toujours facile. Chaque manager se doit de se repenser par rapport à cette nouvelle phase. »
Cedric Doppagne, Directeur Commercial chez Eurocaution « Je pense qu’il peut y avoir un très bon après, mais qui va être compliqué économiquement parlant. En prenant mon exemple, étant Belge et travaillant à Luxembourg, le fait d’être confiné chez moi a été un point positif de la situation. J’espère que le télétravail sera quelque chose de retenu par les entreprises et les gouvernements car cela fonctionne. Cela améliorerait nettement la qualité de vie en termes de temps de transports, qualité environnementale, etc. »
Enfin, Fabrice Croiseaux, CEO d’InTech, nous partage ses interrogations quant à la suite « Sur le long terme, la situation économique va faire de lourdes conséquences. Pour autant, ce n’est pas pour cela qu’il faut être négatif sur le marché du recrutement. A un moment donné, il faudra bien se remettre au recrutement quand le marché repartira. A plus moyen terme, je me pose une question : comment la crise va changer la façon de travailler ? Est-ce qu’il y aura beaucoup moins de contrat à durée indéterminé et les gens ferons appel à davantage de CDD ou contrat Freelance ? ».
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