Découvrez l'interview exclusive de Sébastien Legoff, Directeur général chez Delubac Asset Management
1. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Sébastien Legoff, Directeur général et gérant de portefeuille chez Delubac Asset Management, la filiale de gestion d’actifs de la Banque Delubac & Cie, l’une des dernières banques françaises totalement indépendante.
2. Comment avez-vous découvert les métiers de la gestion d’actifs ?
J’ai découvert les métiers de la gestion d’actifs dès le début de mes études en effectuant l’été des missions de remplacement sur à peu près tous les postes (rapprochement titres, contrôle de valorisation...), au sein d’un établissement teneur de compte et dépositaire d’OPC (Organisme de Placements Collectifs).
3. Quelles formations avez-vous suivi ? Pourquoi avez-vous choisi cette orientation ?
Je suis titulaire d’un Master of Business Administration ainsi que d’un Master 2 en Affaires Internationales. J’ai retenu ce parcours pour sa dimension internationale, le premier m’ayant permis d’étudier en Angleterre et le second, aux Etats-Unis.
4. Pensez-vous que votre parcours a été un atout pour progresser dans la gestion d’actifs ?
Mon parcours académique m’a permis d’acquérir les connaissances pures et théoriques en économie, mathématiques et analyse financière indispensables pour comprendre les mécanismes de la finance et des fluctuations boursières. J’ai également pu développer l’esprit de synthèse et une certaine capacité à prendre de la distance face aux aléas du marché : des qualités nécessaires pour gérer sereinement un portefeuille, en prenant des décisions dans une perspective globale avec une vision long terme et ainsi progresser dans le métier.
La maîtrise de l'anglais acquise lors de mes années passées à Coventry (UK) et à Washington DC, est par ailleurs un prérequis pour exercer ce métier.
5. Pensez-vous qu’il existe un parcours idéal pour se diriger vers les métiers de la gestion d’actifs ?
Après l'obtention d'un bac général économique et social ou scientifique, plusieurs parcours pourront mener vers les métiers de la gestion d’actifs : les grandes écoles de commerce, les grandes écoles d'ingénieurs ou la voie universitaire que j’ai empruntée en s’orientant après une licence vers des masters professionnels ou spécialisés.
6. Pourriez-vous présenter la gestion d’actifs de votre entreprise aux membres de Dogfinance ?
La gestion d’actifs pour compte de tiers consiste à gérer individuellement ou collectivement les avoirs financiers d’un client (particulier ou un investisseur institutionnel), elle consiste à optimiser le couple rendement/risque d’un portefeuille dans la limite des contraintes définies dans le mandat de gestion (gestion individuelle) ou le prospectus de l’OPC (gestion collective).
7. Pourriez-vous m'expliquer votre métier au quotidien au sein de votre entreprise ? Les missions, challenges, votre environnement de travail ?
Mon métier de gérant de portefeuille consiste à (di)gérer quotidiennement l'information (recherches financières et économiques, géopolitique, etc.), à analyser des instruments financiers, à construire, gérer et suivre au quotidien les portefeuilles gérés, et bien sûr à établir des reportings réguliers sur l'évolution des portefeuilles afin de présenter au client ou porteur les résultats des stratégies suivies.
Il convient de faire preuve d'une grande résistance au stress et d’avoir une capacité de réaction et d'adaptabilité forte dans un environnement de travail de plus en plus encadré en interne par les équipes de gestion des risques et de la conformité, conformément aux nouvelles réglementations et aux règles d’éthique des sociétés de gestion de portefeuille.
8. Quelles sont les opportunités présentes dans les métiers de la gestion d’actifs ?
La gestion d’actifs offre des opportunités dans divers métiers qui s’articulent autour de trois grands types : le front, le middle et le back office. Les fonctions de marketing-communication viennent compléter ce triptyque. Ces quatre grands métiers sont appuyés par des fonctions support telles que la conformité, le juridique, la gestion des données... Enfin, à l’instar de toute entreprise, la société de gestion d’actifs repose sur une direction et des services généraux.
9. Quels conseils donneriez-vous à un étudiant souhaitant intégrer votre entreprise dans ce secteur ?
Faire preuve de patience ! il est nécessaire de respecter le cycle de formation interne allant du poste d’analyse financière à celui d’assistant(e) de gestion pour atteindre celui de gérant(e) d’actifs. Un parcours qui pourrait être compléter en intégrant le Programme Asset Management (PRAM) de l’AFG (Association Française de la Gestion financière), notre association professionnelle qui propose une formation couvrant l’ensemble des activités liées à la gestion pour compte de tiers, à savoir l’économie du métier, la gestion financière, la commercialisation, l’administration de fonds, le post- marché, les risques et les contrôles...
10. Peut-on dire que les métiers de la gestion d’actifs sont des métiers d’avenir ?
Avec les crises successives, la règlementation en perpétuelle évolution et le coût de son implémentation, sans oublier la digitalisation, phénomène amplifié par la crise du Covid-19, le secteur est en pleine mutation. Néanmoins, de nouvelles opportunités s’offrent à nous sur des tendances liées au développement de l’ISR (Investissement Socialement Responsable) et la prise en compte de critères ESG (Environnement Social Gouvernance), ainsi que des thématiques d’investissement liées à la transition énergétique et au climat.
11. À quels changements pensez-vous que ce secteur sera confronté ?
Après de nombreux changements tels que l’accroissement de la concurrence (il n’existe pas moins de 660 sociétés de gestion de portefeuille agréées en France par l’Autorité des Marchés Financiers), le poids et le coût croissant des contraintes réglementaires ou encore la baisse des frais de gestion, le secteur est confronté au défi de la digitalisation : les technologies telles que le Big Data, les Robo- Advisors, les Machine Learning, la Blockchain, le Cloud, etc. sont des outils qui permettent d'optimiser la gestion et la distribution des produits financiers, de dématérialiser les opérations, de fluidifier la gestion des questionnaires de connaissance client ou KYC (Know Your Customer), de sécuriser données et transactions, de réduire les coûts, etc.
12. Le COVID-19 a-t-il beaucoup impacté ce secteur ?
Opérationnellement parlant, non : en application de l’obligation réglementaire d’établir un PUPA (Plan d'Urgence et de Poursuite des Activités), l’ensemble des acteurs du secteur teste régulièrement sa capacité de fonctionner en cas de divers scenarii de crise : catastrophe naturelle, force majeure ou ... de pandémie !
13. Un dernier mot pour la fin ?
Ne pas hésiter à postuler au sein d’une société de gestion française même si l’on souhaite faire carrière dans la gestion d'actifs à l'international car pour une majorité d’entre elles, leur développement, tout comme celui de Delubac Asset Management, s’effectue aujourd’hui à l’international. Avec plus de 4 000 milliards d’euros sous gestion en France à fin 2019, la gestion française tient la 1ère place européenne continentale pour la gestion financière (fonds et mandats) (source AFG).
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