Découvrez l'interview exclusive de Adam Mesbahi, Forensic Investigations & Litigations Service chez Mazars
1. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots (votre métier, votre parcours) ?
Après un Master Msc. In Management à l’ESSEC, j’ai rejoint Mazars en 2017 dans le cadre d’un Talent Graduate Program (TGP).
Entre Audit Financier, Transaction Services, Forensic et 6 mois passés à New York, le TGP Mazars m'a permis de constituer un véritable parcours à la carte offrant une visibilité sur la diversité des lignes de métiers.
C’était une réelle opportunité pour moi dans la mesure où ça m’a permis de faire un choix de carrière réfléchi, de monter rapidement en compétences et également de me challenger d’une manière continue.
Aujourd’hui, je suis manager au sein du département Forensic – Litiges et fraudes – au sein duquel nous accompagnons nos clients dans la prévention, l’identification et la documentation des fraudes à travers des outils d’investigation et nous les assistons également en tant qu’experts financiers dans l’évaluation de préjudices et dommages consécutifs aux manœuvres frauduleuses ou dans le cadre de procédures arbitrales et judiciaires.
2. Un master en finance est-il indispensable pour travailler dans un grand groupe d’audit ?
Non ! Avoir un master en finance n’est pas du tout un prérequis pour travailler dans un groupe d’audit. Cela se manifeste notamment par le nombre de personnes qui rejoignent le cabinet tous les ans avec un diplôme d’ingénieur.
Ce n’est pas également indispensable dans la mesure où dès les premières semaines chez Mazars, on assiste à une série de formations qui ont pour vocation de mettre à niveau l’ensemble des collaborateurs sur les différentes lignes de métiers.
Je pense qu’avoir une formation audit/finance peut nous faciliter la compréhension des schémas comptables auxquels on peut être confrontés en première année, mais le plus grand apprentissage vient au cours des missions.
3. Comment se passe la formation sur les premières semaines chez Mazars sachant que vous ne venez pas d’un master en audit, peut-on parler de troisième cycle de formation ?
On peut clairement parler de 3ème cycle de formation au sein de Mazars. En effet, dès notre arrivée au sein du cabinet (la rentrée étant faite soit en septembre soit en décembre), Mazars nous propose un premier séminaire d’intégration visant à présenter le cabinet, les différentes spécificités des métiers mais également à créer un esprit de promotion entre les différents jeunes diplômés qui nous rejoignent.
Par la suite, nous avons 3 à 4 semaines de formation qui servent à introduire les différents mécanismes comptables et financiers, les cycles d’audit et également les outils technologiques que nous serons amenés à utiliser dans le cadre de nos travaux par la suite.
Ces formations sont généralement inspirées de cas pratiques et permettent aux jeunes diplômés de mieux se projeter dans le cadre des missions sur lesquelles ils pourront intervenir après.
4. Le métier de l’audit, un tremplin vers quel métier ?
Il est quasi acquis que la plupart des jeunes diplômés qui rejoignent les cabinets d’audit utilisent généralement cette plateforme comme tremplin vers le monde de l’entreprise.
En effet, le métier d’audit confère aux auditeurs une vision assez large du fonctionnement de l’entreprise mais également il leur permet de découvrir les différentes particularités de chacun des secteurs et des métiers. Cela permet de créer des profils assez polyvalents mais à la fois rigoureux que les entreprises cherchent de plus en plus pour leur services internes en comptabilité ou finance.
Dans la plupart des cas, les « anciens » auditeurs se tournent principalement vers les directions financières des entreprises, l’audit interne ou la direction risques et conformité.
L’audit financier peut également servir de tremplin vers des métiers de Financial Advisory, d’IT ou conseil RSE. Cela se manifeste notamment par les différents parcours hybrides au sein de Mazars qui viennent changer la vision classique de l’auditeur financier.
Enfin, il arrive que certains d’entre eux se tournent vers l’entrepreneuriat et lancent leur entreprise, forts de cette large vision du marché et des compétences financières, managériales et business development qu’ils ont développées pendant leur début de carrière en Audit.
5. Comment l’audit vous sert aujourd’hui dans votre métier ?
J’ai pu faire de l’audit financier pendant deux saisons avant de rejoindre le département Forensic chez Mazars.
Je considère que mon expérience en audit financier constitue un élément crucial aujourd’hui dans la compréhension des différents mécanismes et schémas comptables auxquels je peux être confronté. En effet, dans le cadre de mon métier actuel, nous sommes très souvent amenés à investiguer des cas de fraudes qui comportent des schémas comptables assez complexes et qui nécessitent des connaissances et des réflexes que j’ai pu développer lors de mes missions d’audit financier.
De plus, je considère que l’audit m’a permis de développer plus de rigueur et d’organisation quand il s’agit de gérer et de prioriser les tâches à faire.
6. Quelles sont les spécificités de l’audit financier au sein de votre entreprise ?
Mazars se distingue des autres cabinets d’audit financier par la non-sectorisation (pas de spécialisation par secteur) de ces collaborateurs pendant les 3 premières années.
En effet, quand on rejoint Mazars on peut être amené à intervenir sur différents dossiers appartenant à différents secteurs d’activité. J’ai eu l’opportunité ainsi de travailler auprès de clients en industrie, en services et en banque.
Ce n’est qu’à partir des années de Senior qu’on est amené à choisir son secteur.
7. Quelle est la différence entre l’audit interne et l’audit externe ?
L’audit interne, comme son nom l’indique, est un processus indépendant qui est conduit par une entreprise pour émettre une assurance sur son propre niveau de maitrise des risques et des processus opérationnels et de support.
Les auditeur internes sont ainsi amenés à effectuer des contrôles sur les procédures mises en place par l’entreprise au sein des différentes filiales et branches d’activité. À partir des constats formulés, l’audit interne recommande des plans d’actions pour améliorer les processus et la maitrise des risques.
L’audit externe constitue avant tout une mission légale qui permet d’émettre une opinion sur les états financiers présentés par l’entreprise à travers un examen indépendant et formel.
Un auditeur externe travaille généralement dans un organisme indépendant qui est mandaté par l’entreprise pour effectuer la certification de ses comptes.
8. Un cabinet d’audit aux États-Unis vs un cabinet d’audit en France ?
Le métier d’auditeur ne connait pas de changement fondamental qu’il soit exercé en France ou aux Etats-Unis dans la mesure où la mission de certification des comptes reste la même.
La plus grande différence reste au niveau des référentiels comptables qui sont propres à chaque pays.
9. Comment voyez-vous le métier d’auditeur dans 10 ans ?
Sous l’effet des différentes mutations que connait la profession d’audit aujourd’hui : ruptures technologiques et évolutions réglementaires, le métier d’auditeur financier est déjà en pleine transformation.
Dans 10 ans, le mot clé sera la double compétence. On assistera à un métier d’auditeur hybride qui sait maitriser d’une part la science des systèmes d’information et qui sait d’autre part analyser, interpréter et certifier les données issues de ces nouvelles technologies.
Loin de disparaitre, je vois plus un métier d’auditeur qui sera enrichi et revalorisé par les nouvelles technologies. Ainsi, au-delà de la formulation d’une opinion sur les états financiers, l’auditeur mènera un travail plus qualitatif susceptible d’éclairer le client sur son cœur de métier et sur d’autres aspects extra-financiers, notamment les problématiques RSE.
10. Quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui souhaite se diriger vers ce secteur ?
Je pense que toute personne qui veut rejoindre le secteur de l’audit financier doit veiller à avoir et développer les compétences suivantes :
- Capacité d’adaptation : aux différentes missions, aux différentes équipes et également aux clients
- Curiosité : ne pas hésiter à poser des questions, à s’intéresser aux différents secteurs sur lesquels la personne pourra intervenir
- Relationnel : au sein des équipes et avec le client ; disposer d’un bon relationnel est un élément primordial dans nos métiers où on est en contact permanent avec le client et les différentes équipes dans lesquelles on intervient. ;
- Rigueur et organisation
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