La Défense : près de la moitié des bureaux vides dans 10 ans
Le quartier d’affaires de la Défense est à un tournant crucial de son histoire. Selon l’Association des utilisateurs de la Défense (AUDE), le modèle actuel touche à sa fin et des actions rapides sont nécessaires pour éviter une crise majeure. Si rien n’est fait, le taux de vacance des bureaux pourrait exploser à 39 % d'ici 2034. « Nous sommes à la fin d’un cycle », avertit Cédric de Lestrange, administrateur de l’AUDE, qui réunit 66 membres, allant de grands groupes comme Allianz et TotalEnergies, à des PME et écoles d’enseignement supérieur. L'association appelle à une transformation profonde du quartier pour maintenir son attractivité.
Une étude commandée à Deloitte, dévoilée mardi, dresse un constat alarmant : le taux de vacance des bureaux a déjà grimpé à 14,7 % et même à 19 % en incluant les surfaces non commercialisées, contre 4,6 % en 2019. Pire, si aucune mesure n’est prise, ce chiffre pourrait bondir à 39 % d’ici dix ans.
Le marché est sous pression. « Les propriétaires de tours obsolètes risquent de geler leurs projets de réhabilitation, en attendant des jours meilleurs », explique Géraud Colcombet de Deloitte. Le télétravail et l’optimisation des mètres carrés ont déjà frappé fort : loyers en baisse, dévalorisation des bâtiments, et réhabilitation devenue économiquement difficile. Avant la pandémie, une tour vide se valorisait à 6 400 euros par mètre carré ; aujourd’hui, ce chiffre s’effondre à 233 euros.
La situation est critique, avertit Cédric de Lestrange. La Défense représente bien plus que 40 milliards d’euros de valeur immobilière. C’est un symbole de l’attractivité française. Avec une vacance croissante, les recettes de l’établissement public Paris-La Défense pourraient s’effondrer, entraînant une dégradation du cadre de vie pour les 180 000 salariés, 70 000 étudiants et 50 000 habitants du quartier.
Pour limiter les dégâts et stabiliser la vacance des bureaux à 12 % d’ici 2034, la Défense doit diversifier son offre. Exit le tout-bureaux : l’avenir passe par un quartier mixte avec des commerces, restaurants, salles de sport, équipements culturels et logements. Ce changement est déjà en marche, notamment grâce à l’appel à projets « Empreintes », qui prévoit des résidences étudiantes et du coliving pour les actifs.
L’AUDE souhaite également transformer la Défense en « campus de l’innovation et de la connaissance ». Des efforts sont déjà visibles avec l’installation d’écoles supérieures, de centres de formation et d’incubateurs. Le « Campus Cyber », inauguré en 2022, en est l’exemple pionnier. Mais il faut aller plus loin. Deloitte propose plusieurs mesures : réduire les quotas de logements sociaux lors des réhabilitations de tours, exonérer les propriétaires de taxe foncière pendant les travaux, ou encore créer une foncière publique pour faciliter l’investissement.
Ces idées sont loin de faire l’unanimité. Jacques Kossowski, maire de Courbevoie, s’insurge déjà contre la proposition de transférer une partie des recettes fiscales des collectivités locales à l’établissement public Paris-La Défense. « Nous versons déjà 38 millions d’euros par an à l’État. Pas question de donner plus », avertit-il.
Face à l’urgence, l’AUDE et Deloitte appellent à une action rapide pour éviter l’effondrement du premier quartier d’affaires d’Europe.
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