Regards croisés de Femmes en finance au sein de KPMG
Mahtilde : Bonjour, je suis Mathilde Caraud, senior manager chez KPMG en audit, dans le département Industrie. J'ai commencé ma carrière chez KPMG en 2014 et j’ai en charge la coordination de l'audit d’un constructeur aéronautique européen pour les composants de KPMG dans le monde.
En parallèle, je suis Performance Manager. Je m'occupe de la gestion de carrière d'une dizaine de collaborateurs, de la fixation d'objectifs aux promotions et attributions de bonus.
Je suis également référente ESG pour mon département. J’accompagne nos clients à répondre aux nouvelles exigences des standards européens. Et je suis diplômée du DEC, diplôme d'expertise, depuis un an.
Aurore : Bonjour, je suis Aurore Launay, manager dans l'équipe Valuation & Business Modelling, dont le métier consiste à effectuer des évaluations de sociétés ou d’actifs dans tous les contextes qu’ils soient transactionnels, fiscaux et comptables.
J'ai intégré l'équipe Valuation & Business Modelling de KPMG en février 2019. Je suis également Performance Manager au sein de mon équipe.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Mathilde : Je suis un « baby KPMG », je suis rentrée au cabinet après un stage de césure en 2012, dans le département dans lequel je suis actuellement.
Ça m'a plu et j'ai donc décidé de revenir à la suite de mes études, d’autant plus que j'avais envie d'entrer dans un cabinet international, pour partir ensuite à l'étranger.
J’ai travaillé 3 ans au sein du bureau de KPMG à Paris et dès mon année de junior, j’ai émis le souhait de partir à l'étranger, plus particulièrement en Allemagne.
Après mon année de senior, j'ai pu partir au sein du bureau de KPMG Munich pour une durée initiale de 2 ans que j'ai étendue à 3 ans.
C’était une très belle expérience aussi bien humaine que professionnelle, on apprend à sortir de sa zone de confort, à aller vers les autres et à persévérer.
À la suite du Covid, j'ai repris mes activités en France en tant que manager. J'ai été deux ans manager sur un groupe leader de la construction durable. Après avoir été promue au poste de senior manager en octobre 2022, j'ai pu réintégrer dans mon portefeuille de clients, le groupe pour lequel je travaillais en Allemagne, basé en région, tout en résidant à Paris.
Aurore : J’ai commencé ma carrière en Audit, comme Mathilde, pendant 3 ans. Ensuite, j’ai rejoint un autre cabinet à Paris en Transaction Services pendant 1 an et demi. Après ces 2 expériences j'ai décidé de poursuivre ma carrière dans le conseil en me spécialisant dans le métier de l’évaluation chez KPMG.
Ces différentes expériences ont nourri un certain degré de polyvalence que j’aime transmettre aux collaborateurs avec lesquels je travaille et me permettent de porter un regard un peu différent sur les problématiques que l’on traite.
Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans le secteur de la finance ?
Aurore : Je n’ai rencontré aucun frein sur le fait d'être une femme dans les différents métiers que j'ai pu exercer depuis le début de ma carrière. Je trouve qu’il y a une prise de conscience sur le manque de représentation des femmes dans nos métiers.
KPMG s’investit sérieusement dans l'inclusion des femmes, cherchant à comprendre pourquoi il est difficile d'atteindre une parité entre hommes et femmes. Dans le conseil, un des problèmes identifiés est la moindre quantité de candidates par rapport aux candidats dès le recrutement. Nous avons environ 40% de femmes des grades de juniors à assistant managers.
Il est reconnu que les considérations liées à la vie personnelle et à la parentalité jouent un rôle, mais en 2024, ces aspects ne sont plus l’apanage des femmes. Si les conditions sont réunies pour que les hommes soient en mesure de continuer leur carrière dans le conseil chez KPMG, au-delà du grade de manager, je confirme que c’est également une réalité pour les femmes.
Au sein de KPMG la parité est une priorité pour la direction, il n'existe pas de barrières invisibles, ni de discrimination dans les promotions.
Mathilde : Je partage entièrement le point de vue d'Aurore. Dans le domaine de l'audit, les statistiques montrent généralement un équilibre initial de 50% de femmes et 50% d'hommes. Cependant, à mesure que l'on progresse vers des postes de management et au sein du groupe, la disparité devient plus marquée. Effectivement, dans mon département, il n’y a que 5 femmes senior managers pour 17 hommes, c’est un chiffre significatif.
Le cabinet est pleinement conscient de cette problématique de parité et prend des mesures sérieuses pour accompagner ses salariées dans leur projection au sein de l'entreprise et leur accession à des postes de responsabilité.
Nous bénéficions d'un excellent soutien, illustré notamment par la mise en place de deux programmes de leadership au féminin destinés à encourager l'égalité des genres et à soutenir les carrières des femmes au sein de l'entreprise auxquels j'ai pu participer.
Le premier, "Programme Émergence", est un programme interne dédié aux collaboratrices issues de différents départements, dont j’ai bénéficié il y a deux ans. Pendant une période de 6 à 9 mois, avec une coach et des mentors internes, nous avons travaillé sur diverses problématiques professionnelles, sur ce qui nous anime, nos intentions et comment le « mettre en musique » et gagner en confiance pour atteindre nos objectifs.
Le second programme, "Eve", initié par Danone, dont KPMG est partenaires depuis l’origine, rassemble plusieurs entreprises partenaires. Il vise à inspirer et à dynamiser ses participants (80% de femmes et 20% d'hommes), offrant un espace de réflexion sur la carrière professionnelle et la vision à long terme. J’y ai participé en octobre dernier et j’en suis revenue avec une énergie renouvelée et une perspective élargie sur mes activités quotidiennes.
Aurore : Au sein de la branche Deal de KPMG, nous avons aussi initié, il y a un peu plus d'un an, une initiative spécifique : "Woman in Deal" qui rassemble des femmes de tous niveaux hiérarchiques qui partagent un intérêt pour les questions de parité dans notre secteur d'activité.
C’est un espace d’échanges qui met en lumière les parcours professionnels des femmes au sein de l'entreprise pour améliorer la représentation féminine dans les métiers du deal. Nous abordons différents thèmes, au travers de rencontres avec des intervenants externes et internes y compris avec des associées qui partagent leurs expériences et conseils.
"Woman in Deal" s'engage également dans des initiatives de recrutement. En collaboration avec l’équipe des relations écoles, le groupe explore notamment différentes stratégies pour attirer des femmes depuis les formations universitaires, notamment à travers des actions ciblées vers les étudiantes en Master.
KPMG a aussi mis en place une politique de parentalité, qui transcende les distinctions de genre et bénéficie à tous les parents. L'initiative de la semaine de travail de quatre jours, introduite l'année dernière, illustre cet engagement. Pendant six mois, après un congé maternité/paternité, les collaborateurs/collaboratrices peuvent travailler quatre jours par semaine tout en conservant une rémunération intégrale.
Cette politique souligne la reconnaissance par KPMG et l'importance de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Elle est d'autant plus significative pour les collaboratrices, dans la mesure où les statistiques indiquent que les femmes ont tendance à quitter leur emploi à des moments clés de leur vie personnelle, notamment lorsqu'elles envisagent d'avoir un enfant par crainte de ne pas réussir à concilier leurs responsabilités professionnelles et personnelles.
Dans vos métiers, faut-il des compétences particulières en tant que femme ?
Mathilde : Pour moi ce qui est clé, c’est la communication, croire en soi et persévérer.
Il ne faut pas hésiter à dire ce qu'on veut, à s'exprimer c'est primordial pour évoluer dans une entreprise.
Il faut être bon dans son métier, mais pour évoluer, ce n’est pas suffisant, il faut aussi savoir exprimer ses envies.
Je pense que parfois les femmes sont plus en difficulté que les hommes sur ce sujet, car certaines ont besoin de se sentir légitimes pour affirmer leurs ambitions, là où la plupart des hommes osent plus.
Aurore : Les compétences techniques sont exigées de tous. La différence réside dans l'approche et le comportement des femmes en milieu de travail, en particulier en ce qui
concerne la prise d'initiative pour les promotions. De manière générale, les femmes sont plus hésitantes à exprimer leur désir d'avancement par rapport à leurs homologues masculins, qui peuvent se montrer plus audacieux.
Dans cette perspective, je dirais donc d’encourager les femmes à "oser davantage" et à "communiquer" leurs ambitions.
Pour conclure quelle(s) femme(s) vous inspire(nt) le plus ?
Mathilde : De nombreuses femmes ont eu un impact inspirant à différents moments de ma vie professionnelle. Je peux citer ma maîtresse de stage chez KPMG en 2012, qui avait réalisé un transfert en Australie, et qui a éveillé en moi le désir de vivre une expérience à l'étranger.
Je peux également citer ma supérieure actuelle, qui est une source d'inspiration quotidienne. Signataire de plusieurs groupes du CAC40, tout en ayant des qualités humaines et une écoute attentive, elle est pour moi un modèle de leadership inspirant et motivant.
Enfin, je citerais une amie proche rencontrée à l'EDHEC, qui a toujours eu pour ambition de rejoindre l'armée, malgré un parcours initial en littérature. Après ses études en école de commerce, elle a fait preuve d'une détermination remarquable en postulant pour la Marine, réussissant non seulement à intégrer cette institution mais également à gravir les échelons jusqu'à devenir vice-présidente de l'école des mousses. Sa participation au défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées à deux reprises est un témoignage de son succès.
Comme quoi, quand on veut profondément quelque chose, il faut croire en soi et en ses rêves et se battre pour atteindre son objectif peu importe le chemin.
Aurore : Au sein de KPMG, l'exemple le plus marquant pour moi est celui de mon associée, qui incarne un idéal particulièrement inspirant. Elle se distingue en étant la seule femme associée au sein du département corporate finance, une position à laquelle elle a accédé il y a trois ans. Travailler au quotidien avec elle offre une perspective précieuse sur ce que signifie être une femme à un poste de leadership dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes. Sa réussite et son parcours au sein de KPMG servent de modèle pour la représentation féminine en tant qu’associée illustrant les possibilités de progression professionnelle pour les femmes dans l'entreprise et soulignant l'importance de la diversité en leadership dans notre secteur.
Autre exemple, dans l'univers de l'entrepreneuriat, Justine Hutteau se démarque comme une source d'inspiration remarquable pour moi. Fondatrice de la marque "Respire", elle a, avant même d'atteindre la trentaine, réussi à s'imposer dans le paysage entrepreneurial grâce à sa stratégie de communication efficace à travers sa présence active sur les réseaux sociaux. Son approche dans le développement de sa marque est, à mon sens, extrêmement judicieuse, ce qui a permis à "Respire" de se faire une place de choix dans de nombreux magasins en France.
Elle n’a pas attendu d'avoir des expériences pour mener à bien son projet entrepreneurial, son parcours et le développement de son entreprise est particulièrement inspirant.
KPMG affiche un score de 86/100 à l'Index de l'égalité professionnelle. En 2023, les chiffres "Rixain" pour KPMG SA ont montré des avancées notables : le pourcentage de femmes cadres dirigeantes a augmenté de 12,4% à 29,6%, et celui des femmes dans les instances dirigeantes est passé de 23,8% à 32,5%
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