Facture à 350 millions : les inondations mettent à mal les assureurs
Les 17 et 18 octobre, la dépression Leslie a provoqué des pluies diluviennes dans plusieurs régions de France, causant des inondations massives. En seulement quelques heures, des précipitations équivalentes à plusieurs mois de pluie se sont abattues sur le Centre-Est, le Sud-Est et l'Île-de-France. Ces crues soudaines ont dévasté des zones déjà fragilisées, laissant derrière elles d’importants dégâts matériels et humains. Les dommages sont évalués entre 350 et 420 millions d’euros selon la Caisse centrale de réassurance (CCR). Cet organisme public, qui partage avec les assureurs privés la charge des indemnisations en cas de catastrophe naturelle, estime que près de 35 000 sinistres seront enregistrés. Les inondations entrant dans le champ des catastrophes naturelles éligibles au régime « cat nat », la CCR devra prendre en charge la moitié de ce coût.
Le modèle d’assurance public-privé, qui couvre les catastrophes naturelles, est mis sous tension par la recrudescence des événements climatiques extrêmes. Ce système unique en Europe permet aux assureurs et à la CCR de partager les coûts en cas de sinistres exceptionnels, mais l'augmentation continue de ces événements met en péril sa viabilité. La multiplication des catastrophes naturelles remet en cause l'équilibre de ce modèle autrefois protecteur. Les inondations pourraient encore s’aggraver dans les jours à venir. La CCR alerte que si de nouvelles précipitations surviennent, notamment dans le Sud-Est où des pluies sont déjà annoncées en fin de semaine, elles risquent de provoquer de nouvelles crues, les sols étant déjà saturés d’eau. Le coût total de cet épisode cévenol pourrait donc être réévalué à la hausse.
L’intensification des précipitations est liée au réchauffement climatique. Lors du passage de Leslie, entre 650 et 700 millimètres de pluie se sont abattus en seulement 48 heures sur des sols déjà détrempés depuis mi-octobre. À Paris, l’équivalent de deux semaines de pluie est tombé en une heure, entraînant des débordements de rivières et canaux. Cet événement a suivi de près la dépression Kirk, qui avait déjà causé d’importants dégâts dans 35 départements quelques jours plus tôt. Le réchauffement climatique est à l’origine de ces épisodes météorologiques extrêmes, qui deviennent de plus en plus fréquents et violents. En réponse à cette menace croissante, la CCR a annoncé la création d’un observatoire de l’assurabilité, qui visera à mieux comprendre les zones les plus vulnérables et à affiner les stratégies de prévention et de couverture des sinistres dans un contexte de changement climatique toujours plus marqué.
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