Piégé par le FBI grâce à une nouvelle crypto
Trois sociétés spécialisées dans les cryptomonnaies ont été démasquées alors qu'elles s'apprêtaient à manipuler artificiellement la valeur d'un jeton. Ce qu'elles ignoraient, c'est que cette cryptomonnaie n'était qu'un piège soigneusement conçu par le FBI dans le cadre d'une opération d'infiltration à grande échelle. Ce piège sophistiqué avait pour objectif de cibler et de démanteler des réseaux de fraudeurs opérant sur le marché des cryptos, adeptes de la manipulation des cours et des transactions fictives.
Une opération d'infiltration du FBI piège trois sociétés crypto en pleine fraude
Le FBI a utilisé la stratégie de l'« agent provocateur », une méthode vieille de plusieurs siècles qui tire ses origines de l'espionnage au service des monarchies. Le terme désigne des agents infiltrés dans des organisations suspectes pour recueillir des informations et, dans certains cas, encourager leurs membres à commettre des actes illicites justifiant leur arrestation. Si cette tactique a évolué à travers les âges, elle s’est parfaitement adaptée aux nouvelles technologies, comme la blockchain.
Le mercredi 9 octobre, le FBI a officiellement révélé avoir créé et lancé sa propre cryptomonnaie, le NextFundAI (NEXF), sur la blockchain Ethereum. Ce jeton a été spécifiquement conçu pour attirer des acteurs du marché soupçonnés de fraude. Les agents fédéraux ont ensuite approché plusieurs teneurs de marché suspects, leur proposant de manipuler le cours du NEXF afin d’en gonfler artificiellement la valeur. Cette opération visait à exposer des activités illégales de « wash trading », une méthode frauduleuse qui consiste à simuler des transactions pour donner une illusion d’activité accrue sur un actif et en influencer le cours.
L'« agent provocateur » du FBI : une technique ancienne adaptée à la blockchain
Les résultats de cette opération sont spectaculaires. Plus de 25 millions de dollars en cryptomonnaies ont été saisis par les autorités, et plusieurs robots de trading, responsables de transactions frauduleuses sur environ 60 cryptomonnaies, ont été mis hors service. Les procureurs ont expliqué que l'enquête avait démarré par une demande d'information de la SEC (Securities and Exchange Commission) concernant la société Saitama. Cette entreprise était soupçonnée d’avoir sollicité des teneurs de marché pour manipuler le prix de son propre jeton, poussant ainsi sa valeur à un sommet de 7,5 milliards de dollars. Le FBI, en infiltrant ces réseaux, a proposé à ces mêmes teneurs de marché d’utiliser leurs services pour faire grimper artificiellement la valeur du NextFundAI.
C’est à ce moment que trois sociétés — ZM Quant, CLS Global et MyTrade — ont mordu à l’hameçon. Leur implication a permis aux enquêteurs de remonter jusqu’à un vaste réseau de robots traders, responsables de millions de dollars de transactions frauduleuses sur le marché des cryptomonnaies. Les autorités ont précisé que, bien que le jeton NextFundAI ait effectivement été échangé sur les plateformes, il avait été rigoureusement surveillé afin de limiter les risques que des investisseurs particuliers ne l’achètent avant que les échanges ne soient désactivés.
Manipulation et « wash trading » : comment le FBI a démasqué un réseau de fraude sur le marché des cryptomonnaies
Cette opération a mis en lumière une technique boursière ancienne, adaptée aux cryptomonnaies modernes : le « wash trading ». Ce stratagème, qui remonte aux premiers marchés financiers, consiste à exécuter une série d'ordres d'achat et de vente sur le même actif pour en gonfler artificiellement le volume de transactions. Ce volume élevé incite d'autres investisseurs à acheter, pensant qu'il s'agit d'une opportunité (c'est la phase de « pump »). Une fois que le prix a suffisamment grimpé, les fraudeurs vendent alors leurs positions, provoquant une chute brutale du prix (le « dump »), laissant les autres investisseurs avec de lourdes pertes. Joshua Levy, procureur fédéral par intérim du Massachusetts, a commenté que le « wash trading » est une pratique interdite de longue date sur les marchés financiers. Cette affaire, selon lui, illustre parfaitement comment une technologie de rupture, comme la cryptomonnaie, peut se retrouver mêlée à des arnaques vieilles de plusieurs siècles, comme le « pump and dump ». Levy a également souligné l’importance pour les régulateurs et les forces de l’ordre de rester vigilants et de s’adapter aux évolutions rapides de l’industrie des cryptomonnaies, tout en appliquant les mêmes principes et règles qui régissent les marchés financiers traditionnels.
Cette affaire démontre que, bien que les cryptomonnaies aient introduit une révolution dans le monde des finances, elles ne sont pas à l'abri des vieilles méthodes de manipulation et de fraude. Le FBI, en utilisant la blockchain elle-même pour tendre un piège aux fraudeurs, a prouvé que les autorités ont également su s'adapter à ces nouveaux outils. Grâce à des opérations sophistiquées d'infiltration, elles sont désormais capables de cibler efficacement les acteurs malveillants de cet univers numérique en constante expansion.
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