Découvrez l'interview exclusive de David Dagane, Analyste Quantitatif chez Mazars
1. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots (votre métier, votre parcours) ?
Je m’appelle David Dagane. Après un double-diplôme entre CentraleSupélec / ESCP Europe, je me suis spécialisé en mathématiques appliquées en dernière année de master. J’ai toujours été intéressé par les mathématiques et leurs applications plus concrètes : c’est pourquoi je me suis naturellement dirigé vers la finance.
J’ai eu une première expérience à Londres en banque d’investissement en structuration sur les produits de taux et crédit avant de rejoindre Mazars en 2016 en tant qu’analyste quantitatif junior. J’ai décidé de rejoindre Mazars pour leur expertise technique mais aussi pour l’aspect relationnel très présent dans le conseil.
Je suis aujourd’hui manager au sein du pôle d’ingénierie financière de Mazars. J’interviens pour accompagner nos clients sur des sujets quantitatifs très variés : la modélisation et la valorisation d’instruments financiers, l’implémentation et la revue de modèles de risque de marché et de crédit ainsi que des sujets R&D en interne.
Nos travaux permettent aux établissements financiers d’avoir une représentation claire de leur environnement et des risques associés et contribuent à améliorer la robustesse du système financier.
A travers ces différentes expériences, j’ai pu acquérir une vision globale et transverse des différents métiers et problématiques de la finance quantitative en banque d’investissement.
2. Pourriez-vous présenter Mazars aux membres de Dogfinance ?
Mazars est un groupe international spécialisé dans l'audit, le conseil, ainsi que dans les services comptables et juridiques (dans les pays où les lois en vigueur l’autorisent).
Mazars est présent dans plus de 90 pays et territoires à travers le monde. Nous nous appuyons sur l’expertise de plus de 42 000 professionnels – plus de 26 000 au sein de notre partnership intégré et plus de 16 000 via Mazars North America Alliance » - pour accompagner les clients de toutes tailles à chaque étape de leur développement.
Au sein de cette organisation, le pôle d’ingénierie financière est constitué d’une trentaine d’analystes quantitatifs.
Nous intervenons chez différents clients, principalement les grands acteurs bancaires français, sur de nombreux sujets : implémentation et validation de modèles de valorisation d’instruments financiers vanilles et structurés, conception et revue des modèles de mesure de risque de marché, de crédit et de contrepartie (VaR, ES, Stress Test, etc.) et accompagnement dans la mise en place de différents sujets réglementaires et prudentiels (FRTB, Bâle IV, IFRS 9).
3. Quelles sont les compétences nécessaires pour être Ingénieur Financier ?
Le métier d’ingénieur financier ou analyste quantitatif requiert en premier lieu de solides bases techniques (mathématiques financières, modèles de valorisation et de risques, programmation). La plupart de nos collaborateurs sont issus d’écoles d’ingénieurs et ont suivi une spécialisation en finance quantitative.
Outre l’aspect technique, un analyste quantitatif doit se montrer curieux et force de proposition. Il est amené à résoudre des problèmes de modélisation et doit donc se montrer innovant et proactif dans la recherche de solutions. Un analyste quantitatif doit également se former continuellement aux meilleures pratiques de marché et aux évolutions de modélisation.
Enfin, l’analyste quantitatif est fréquemment amené à échanger avec de nombreux interlocuteurs (trading, direction des risques, auditeurs, régulateurs) qui ne possèdent pas systématiquement le même bagage technique. L’aspect de communication et la capacité à vulgariser est alors prépondérantafin de partager des idées et des résultats.
4. Pourriez-vous m'expliquer votre métier au quotidien ? Les missions, challenges, votre environnement de travail ?
Le métier d'analyste quantitatif est pluriel. Les missions varient d’un client à l’autre et d’une équipe à l’autre, c’est ce qui le rend si attractif et enrichissant.
Au quotidien, je suis amené à travailler tant sur des aspects techniques de modélisation qu’à développer des outils tactiques pour évaluer des impacts ou encore faire de la gestion de projets. Par ailleurs, en tant que manager, je travaille également sur des aspects de développement commercial et de relation client.
Sur la plupart de nos missions, nous travaillons en qualité de consultant chez nos clients chez qui nous nous déplaçons. Nous intervenons généralement en équipe : un consultant junior accompagné par un consultant plus sénior pour la formation, l’encadrement et le management. Il arrive également que nous soyons sollicités sur des missions en support de l’audit en tant qu’expert quantitatif.
Le milieu du conseil et de l’analyse quantitative est très stimulant. En plus des sujets techniques sur lesquels j’apprends constamment, j’ai très rapidement été confronté à des problématiques de management d’équipe et de développement stratégique. De manière générale, on m’a confié des responsabilités et de l’autonomie dès mon arrivée au sein de l’équipe et proposé des évolutions de carrière intéressantes.
5. Quelle est l’importance de l’ingénierie financière au sein de l’écosystème financier ?
L’ingénierie financière fait partie intégrante des banques d’investissement et d’autres établissements financiers (asset managers, fintechs, fonds d’investissement).
Elle constitue un rouage essentiel au bon fonctionnement de cet écosystème et permet non seulement de modéliser le comportement des marchés financiers mais également de cadrer ces mêmes marchés par le biais des différentes réglementations en vigueur.
Je vois l’ingénieur financier comme un expert qui est capable d’utiliser les bons outils à bon escient, les comprendre et en façonner de nouveaux pour répondre à des besoins des acteurs de ces marchés.
6. Quelles sont les spécificités de l’ingénierie financière au sein de Mazars ?
L’équipe d’ingénierie financière de Mazars est constituée d’une trentaine de collaborateurs. Il s’agit d’une équipe jeune, dynamique et à taille humaine où la collaboration et l’échange sont omniprésents.
Nous nous positionnons comme des experts techniques sur le marché de la finance quantitative et nous intéressons particulièrement aux problématiques de R&D et d’innovation. Nous implémentons des outils en interne pour répondre aux problématiques de nos clients et publions régulièrement des articles en relation avec des sujets d’actualité. Nous nous sommes par exemple intéressés récemment aux enjeux des stress-test climatiques ou à l’application de la data science à la finance quantitative.
Par ailleurs, nous connaissons un fort développement que ce soit dans le bureau de Paris avec des objectifs ambitieux de croissance ou à l’international avec plusieurs équipes qui se créent ou grandissent en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.
7. Comment la Data Science intervient au sein de l’ingénierie financière ?
Les applications de la data science à l’ingénierie financière sont nombreuses: détection de fraudes, anomalies dans des données de marché, prédiction de stratégies quantitatives, valorisation et couverture de dérivés financiers à l’aide du deep learning, etc.
En tant qu’analystes quantitatifs, nous ne voyons pas la data science comme une fin en soi mais comme une manière de gagner en efficacité et élargir l’univers des possibles. De plus, nous effectuons continuellement une veille des applications de la data science à la finance quantitative qui nous permet de proposer des cas d’usage chez nos clients, de suivre les sujets d’actualité via la R&D ou encore d’utiliser des algorithmes de data science ou outils de data visualisation dans certains projets.
Nous constatons néanmoins que les banques et nos clients restent prudents vis-à-vis de certaines approches de type « black box ». Il y a donc, à mon sens, de nombreux débouchés et applications qui ne sont qu’à leur phase exploratoire. Les banques vont continuer à s’intéresser aux applications de la data science et plus généralement aux nouvelles technologies dans les prochaines années.
8. Comment voyez-vous le métier d’ingénieur financier dans 10 ans ?
Sous l’effet des ruptures technologiques et des évolutions réglementaires, le métier d’analyste quantitatif a déjà commencé à évoluer.
Je pense que, dans 10 ans, un analyste quantitatif devra faire preuve de polyvalence. Il devra posséder un bagage technique et scientifique suffisamment large (mathématiques financières, data science, programmation) pour comprendre les différents enjeux de modélisation mais également être capable de maîtriser les différents systèmes d’information et nouveaux outils qui lui seront offerts.
Le métier d’analyste quantitatif a de beaux jours devant lui entre les progrès techniques (développement de l’informatique quantique, augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs, disponibilité et volumétrie des données), les nombreuses applications et le besoin d’accompagnement des banques dans la mise en place des textes réglementaires.
9. Quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui souhaite se diriger vers ce secteur ?
Je pense que toute personne qui souhaite se diriger vers le secteur de l’ingénierie financière en cabinet de conseil doit veiller à avoir et développer les compétences suivantes :
- Compétences techniques : le socle technique que tout analyste quantitatif doit posséder pour être performant incluant les mathématiques appliquées (probabilités, statistiques), les mathématiques financières (calcul stochastique, méthodes numériques), les applications en finance quantitative (modélisation, instruments financiers, mesures de risque) et la programmation. Il ne faut pas hésiter également à se former via les ressources disponibles sur différentes plateformes de type MOOC.
- Compréhension des différents métiers : l’échange avec des professionnels du secteur ou des alumni est un prérequis dans la mesure où il existe plusieurs types d’analystes quantitatifs qui traitent de sujets relativement différents.
- Capacité d’adaptation : les missions et les clients sont nombreux et il est primordial d’apprécier découvrir de nouveaux sujets et d’être challengé quotidiennement.
- Curiosité et proactivité: ne pas hésiter à poser des questions et à être force de proposition dans la résolution des problèmes.
- Relationnel : au sein des équipes et avec le client ; les échanges sont omniprésents et il est bon d’adopter une attitude professionnelle en toute circonstance.
- Rigueur et organisation : nous sommes amenés à intervenir en parallèle sur plusieurs sujets et il est important de prioriser nos travaux selon les échéances.
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